[9] Οὐ μὴν ἀλλ´ ἔστω καὶ δοκείτω διατρεπτικὸς
εἶναι λόγος πρὸς τὸν ἀρχόμενον ἐν πολιαῖς νεανιεύεσθαι
λεγόμενος καὶ καθαπτόμενος ἐκ μακρᾶς
οἰκουρίας ὥσπερ νοσηλείας ἐξανισταμένου καὶ
κινουμένου γέροντος ἐπὶ στρατηγίαν ἢ πραγματείαν,
"μέν´, ὦ ταλαίπωρ´, ἀτρέμα σοῖς ἐν δεμνίοις·"
ὁ δὲ τὸν ἐμβεβιωκότα πολιτικαῖς πράξεσι καὶ διηγωνισμένον
οὐκ ἐῶν ἐπὶ τὴν δᾷδα καὶ τὴν κορωνίδα
τοῦ βίου προελθεῖν, ἀλλ´ ἀνακαλούμενος καὶ
κελεύων ὥσπερ ἐξ ὁδοῦ μακρᾶς μεταβαλέσθαι,
παντάπασιν ἀγνώμων καὶ μηδὲν ἐκείνῳ προσεοικώς
ἐστιν. ὥσπερ γὰρ ὁ γαμεῖν παρασκευαζόμενον
γέροντ´ ἐστεφανωμένον καὶ μυριζόμενον
ἀποτρέπων καὶ λέγων τὰ πρὸς τὸν Φιλοκτήτην
"τίς δ´ ἄν σε νύμφη, τίς δὲ παρθένος νέα
δέξαιτ´ ἄν;" εὖ γοῦν ὡς γαμεῖν ἔχεις τάλας
οὐκ ἄτοπός ἐστι· καὶ γὰρ αὐτοὶ πολλὰ τοιαῦτα
παίζουσιν εἰς ἑαυτούς
"γαμῶ γέρων, εὖ οἶδα, καὶ τοῖς γείτοσιν·"
ὁ δὲ τὸν πάλαι συνοικοῦντα καὶ συμβιοῦντα πολὺν
χρόνον ἀμέμπτως οἰόμενος δεῖν ἀφεῖναι διὰ τὸ
γῆρας τὴν γυναῖκα καὶ ζῆν καθ´ ἑαυτὸν ἢ παλλακίδιον
ἀντὶ τῆς γαμετῆς ἐπισπάσασθαι, σκαιότητος
ὑπερβολὴν οὐκ ἀπολέλοιπεν· οὕτως ἔχει τινὰ λόγον
τὸ προσιόντα δήμῳ πρεσβύτην, ἢ Χλίδωνα τὸν
γεωργὸν ἢ Λάμπωνα τὸν ναύκληρον ἤ τινα τῶν ἐκ
τοῦ κήπου φιλοσόφων, νουθετῆσαι καὶ κατασχεῖν
ἐπὶ τῆς συνήθους ἀπραγμοσύνης· ὁ δὲ Φωκίωνος
ἢ Κάτωνος ἢ Περικλέους ἐπιλαβόμενος καὶ λέγων
"ὦ ξέν´ Ἀθηναῖε ἢ Ῥωμαῖε,
ἀζαλέῳ γήρᾳ κρᾶτ´ ἀνθίζων κήδει,"
γραψάμενος ἀπόλειψιν τῇ πολιτείᾳ καὶ τὰς περὶ
τὸ βῆμα καὶ τὸ στρατήγιον ἀφεὶς διατριβὰς καὶ
τὰς φροντίδας εἰς ἀγρὸν ἐπείγου σὺν ἀμφιπόλῳ
τῇ γεωργίᾳ συνεσόμενος ἢ πρὸς οἰκονομίᾳ τινὶ καὶ
λογισμοῖς διαθησόμενος τὸν λοιπὸν χρόνον," ἄδικα
πείθει καὶ ἀχάριστα πράττειν τὸν πολιτικόν.
| [9] Toutefois, je ne trouverai pas mauvais que de telles paroles
détournent, ou paraissent détourner des affaires publiques
celui qui voudra y faire son noviciat en cheveux blancs;
qui voudra, sortant de l'administration de son ménage
comme on sortirait d'une longue maladie, se lever et se
mettre en mouvement sur la fin de sa vie pour commander
une armée ou diriger l'État.
"Reste donc, malheureux, et de ton lit ne bouge".
Mais si, adressées à un homme qui a vécu et lutté dans les
débats publics, ces mêmes paroles veulent lui interdire
jusqu'à la torche suprême et l'empêcher d'atteindre la fin
de la pièce, en le rappelant et le faisant revenir sur ses pas
comme après une longue course, ce sera un langage entièrement
dénué de sens et qui ne ressemblera point à celui que
je prétends tenir.
De même que si un vieillard, se disposant à prendre
femme, se couronne de fleurs, s'inonde de parfums, rien
n'est mieux que de le dissuader, que de lui dire, comme à Philoctète :
"Qui de toi voudrait donc, ou fille ou fiancée?
Te marier, pauvre homme! Oh la folle pensée!"
et un tel langage n'a rien d'inconvenant, puisque des vieillards
eux-mêmes, en pareil cas, plaisantent sur leur propre compte :
"Oui, c'est pour ses voisins, je le sais sur mon âme,
Tout autant que pour soi qu'un vieux barbon prend femme;"
tandis que si avec une compagne âgée comme lui un homme
mène depuis longtemps une existence irréprochable, ceux
qui décideraient qu'en raison de leur commune vieillesse il
doit s'éloigner d'elle, faire ménage à part, ou bien préférer
une maîtresse à cette compagne légitime, ceux-là pousseraient
l'inconvenance à ses dernières limites; de même il y
a quelque raison, quand le vieillard qui aborde la carrière
des emplois publics est Chlidon le laboureur ou Lampon le
commerçant ou un des disciples d'Épicure, il y a, dis-je,
quelque raison à lui adresser des remontrances et à le retenir
dans son ignorance habituelle des affaires. Mais prendre
à partie un Phocion, un Caton, un Périclès, et lui dire: «Ami,
étranger, Athénien ou Romain, qui vous desséchez dans
une vieillesse désormais stérile, proposez votre démission,
quittez les affaires publiques, la tribune, le commandement
des armées : ce sont là trop d'occupations et de soucis;
retirez-vous bien vite dans un champ pour y cultiver la terre
en compagnie d'une servante, ou bien pour employer le reste
de vos jours à des soins et à des comptes de ménage», ce
serait là donner un conseil dicté par l'injustice, et traiter
outrageusement un homme d'État.
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