[2] Καίτοι τοὐναντίον ὁρῶμεν ὑπὸ τῶν νοῦν
ἐχόντων τὰ μειράκια καὶ τοὺς νέους ἀποτρεπομένους
τοῦ τὰ κοινὰ πράττειν· καὶ μαρτυροῦσιν
οἱ νόμοι διὰ τοῦ κήρυκος ἐν ταῖς ἐκκλησίαις οὐκ
Ἀλκιβιάδας οὐδὲ Πυθέας ἀνιστάντες ἐπὶ τὸ βῆμα
πρώτους, ἀλλὰ τοὺς ὑπὲρ πεντήκοντ´ ἔτη γεγονότας,
λέγειν καὶ συμβουλεύειν παρακαλοῦντες· οὐ
γὰρ τοιούτους ἀήθεια τόλμης καὶ τριβῆς ἔνδεια
καλεῖ πρὸς τροπαῖον κατ´ ἀντιστασιωτῶν. ὁ δὲ
Κάτων μετ´ ὀγδοήκοντ´ ἔτη δίκην ἀπολογούμενος
ἔφη χαλεπὸν εἶναι βεβιωκότα μετ´ ἄλλων ἐν ἄλλοις
ἀπολογεῖσθαι. Καίσαρος δὲ τοῦ καταλύσαντος
Ἀντώνιον οὔτι μικρῷ βασιλικώτερα καὶ δημωφελέστερα
γενέσθαι πολιτεύματα πρὸς τῇ τελευτῇ
πάντες ὁμολογοῦσιν· αὐτὸς δὲ τοὺς νέους ἔθεσι
καὶ νόμοις αὐστηρῶς σωφρονίζων, ὡς ἐθορύβησαν,
"ἀκούσατ´," εἶπε, "νέοι γέροντος οὗ νέου γέροντες
ἤκουον." ἡ δὲ Περικλέους πολιτεία τὸ μέγιστον
ἐν γήρᾳ κράτος ἔσχεν, ὅτε καὶ τὸν πόλεμον ἄρασθαι
τοὺς Ἀθηναίους ἔπεισε· καὶ προθυμουμένων οὐ
κατὰ καιρὸν μάχεσθαι πρὸς ἑξακισμυρίους ὁπλίτας,
ἐνέστη καὶ διεκώλυσε, μονονοὺ τὰ ὅπλα τοῦ δήμου
καὶ τὰς κλεῖς τῶν πυλῶν ἀποσφραγισάμενος.
ἀλλὰ μὴν ἅ γε Ξενοφῶν περὶ Ἀγησιλάου γέγραφεν,
αὐτοῖς ὀνόμασιν ἄξιόν ἐστι παραθέσθαι· "ποίας
γάρ," φησί, "νεότητος οὐ κρεῖττον τὸ ἐκείνου
γῆρας ἐφάνη; τίς μὲν γὰρ τοῖς ἐχθροῖς ἀκμάζων
οὕτω φοβερὸς ἦν, ὡς Ἀγησίλαος τὸ μήκιστον τοῦ
αἰῶνος ἔχων; τίνος δ´ ἐκποδὼν γενομένου μᾶλλον
ἥσθησαν οἱ πολέμιοι ἢ Ἀγησιλάου, καίπερ γηραιοῦ
τελευτήσαντος; τίς δὲ συμμάχοις θάρσος παρέσχεν
ἢ Ἀγησίλαος, καίπερ ἤδη πρὸς τῷ τέρματι τοῦ
βίου ὤν; τίνα δὲ νέον οἱ φίλοι πλέον ἐπόθησαν
ἢ Ἀγησίλαον γηραιὸν ἀποθανόντα;"
| [2] Au contraire, nous voyons que les sages penseurs
écartent de la vie politique les adolescents et les jeunes
hommes. C'est ce que témoignent aussi les lois, lorsque par
l'organe du héraut, dans les assemblées, ce ne sont pas des
Alcibiades ou des Pythéas qu'elles appellent les premiers
pour se lever et monter à la tribune. Loin de là, ce sont les
hommes qui ont plus de cinquante ans qu'elles invitent à
parler et à donner leur avis. Car c'est moins le manque de
bravoure que le défaut d'expérience militaire, qui enlève la
victoire à un général.
Caton, ayant à se justifier d'une accusation quand il était
plus qu'octogénaire, disait : "Il est pénible, lorsqu'on a
vécu au milieu d'une génération, d'avoir à se défendre
devant une autre." César Auguste, celui qui triompha
d'Antoine, ne produisit pas sur la fin de sa vie des actes qui
fussent moins dignes d'un grand prince ou moins utiles à son
pays. L'opinion est unanime à cet égard. Les jeunes gens
que ce monarque réformait par la sévérité de ses moeurs et
par celle des lois se livraient à quelques démonstrations
séditieuses. «Enfants, leur dit-il alors, écoutez celui que dans
sa jeunesse écoutaient les vieillards.» L'administration de
Périclès ne fut jamais plus vigoureuse que quand il devint
vieux. Ce fut même alors qu'il détermina les Athéniens à
entreprendre la guerre. Mais comme leur ardeur les emportait,
dans un moment peu favorable, à combattre contre
une armée de soixante mille hommes, il s'y opposa; et il
parvint à les retenir, en allant presque jusqu'à mettre sous
les scellés les armes du peuple et les clefs des portes.
Xénophon a écrit sur Agésilas des paroles qui méritent
d'être littéralement rapportées: «Quelle jeunesse, dit-il,
pourrait-on citer, à laquelle sa vieillesse ne se montrât supérieure?
Quel guerrier fut aussi redoutable aux ennemis
dans la toute vigueur de son âge qu'Agésilas parvenu aux
dernières limites de la vie? De quel adversaire les peuples
rivaux furent-ils plus joyeux de se savoir débarrassés que
d'Agésilas mort dans une extrême vieillesse? Qui remplit
de confiance les alliés, sinon Agésilas, bien que touchant
déjà au terme de sa carrière? Quel jeune homme ses amis
regrettèrent-ils plus qu'ils ne regrettèrent le vieil Agésilas?"
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