[22] Ἀλλὰ τὰ μὲν οὕτως ἀναγκαῖα καὶ τοὺς ἀπεσβηκότας
κομιδῇ γέροντας, ἂν μόνον ἐμπνέωσιν,
ἐξάπτει καὶ διανίστησιν· ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις ποτὲ
μέν, ὥσπερ εἴρηται, παραιτούμενος ἐμμελὴς ἔσται
τὰ γλίσχρα καὶ διακονικὰ καὶ μείζονας ἔχοντα τοῖς
πράττουσιν ἀσχολίας ἢ δι´ οὓς πράττεται χρείας
καὶ ὠφελείας· ἔστι δ´ ὅπου περιμένων καλέσαι καὶ
ποθῆσαι καὶ μετελθεῖν οἴκοθεν τοὺς πολίτας ἀξιοπιστότερος
δεομένοις κάτεισι. τὰ δὲ πλεῖστα καὶ
παρὼν σιωπῇ τοῖς νεωτέροις λέγειν παρίησιν, οἷον
βραβεύων φιλοτιμίας πολιτικῆς ἅμιλλαν· ἐὰν δ´
ὑπερβάλλῃ τὸ μέτριον, καθαπτόμενος ἠπίως καὶ
μετ´ εὐμενείας ἀφαιρῶν φιλονεικίας καὶ βλασφημίας
καὶ ὀργάς, ἐν δὲ ταῖς γνώμαις τὸν ἁμαρτάνοντα
παραμυθούμενος ἄνευ ψόγου καὶ διδάσκων, ἐπαινῶν
δ´ ἀφόβως τὸν κατορθοῦντα καὶ νικώμενος ἑκουσίως
καὶ προϊέμενος τὸ πεῖσαι καὶ περιγενέσθαι
πολλάκις ὅπως αὐξάνωνται καὶ θαρσῶσιν, ἐνίοις δὲ
καὶ συναναπληρῶν μετ´ εὐφημίας τὸ ἐλλεῖπον, ὡς
ὁ Νέστωρ
"οὔτις τοι τὸν μῦθον ὀνόσσεται ὅσσοι Ἀχαιοί,
οὐδὲ πάλιν ἐρέει· ἀτὰρ οὐ τέλος ἵκεο μύθων.
ἦ μὴν καὶ νέος ἐσσί, ἐμὸς δέ κε καὶ πάις εἴης."
| [22] Il est vrai que devant de telles nécessités les vieillards
les plus éteints, pour peu que seulement ils respirent
encore, se rallument et se redressent. Mais dans les autres
circonstances l'homme d'État avancé en âge montrera,
comme nous l'avons dit, une réserve honorable. Il refusera
les missions subalternes, dans lesquelles on devient le serviteur
des autres, et qui causent plus d'embarras à ceux
qui s'en chargent qu'elles n'apportent d'avantages et d'utilité
à ceux pour qui on les exerce. Quelquefois le vieillard
attendra qu'on l'appelle, qu'on le désire, que ses concitoyens
viennent l'arracher de chez lui; et il aura plus d'autorité
en ne descendant ainsi que sur leurs prières. Le plus
souvent il se contentera d'assister muet, laissant parler les
jeunes et se constituant arbitre en quelque sorte de leurs
luttes politiques. Quand ils dépassent la mesure, il les reprend
avec douceur; sa bienveillance conjure les querelles,
les calomnies, les emportements. Si l'opinion s'égare, il redresse
et instruit en s'abstenant de reproches amers. Si l'on
parle bien, il loue sans crainte. Il accepte volontiers la défaite,
se laissant plus d'une fois persuader et vaincre afin de
donner de l'importance et de la hardiesse aux autres. Quelquefois
enfin il complète, en usant de ménagements, ce qui
a manqué dans le discours des précédents orateurs :
Écoutons Nestor:
"Tes paroles, ami, nul ne les blâmera :
Personne, entre les Grecs, ne les contredira.
Mais tu n'as pas tout dit; car tu n'es qu'un jeune homme,
Et je serais ton père ...
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