HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Si un vieillard doit prendre part au gouvernement

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6] Ὑπομίμνησκε δὲ σεαυτὸν ὧν πολλάκις ἀκήκοας· μὲν γὰρ Ἐπαμεινώνδας ἐρωτηθεὶς τί ἥδιστον αὐτῷ γέγονεν, ἀπεκρίνατο τὸ τοῦ πατρὸς ἔτι ζῶντος καὶ τῆς μητρὸς νικῆσαι τὴν ἐν Λεύκτροις μάχην. δὲ Σύλλας, ὅτε τῶν ἐμφυλίων πολέμων τὴν Ἰταλίαν καθήρας προσέμιξε τῇ Ῥώμῃ πρῶτον, οὐδὲ μικρὸν ἐν τῇ νυκτὶ κατέδαρθεν, ὑπὸ γήθους καὶ χαρᾶς μεγάλης ὥσπερ πνεύματος ἀναφερόμενος τὴν ψυχήν· καὶ ταῦτα περὶ αὑτοῦ γέγραφεν ἐν τοῖς ὑπομνήμασιν. ἄκουσμα μὲν γὰρ ἔστω μηδὲν ἥδιον ἐπαίνου κατὰ τὸν Ξενοφῶντα, θέαμα δὲ καὶ μνημόνευμα καὶ διανόημα τῶν ὄντων οὐδὲν ἔστιν τοσαύτην φέρει χάριν, ὅσην πράξεων ἰδίων ἐν ἀρχαῖς καὶ πολιτείαις ὥσπερ ἐν τόποις λαμπροῖς καὶ δημοσίοις ἀναθεώρησις. οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ χάρις εὐμενὴς συμμαρτυροῦσα τοῖς ἔργοις καὶ συναμιλλώμενος ἔπαινος, εὐνοίας δικαίας ἡγεμών, οἷόν τι φῶς καὶ γάνωμα τῷ χαίροντι τῆς ἀρετῆς προστίθησι· καὶ δεῖ μὴ περιορᾶν ὥσπερ ἀθλητικὸν στέφανον ἐν γήρᾳ ξηρὰν γενομένην τὴν δόξαν, ἀλλὰ καινὸν ἀεί τι καὶ πρόσφατον ἐπιφέροντα τὴν τῶν παλαιῶν χάριν ἐγείρειν καὶ ποιεῖν ἀμείνω καὶ μόνιμον· ὥσπερ οἱ τεχνῖται, οἷς ἐπέκειτο φροντίζειν σῶον εἶναι τὸ Δηλιακὸν πλοῖον, ἀντὶ τῶν πονούντων ξύλων ἐμβάλλοντες ἄλλα καὶ συμπηγνύντες ἀίδιον ἐκ τῶν τότε χρόνων καὶ ἄφθαρτον ἐδόκουν διαφυλάττειν. ἔστι δὲ καὶ δόξης καὶ φλογὸς οὐ χαλεπὴ σωτηρία καὶ τήρησις ἀλλὰ μικρῶν ὑπεκκαυμάτων δεομένη, κατασβεσθὲν δὲ καὶ ὑποψυχθὲν οὐδέτερον ἄν τις ἀπραγμόνως πάλιν ἐξάψειεν. ὡς δὲ Λάμπις ναύκληρος ἐρωτηθεὶς πῶς ἐκτήσατο τὸν πλοῦτον "οὐ χαλεπῶς" ἔφη "τὸν μέγαν, τὸν δὲ βραχὺν ἐπιπόνως καὶ βραδέωςοὕτω τῆς πολιτικῆς δόξης καὶ δυνάμεως ἐν ἀρχῇ τυχεῖν οὐ ῥᾴδιόν ἐστι, τὸ δὲ συναυξῆσαι καὶ διαφυλάξαι μεγάλην γενομένην ἀπὸ τῶν τυχόντων ἕτοιμον. οὔτε γὰρ φίλος ὅταν γένηται πολλὰς λειτουργίας ἐπιζητεῖ καὶ μεγάλας, ἵνα μένῃ φίλος, μικροῖς δὲ σημείοις τὸ ἐνδελεχὲς ἀεὶ διαφυλάττει τὴν εὔνοιαν· τε δήμου φιλία καὶ πίστις οὐκ ἀεὶ δεομένη χορηγοῦντος οὐδὲ προδικοῦντος οὐδ´ ἄρχοντος αὐτῇ τῇ προθυμίᾳ συνέχεται καὶ τῷ μὴ προαπολείποντι μηδ´ ἀπαγορεύοντι τῆς ἐπιμελείας καὶ φροντίδος. οὐδὲ γὰρ αἱ στρατεῖαι παρατάξεις ἀεὶ καὶ μάχας καὶ πολιορκίας ἔχουσιν, ἀλλὰ καὶ θυσίας ἔστιν ὅτε καὶ συνουσίας διὰ μέσου καὶ σχολὴν ἄφθονον ἐν παιδιαῖς καὶ φλυαρίαις δέχονται. πόθεν γε δὴ τὴν πολιτείαν φοβητέον, ὡς ἀπαραμύθητον καὶ πολύπονον καὶ βαρεῖαν, ὅπου καὶ θέατρα καὶ πομπαὶ καὶ νεμήσεις καὶ "χοροὶ καὶ Μοῖσα καὶ Ἀγλαΐα" καὶ θεοῦ τινος ἀεὶ τιμὴ τὰς ὀφρῦς λύουσα παντὸς ἀρχείου καὶ συνεδρίου πολλαπλάσιον τὸ ἐπιτερπὲς καὶ κεχαρισμένον ἀποδίδωσιν; [6] Rappelez à votre mémoire ce que souvent vous avez entendu dire. On demandait à Epaminondas quelle chose lui avait été la plus agréable : il répondit : «C'est d'avoir encore eu vivants mon père et ma mère quand j'ai remporté la victoire de Leuctres.» Lorsque Sylla, après avoir purgé l'Italie des guerres civiles, fut rentré dans les murs de Rome pour la première fois, de toute la nuit il ne dormit pas un seul instant. Sa joie et son allégresse excessive était comme un vent qui emportait son âme; et il a consigné ce détail dans ses mémoires. Qu'il n'y ait pas de musique plus délicieuse que l'éloge, au dire de Xénophon, soit; mais de tous les spectacles, de tous les souvenirs, de tout ce qu'on peut s'imaginer, rien n'est plus délicieux que de contempler les grandes choses que sur le brillant théâtre des magistratures et des charges civiles on a eu le bonheur d'accomplir. De plus, la reconnaissance empressée qui rend hommage à ces actes, les éloges à l'envi prodigués comme un prélude d'équitable bienveillance, augmentent encore pour l'homme vertueux l'éclat et le prix d'une telle félicité. Il ne faut pas penser qu'il en soit de la gloire comme d'une couronne d'athlète. Elle ne se dessèche pas avec la vieillesse: c'est un laurier toujours jeune, toujours frais, si l'on sait réveiller le mérite de ses anciens actes et le rendre plus vif et constamment durable. Ainsi les ouvriers à qui était départi le soin de maintenir en bon état le vaisseau destiné à Delos, substituaient aux bois fatigués d'autres charpentes qu'ils ajustaient; et il semblait que depuis les temps primitifs le navire fût demeuré éternel et impérissable. La gloire, comme une flamme, n'est pas difficile à conserver et à entretenir : elle n'a besoin que de peu d'aliments pour brûler : mais que l'une et l'autre s'éteignent, que l'on souffle dessus, ce ne sera pas sans beaucoup d'efforts que de nouveau vous les ranimerez. On demandait à Lampis, l'armateur, comment il avait gagné ses richesses : «Je n'ai pas eu de mal, répondit-il, pour acquérir les grandes; ce sont les petites qui m'ont demandé de la peine et du temps.» De même, la gloire et l'influence politique ne sont pas aisées à conquérir tout d'abord; mais les agrandir et les conserver lorsqu'elles ont pris de grandes proportions, c'est ce que rendent facile les premières circonstances venues. Quand nous nous sommes fait un ami, il n'est pas nécessaire de lui rendre d'importants et nombreux services pour rester en possession de son amitié : les plus légères démonstrations suffisent par leur assiduité pour nous la garantir. De même, l'amour et la confiance d'un peuple n'exigent pas constamment que l'on donne des jeux, que l'on poursuive en justice la défense de tous les citoyens, qu'on déploie des actes de pouvoir. Le dévouement dont on est animé suffit pour s'assurer les coeurs, quand on ne se laisse aller ni à des défaillances ni au découragement dans son zèle et sa sollicitude. La guerre ne se compose pas seulement de manoeuvres, de combats, de siéges : quelquefois elle admet, comme intermèdes, des sacrifices, des trêves, un repos complet où l'on se livre à des jeux et à des badinages. Pourquoi donc faudrait-il redouter la vie politique, comme vouée d'une manière inexorable à des travaux multipliés et accablants? N'y a-t-il pas les théâtres, les cérémonies publiques, les distributions, les choeurs? N'y a-t-il pas les chants, auxquels président et les Muses et les Grâces ? N'y a-t-il pas toujours des hommages rendus à quelque Dieu? C'est plus qu'il n'en faut pour dérider tous les fronts dans les conseils et sur les siéges des juges ; et c'est là une source abondante de plaisirs et d'agréments.


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Dernière mise à jour : 31/05/2005