[19] Ὥσπερ οὖν τὸν Βουκέφαλον ὁ Ἀλέξανδρος
πρεσβύτερον ὄντα μὴ βουλόμενος πιέζειν ἑτέροις
ἐπωχεῖτο πρὸ τῆς μάχης ἵπποις, ἐφοδεύων τὴν
φάλαγγα καὶ καθιστὰς εἰς τὴν τάξιν, εἶτα δοὺς τὸ
σύνθημα καὶ μεταβὰς ἐπ´ ἐκεῖνον εὐθὺς ἐπῆγε τοῖς
πολεμίοις καὶ διεκινδύνευεν· οὕτως ὁ πολιτικός, ἂν
ἔχῃ νοῦν, αὐτὸς αὑτὸν ἡνιοχῶν πρεσβύτην γενόμενον
ἀφέξεται τῶν οὐκ ἀναγκαίων καὶ παρήσει
τοῖς ἀκμάζουσι χρῆσθαι πρὸς τὰ μικρότερα τὴν
πόλιν, ἐν δὲ τοῖς μεγάλοις αὐτὸς ἀγωνιεῖται προθύμως.
οἱ μὲν γὰρ ἀθληταὶ τὰ σώματα τῶν ἀναγκαίων
πόνων ἄθικτα τηροῦσι καὶ ἀκέραια πρὸς τοὺς
ἀχρήστους· ἡμεῖς δὲ τοὐναντίον, ἐῶντες τὰ μικρὰ
καὶ φαῦλα, τοῖς ἀξίοις σπουδῆς φυλάξομεν ἑαυτούς.
"νέῳ" μὲν γὰρ ἴσως "ἐπέοικε" καθ´ Ὅμηρον
"πάντα," καὶ δέχονται καὶ ἀγαπῶσι τὸν μὲν
μικρὰ καὶ πολλὰ πράττοντα δημοτικὸν καὶ φιλόπονον
τὸν δὲ λαμπρὰ καὶ σεμνὰ γενναῖον καὶ
μεγαλόφρονα καλοῦντες· ἔστι δ´ ὅπου καὶ τὸ φιλόνεικον
καὶ παράβολον ὥραν ἔχει τινὰ καὶ χάριν
ἐπιπρέπουσαν τοῖς τηλικούτοις. ὁ πρεσβύτης δ´
ἀνὴρ ἐν πολιτείᾳ διακονικὰς λειτουργίας ὑπομένων,
οἷα τελῶν πράσεις καὶ λιμένων ἐπιμελείας καὶ
ἀγορᾶς, ἔτι δὲ πρεσβείας καὶ ἀποδημίας πρὸς
ἡγεμόνας καὶ δυνάστας ὑποτρέχων, ἐν αἷς ἀναγκαῖον
οὐδὲν οὐδὲ σεμνὸν ἔνεστιν ἀλλὰ θεραπεία καὶ τὸ
πρὸς χάριν, ἐμοὶ μὲν οἰκτρόν, ὦ φίλε, φαίνεται καὶ
ἄζηλον, ἑτέροις δ´ ἴσως καὶ ἐπαχθὲς φαίνεται καὶ φορτικόν.
| [19] De même donc que pour ne pas fatiguer Bucéphale devenu
trop vieux, Alexandre prenait d'autres chevaux que lui
avant l'action quand il passait la revue de ses troupes et les
disposait en bataille , mais que, le mot d'ordre une fois donné,
il montait le noble animal, chargeait l'ennemi et s'exposait à
tous les dangers ; de même l'homme d'État, s'il a du sens,
se tiendra la bride à lui-même quand il approchera de la
vieillesse, et il se dispensera des charges qui ne seront pas
nécessaires. Il laissera manier aux vigoureux la chose publique
en ce qui sera de moindre conséquence, et ménagera
pour les conjonctures importantes ses efforts résolus. Les
athlètes s'abstiennent des fatigues nécessaires, et ils gardent
leurs corps bien intacts pour celles qui sont inutiles.
Nous, au contraire, négligeant les charges petites ou médiocres,
nous nous réserverons pour ce qui mérite une
attention sérieuse.
"Tout, indistinctement, au jeune homme sied bien,"
comme dit Homère. On accueille ses efforts et l'on s'en contente.
S'il s'occupe de détails secondaires et multipliés, on
le cite pour son amour de la chose publique et pour ses
goûts laborieux; s'il réalise des actes brillants et d'une
haute portée, on proclame son génie et la grandeur de ses
vues. Il y a des occurrences où l'opiniâtreté et l'humeur
entreprenante ont un à-propos et un charme convenables chez
les jeunes gens. Mais le vieillard qui remplit dans la république
des fonctions subalternes, telles que l'adjudication
des impôts, l'intendance des ports et des marchés, ou, encore,
qui recherche les ambassades et les missions vers des
généraux et des souverains étrangers quand ces ambassades
et ces missions, au lieu d'être nécessaires et importantes,
ne sont que des politesses et des actes de courtoisie, ce
vieillard, mon cher ami, me semble jouer un rôle pitoyable
et très peu digne d'être envié. Peut-être même d'autres que
moi trouveront-ils que c'est là se rendre odieux et insupportable.
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