[24] Καθόλου δ´ ὥσπερ ἐν Ῥώμῃ ταῖς Ἑστιάσι
παρθένοις τοῦ χρόνου διώρισται τὸ μὲν μανθάνειν
τὸ δὲ δρᾶν τὰ νενομισμένα τὸ δὲ τρίτον ἤδη διδάσκειν,
καὶ τῶν ἐν Ἐφέσῳ περὶ τὴν Ἄρτεμιν
ὁμοίως ἑκάστην Μελλιέρην τὸ πρῶτον εἶθ´ Ἱέρην
τὸ δὲ τρίτον Παριέρην καλοῦσιν· οὕτως ὁ τελέως
πολιτικὸς ἀνὴρ τὰ μὲν πρῶτα μανθάνων ἔτι πολιτεύεται
καὶ μυούμενος τὰ δ´ ἔσχατα διδάσκων
καὶ μυσταγωγῶν· τὸν μὲν γὰρ ἐπιστάτην ἀθλοῦσιν
ἑτέροις οὐκ ἔστιν αὐτὸν ἀθλεῖν, ὁ δὲ παιδοτριβῶν
νέον ἐν πράγμασι κοινοῖς καὶ δημοσίοις ἀγῶσι καὶ
παρασκευάζων τῇ πατρίδι
μύθων τε ῥητῆρ´ ἔμεναι πρηκτῆρά τε ἔργων
ἐν οὐ μικρῷ μέρει πολιτείας οὐδὲ φαύλῳ χρήσιμός
ἐστιν, ἀλλ´ εἰς ὃ μάλιστα καὶ πρῶτον ὁ Λυκοῦργος
ἐντείνας ἑαυτὸν εἴθισε τοὺς νέους παντὶ πρεσβύτῃ
καθάπερ νομοθέτῃ πειθομένους διατελεῖν. ἐπεὶ
πρὸς τί βλέψας ὁ Λύσανδρος εἶπεν, ὡς ἐν Λακεδαίμονι
κάλλιστα γηρῶσιν; ἆρ´ ὅτι γ´ ἀργεῖν
ἔξεστι μάλιστα τοῖς πρεσβυτέροις ἐκεῖ καὶ δανείζειν
ἢ κυβεύειν συγκαθεζομένους ἢ πίνειν ἐν ὥρᾳ
συνάγοντας; οὐκ ἂν εἴποις· ἀλλ´ ὅτι τρόπον τινὰ
πάντες οἱ τηλικοῦτοι τάξιν ἀρχόντων ἤ τινων
πατρονόμων ἢ παιδαγωγῶν ἔχοντες οὐ τὰ κοινὰ
μόνον ἐπισκοποῦσιν, ἀλλὰ καὶ τῶν νέων ἕκαστ´
ἀεὶ περί τε τὰ γυμνάσια καὶ παιδιὰς καὶ διαίτας
καταμανθάνουσιν οὐ παρέργως, φοβεροὶ μὲν ὄντες
τοῖς ἁμαρτάνουσιν αἰδεστοὶ δὲ τοῖς ἀγαθοῖς καὶ
ποθεινοί· θεραπεύουσι γὰρ ἀεὶ καὶ διώκουσιν
αὐτοὺς οἱ νέοι, τὸ κόσμιον καὶ τὸ γενναῖον αὔξοντας
καὶ συνεπιγαυροῦντας ἄνευ φθόνου.
| [24] Parlons d'une manière générale. De même qu'à
Rome le service des Vestales est divisé en trois époques :
celle où elles s'instruisent de leurs fonctions, ensuite celle
où elles les exercent, celle enfin où elles les enseignent à
d'autres ; de même que les vierges consacrées au culte de
Diane d'Ephèse sont appelées d'abord novices, ensuite prêtresses,
et en troisième lieu archi-prêtresses ; de même
l'homme d'État vraiment consommé étudie d'abord la politique,
en apprend les mystères, et finit par les enseigner à
d'autres, qui deviennent ses initiés. Car surveiller les luttes
des athlètes, ce n'est pas les partager soi-même ; mais servir
de maître à un jeune homme dans la science des affaires
publiques et dans les débats populaires, préparer pour la patrie
"Un homme d'action autant qu'un orateur",
c'est contribuer à l'utilité commune dans une proportion
qui n'est ni petite ni méprisable.
C'était de ce côté particulièrement que Lycurgue dirigeait
ses efforts. Il habituait les jeunes gens à obéir constamment
à tout vieillard comme à un législateur. Car à quoi Lysandre
faisait-il allusion en disant : «il fait beau vieillir à Lacédémone» ?
Est-ce parce que là plus qu'ailleurs il est permis
aux hommes d'âge de n'avoir rien à faire, de prêter à
usure, de jouer aux dés, soit en n'étant assis que pour cela,
soit en y joignant encore la bouteille? Non, sans doute.
C'est parce que tous les vieillards y remplissent en quelque
sorte des fonctions de magistrats, de tuteurs et de gouverneurs.
C'est parce que non seulement ils s'occupent
des intérêts généraux, mais que sur tous les actes de la
jeunesse, aux gymnases, dans ses amusements, dans ses
genres de vie, ils exercent encore une surveillance qui n'a
rien de superficiel; c'est que redoutés de ceux qui font mal,
ils sont respectés et chéris des bons; c'est qu'ils sont l'objet
du culte et des assiduités des jeunes gens; c'est qu'ils
développent en eux des qualités aimables, de la générosité,
et qu'ils leur inspirent une noble confiance, sans éprouver
eux-mêmes aucun sentiment d'envie.
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