[17] Εἰ γοῦν πατέρα τὸν Τιθωνὸν εἶχες, ἀθάνατον
μὲν ὄντα χρείαν δ´ ἔχοντα διὰ γῆρας ἀεὶ πολλῆς
ἐπιμελείας, οὐκ ἂν οἶμαί σε φυγεῖν οὐδ´ ἀπείπασθαι
τὸ θεραπεύειν καὶ προσαγορεύειν καὶ βοηθεῖν ὡς
λελειτουργηκότα πολὺν χρόνον· ἡ δὲ πατρὶς καὶ
μητρὶς ὡς Κρῆτες καλοῦσι, πρεσβύτερα καὶ μείζονα
δίκαια γονέων ἔχουσα, πολυχρόνιος μέν ἐστιν οὐ
μὴν ἀγήρως οὐδ´ αὐτάρκης, ἀλλ´ ἀεὶ πολυωρίας
δεομένη καὶ βοηθείας καὶ φροντίδος ἐπισπᾶται καὶ
κατέχει τὸν πολιτικὸν
"εἱανοῦ ἁπτομένη καί τ´ ἐσσύμενον κατερύκει."
Καὶ μὴν οἶσθά με τῷ Πυθίῳ λειτουργοῦντα πολλὰς
Πυθιάδας· ἀλλ´ οὐκ ἂν εἴποις "ἱκανά σοι, ὦ Πλούταρχε,
τέθυται καὶ πεπόμπευται καὶ κεχόρευται,
νῦν δ´ ὥρα πρεσβύτερον ὄντα τὸν στέφανον ἀποθέσθαι
καὶ τὸ χρηστήριον ἀπολιπεῖν διὰ τὸ γῆρας."
οὐκοῦν μηδὲ σεαυτὸν οἴου δεῖν, τῶν πολιτικῶν
ἱερῶν ἔξαρχον ὄντα καὶ προφήτην, ἀφεῖναι τὰς τοῦ
Πολιέως καὶ Ἀγοραίου τιμὰς Διός, ἔκπαλαι
κατωργιασμένον αὐταῖς.
| [17] Si donc vous aviez pour père le vieux Tithon, doué,
il est vrai, du privilége de l'immortalité, mais réclamant
toutes sortes de soins à cause de sa vieillesse, vous ne
vous déroberiez pas, je le suppose, aux obligations qui
vous seraient imposées : vous ne renonceriez pas à le soigner,
à tenir avec lui conversation, à le secourir, sous
prétexte que vous lui avez longtemps prodigué des soins.
N'en ferez-vous pas de même pour votre patrie, ou, comme
l'appellent les Crétois, pour votre "matrie", laquelle est bien
autrement âgée, et dont les droits sont plus sacrés que ceux
de vos parents? Elle est destinée à vivre longtemps, il est
vrai, mais enfin elle n'est pas exemptée de vieillir, elle ne
saurait se suffire à elle-même. Elle a constamment besoin
que l'on veille attentivement sur elle, qu'on lui vienne en
aide, qu'on se préoccupe de ses intérêts. A ce titre elle
réclame impérieusement l'homme d'État : elle ne veut pas se
séparer de lui.
"S'attachant à sa toge, à retarder sa course
Elle l'oblige", ...
Vous savez que je suis prêtre d'Apollon Pythien depuis un
grand nombre de Pythiades. Pourtant vous ne me diriez
pas : «Assez longtemps, Plutarque, vous avez assisté à des
sacrifices, à des cérémonies religieuses, à des choeurs. Le
temps est venu, maintenant que vous êtes vieux, de déposer
la couronne et d'abandonner le sanctuaire de l'oracle en raison
de votre grand âge.» Eh bien! Croyez de même, que
vous, Euphanès, qui êtes le chef et le prophète des mystères
politiques, vous ne devez pas renoncer au culte de
Jupiter, protecteur des villes et des assemblées publiques,
culte auquel vous êtes initié, depuis si longtemps.
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