HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Si un vieillard doit prendre part au gouvernement

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Καὶ γὰρ εἰ ζητεῖ πάντως φύσις τὸ ἡδὺ καὶ τὸ χαίρειν, τὸ μὲν σῶμα τῶν γερόντων ἀπείρηκε πρὸς πάσας, πλὴν ὀλίγων τῶν ἀναγκαίων, τὰς ἡδονάς, καὶ οὐχ " Ἀφροδίτη τοῖς γέρουσιν ἄχθεται" μόνον, ὡς Εὐριπίδης φησίν, ἀλλὰ καὶ τὰς περὶ πόσιν καὶ βρῶσιν ἐπιθυμίας ἀπημβλυμμένας τὰ πολλὰ καὶ νωδὰς κατέχοντες μόλις οἷον ἐπιθήγουσι καὶ χαράττουσιν· ἐν δὲ τῇ ψυχῇ παρασκευαστέον ἡδονὰς οὐκ ἀγεννεῖς οὐδ´ ἀνελευθέρους, ὡς Σιμωνίδης ἔλεγε πρὸς τοὺς ἐγκαλοῦντας αὐτῷ φιλαργυρίαν, ὅτι τῶν ἄλλων ἀπεστερημένος διὰ τὸ γῆρας ἡδονῶν ὑπὸ μιᾶς ἔτι γηροβοσκεῖται τῆς ἀπὸ τοῦ κερδαίνειν. ἀλλ´ πολιτεία καλλίστας μὲν ἡδονὰς ἔχει καὶ μεγίστας, αἷς καὶ τοὺς θεοὺς εἰκός ἐστιν μόναις μάλιστα χαίρειν· αὗται δ´ εἰσίν, ἃς τὸ εὖ ποιεῖν καὶ καλόν τι πράττειν ἀναδίδωσιν. εἰ γὰρ Νικίας ζῳγράφος οὕτως ἔχαιρε τοῖς τῆς τέχνης ἔργοις, ὥστε τοὺς οἰκέτας ἐρωτᾶν πολλάκις, εἰ λέλουται καὶ ἠρίστηκεν· Ἀρχιμήδην δὲ τῇ σανίδι προσκείμενον ἀποσπῶντες βίᾳ καὶ ἀποδύοντες ἤλειφον οἱ θεράποντες, δ´ ἐπὶ τοῦ σώματος ἀληλιμμένου διέγραφε τὰ σχήματα· Κάνος δ´ αὐλητής, ὃν καὶ σὺ γιγνώσκεις, ἔλεγεν ἀγνοεῖν τοὺς ἀνθρώπους, ὅσῳ μᾶλλον αὑτὸν αὐλῶν ἑτέρους εὐφραίνει· λαμβάνειν γὰρ ἂν μισθὸν οὐ διδόναι τοὺς ἀκούειν ἐθέλοντας· ἆρ´ οὐκ ἐπινοοῦμεν, ἡλίκας ἡδονὰς αἱ ἀρεταὶ τοῖς χρωμένοις ἀπὸ τῶν καλῶν πράξεων καὶ τῶν κοινωνικῶν ἔργων καὶ φιλανθρώπων παρασκευάζουσιν, οὐ κνῶσαι οὐδὲ θρύπτουσαι, ὥσπερ αἱ εἰς σάρκα λεῖαι καὶ προσηνεῖς γινόμεναι κινήσεις; ἀλλ´ αὗται μὲν οἰστρῶδες καὶ ἀβέβαιον καὶ μεμιγμένον σφυγμῷ τὸ γαργαλίζον ἔχουσιν, αἱ δ´ ἐπὶ τοῖς καλοῖς ἔργοις, οἵων δημιουργὸς πολιτευόμενος ὀρθῶς ἐστιν, οὐ ταῖς Εὐριπίδου χρυσαῖς πτέρυξιν, ἀλλὰ τοῖς Πλατωνικοῖς ἐκείνοις καὶ οὐρανίοις πτεροῖς ὅμοια τὴν ψυχὴν μέγεθος καὶ φρόνημα μετὰ γήθους λαμβάνουσαν ἀναφέρουσιν. [5] C'est qu'en effet, si la nature cherche généralement ce qui est agréable et ce qui réjouit, la constitution des vieillards se refuse à tous les plaisirs, excepté à un petit nombre d'indispensables. Non seulement, comme dit Euripide, "Vénus déteste les vieillards," mais encore chez eux le désir du boire et du manger est à peu près complétement amorti et édenté : à peine touchent-ils aux mets et les entament-ils. C'est donc en son âme qu'il faut se ménager des plaisirs qui n'aient rien de bas et d'indigne d'un homme libre. Ne faisons pas comme Simonide qui, s'entendant reprocher son avarice, répondait: «La vieillesse m'ayant sevré de toutes les autres satisfactions, il ne m'en reste plus qu'une pour alimenter mes vieux jours : c'est d'entasser de l'argent.» La vie politique, au contraire, offre les plaisirs les plus beaux et les plus grands, plaisirs tels que, selon toute vraisemblance, les Dieux eux-mêmes n'en goûtent pas d'autres ou n'en ont pas de plus délicieux: je veux parler de ceux que donnent la bienfaisance et les nobles actions. Si le peintre Nicias était passionné pour les travaux de son art au point de demander souvent à ses domestiques : «Me suis-je baigné? Ai-je pris mon repas?» s'il fallait arracher de force Archimède à la planche sur laquelle il était comme absorbé, s'il fallait que ses serviteurs lui ôtassent ses vêtements pour le frotter d'huile, et s'il traçait des figures de géométrie sur son ventre pendant qu'on le frictionnait; si Canus, le joueur de flûte, que vous connaissez aussi, ô Euphanès, avait coutume de dire: «On ne sait pas jusqu'à quel point j'éprouve plus de plaisir à jouer de la flûte que les autres n'en ont à m'entendre: car on me demanderait de l'argent plutôt que de m'en donner» ; si, dis-je, il en est ainsi, ne concevons-nous pas quels immenses plaisirs procure l'exercice de la vertu à ceux qui se consacrent à de belles actions et au bonheur de leurs semblables? Ces plaisirs n'ont rien de piquant ou d'énervant, comme les sensations douces et voluptueuses qui pénètrent la chair et dont le chatouillement même provoque une sorte de frénésie, de vertige et de délire. Non : le plaisir des belles actions, plaisir dont l'homme d'État vertueux est pour soi le propre créateur, ce plaisir, non pas sur les ailes d'or d'un Euripide, mais sur les ailes toutes célestes de Platon, élève l'âme dans des régions sublimes. Sa grandeur et sa noblesse l'inondent de félicité, et elle se trouve ainsi au-dessus d'elle-même.


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Dernière mise à jour : 31/05/2005