[4] Ἆρ´ οὖν οὐκ αἰσχρόν ἐστι τῶν ἀπὸ σκηνῆς
γερόντων τοὺς ἀπὸ τοῦ βήματος ἀγεννεστέρους
ὁρᾶσθαι, καὶ τῶν ἱερῶν ὡς ἀληθῶς ἐξισταμένους
ἀγώνων ἀποτίθεσθαι τὸ πολιτικὸν πρόσωπον, οὐκ
οἶδ´ ὁποῖον ἀντιμεταλαμβάνοντας; καὶ γὰρ τὸ
τῆς γεωργίας ἐκ βασιλικοῦ ταπεινόν· ὅπου γὰρ ὁ
Δημοσθένης φησὶν ἀνάξια πάσχειν τὴν Πάραλον,
ἱερὰν οὖσαν τριήρη, ξύλα καὶ χάρακας καὶ βοσκήματα
τῷ Μειδίᾳ παρακομίζουσαν, ἦ που πολιτικὸς
ἀνὴρ ἀγωνοθεσίας καὶ βοιωταρχίας καὶ τὰς ἐν
Ἀμφικτύοσι προεδρίας ἀπολιπών, εἶθ´ ὁρώμενος ἐν
ἀλφίτων καὶ στεμφύλων διαμετρήσει καὶ πόκοις
προβάτων οὐ παντάπασι δόξει τοῦτο δὴ τὸ καλούμενον
"ἵππου γῆρας" ἐπάγεσθαι, μηδενὸς ἀναγκάζοντος;
ἐργασίας γε μὴν βαναύσου καὶ ἀγοραίας
ἅπτεσθαι μετὰ πολιτείαν ὅμοιόν ἐστι τῷ
γυναικὸς ἐλευθέρας καὶ σώφρονος ἔνδυμα περισπάσαντα
καὶ περίζωμα δόντα συνέχειν ἐπὶ
καπηλείου· καὶ γὰρ τῆς πολιτικῆς ἀρετῆς οὕτως
ἀπόλλυται τὸ ἀξίωμα καὶ τὸ μέγεθος πρός τινας
οἰκονομίας καὶ χρηματισμοὺς ἀγομένης. ἂν δ´,
ὅπερ λοιπόν ἐστι, ῥᾳστώνας καὶ ἀπολαύσεις τὰς
ἡδυπαθείας καὶ τὰς τρυφὰς ὀνομάζοντες ἐν ταύταις
μαραινόμενον ἡσυχῆ παρακαλῶσι γηράσκειν τὸν
πολιτικόν, οὐκ οἶδα ποτέρᾳ δυεῖν εἰκόνων αἰσχρῶν
πρέπειν δόξει μᾶλλον ὁ βίος αὐτοῦ· πότερον
ἀφροδίσια ναύταις ἄγουσι πάντα τὸν λοιπὸν ἤδη
χρόνον οὐκ ἐν λιμένι τὴν ναῦν ἔχουσιν ἀλλ´ ἔτι
πλέουσαν ἀπολείπουσιν· ἢ καθάπερ ἔνιοι τὸν
Ἡρακλέα παίζοντες οὐκ εὖ γράφουσιν ἐν Ὀμφάλης
κροκωτοφόρον ἐνδιδόντα Λυδαῖς θεραπαινίσι ῥιπίζειν
καὶ παραπλέκειν ἑαυτόν, οὕτω τὸν πολιτικὸν
ἐκδύσαντες τὴν λεοντῆν καὶ κατακλίναντες εὐωχήσομεν
ἀεὶ καταψαλλόμενον καὶ καταυλούμενον,
οὐδὲ τῇ τοῦ Πομπηίου Μάγνου φωνῇ διατραπέντες
τῇ πρὸς Λεύκολλον αὑτὸν μὲν εἰς λουτρὰ καὶ
δεῖπνα καὶ συνουσίας μεθημερινὰς καὶ πολὺν ἄλυν
καὶ κατασκευὰς οἰκοδομημάτων νεοπρεπεῖς μετὰ
τὰς στρατείας καὶ πολιτείας ἀφεικότα, τῷ δὲ
Πομπηίῳ φιλαρχίαν ἐγκαλοῦντα καὶ φιλοτιμίαν
παρ´ ἡλικίαν· ἔφη γὰρ ὁ Πομπήιος ἀωρότερον
εἶναι γέροντι τὸ τρυφᾶν ἢ τὸ ἄρχειν· ἐπεὶ δὲ
νοσοῦντι συνέταξε κίχλην ὁ ἰατρός, ἦν δὲ δυσπόριστον
καὶ παρ´ ὥραν, ἔφη δέ τις εἶναι παρὰ Λευκόλλῳ
πολλὰς τρεφομένας, οὐκ ἔπεμψεν οὐδ´ ἔλαβεν εἰπών,
"οὐκοῦν, εἰ μὴ Λεύκολλος ἐτρύφα, Πομπήιος οὐκ ἂν ἔζησε;"
| [4] Ne serait-il donc pas honteux que les vétérans de la
tribune se montrassent moins courageux que ceux de la
scène, et que, se dérobant à des luttes véritablement sacrées,
ils voulussent échanger leur rôle d'hommes politiques contre
je ne sais quel autre! Descendre de la condition de roi à
celle de laboureur, ce serait s'abaisser. Si Demosthène déclare
que c'est un avilissement pour la Galère sacrée nommée
Paralus de transporter du bois, des pieux et des bestiaux
pour le service d'un Midias, à plus forte raison un homme
d'Etat qui laisserait les dignités d'agonothète, de béotarque,
de président du conseil amphictyonique, et serait vu ensuite
occupé à mesurer de la farine d'orge ou du marc d'olives,
ou bien à vendre de la laine de brebis, semblerait se condamner,
sans nécessité aucune, à ce qu'on appelle «la vieillesse
de la rosse». Se livrer à un travail mercenaire et au
trafic après avoir pris part au gouvernement, ce serait
comme si l'on dépouillait de ses habits une femme de condition
libre, une sage matrone, et que, lui mettant autour de
la taille un tablier de cuisine, on l'installât dans une auberge.
C'est ainsi, en effet, que la dignité et l'importance
des vertus politiques se dégrade, quand on les réduit à des
détails de ménage et à une poursuite de gain.
Que si l'on prétend, et c'est la dernière alternative qui
reste, donner à une vie efféminée et voluptueuse les noms
de loisir et de jouissance, et si l'on veut, à ce titre, engager
le vieillard à végéter doucement au sein d'une telle
existence, je ne sais, entre deux comparaisons avilissantes,
laquelle paraîtra mieux convenir à représenter sa situation.
Faudra-t-il dire qu'il ressemble à des marins qui célébreraient
la fête de Vénus sans avoir leur vaisseau rentré désormais
pour toujours dans le port et pendant qu'ils le
laisseraient encore en pleine mer? Ou bien faudra-t-il reproduire
ces tableaux où quelques-uns, par un badinage
coupable, dépeignent Hercule à la cour d'Omphale, vêtu
d'une robe de fille et se laissant souffleter, se laissant
tresser les cheveux par les femmes de la reine? Dépouillerons-nous
ainsi l'homme d'État de sa peau de lion? L'obligerons-nous
à rester couché, à passer son temps au milieu
des festins, des chants et des concerts? La réponse faite par
le grand Pompée à Lucullus ne suffirait-elle pas pour nous
remplir de confusion? Lucullus passait son temps aux bains,
ou à table et dans des festins qui commençaient avec le jour.
Sa vie était celle d'un dissipateur effréné. Il bâtissait de superbes
demeures avec la prodigalité d'un jeune homme ;
c'était ainsi que s'achevait son existence de général et
d'homme d'Etat. Or il s'avisa de reprocher un jour à Pompée
de conserver pour le commandement et les honneurs une
passion qui n'était plus de son âge. "Apprenez, lui dit
Pompée, que pour un vieillard la mollesse est moins de saison
que le commandement." Une autre fois, le même
Pompée était malade, et son médecin lui avait ordonné de
manger une grive, mets difficile à trouver à ce moment de
l'année. Quelqu'un vint à rappeler qu'il y en avait plusieurs
que l'on nourrissait chez Lucullus. Il n'y voulut pas envoyer
ni en prendre, s'écriant : "Est-ce donc à dire que sans le
luxe de Lucullus Pompée ne pourrait vivre !"
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