HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Si un vieillard doit prendre part au gouvernement

Chapitre 16

  Chapitre 16

[16] Διὸ καὶ τοὺς βασιλεῖς φασι γίγνεσθαι βελτίονας ἐν τοῖς πολέμοις καὶ ταῖς στρατείαις σχολὴν ἄγοντας. Ἄτταλον γοῦν τὸν Εὐμένους ἀδελφόν, ὑπ´ ἀργίας μακρᾶς καὶ εἰρήνης ἐκλυθέντα κομιδῇ, Φιλοποίμην εἷς τῶν ἑταίρων ἐποίμαινεν ἀτεχνῶς πιαινόμενον· ὥστε καὶ τοὺς Ῥωμαίους παίζοντας ἑκάστοτε διαπυνθάνεσθαι παρὰ τῶν ἐξ Ἀσίας πλεόντων, εἰ δύναται παρὰ τῷ Φιλοποίμενι βασιλεύς. Λευκόλλου δὲ Ῥωμαίων οὐ πολλοὺς ἄν τις εὕροι δεινοτέρους στρατηγούς, ὅτε τῷ πράττειν τὸ φρονεῖν συνεῖχεν· ἐπεὶ δὲ μεθῆκεν ἑαυτὸν εἰς βίον ἄπρακτον καὶ δίαιταν οἰκουρὸν καὶ ἄφροντιν, ὥσπερ οἱ σπόγγοι ταῖς γαλήναις ἐννεκρωθεὶς καὶ καταμαρανθείς, εἶτα Καλλισθένει τινὶ τῶν ἀπελευθόρων βόσκειν καὶ τιθασεύειν παρέχων τὸ γῆρας, ἐδόκει καταφαρμακεύεσθαι φίλτροις ὑπ´ αὐτοῦ καὶ γοητεύμασιν, ἄχρι οὗ Μάρκος ἀδελφὸς ἀπελάσας τὸν ἄνθρωπον αὐτὸς ᾠκονόμει καὶ ἐπαιδαγώγει τὸν λοιπὸν αὐτοῦ βίον, οὐ πολὺν γενόμενον. ἀλλὰ Δαρεῖος Ξέρξου πατὴρ ἔλεγεν αὐτὸς αὑτοῦ παρὰ τὰ δεινὰ γίγνεσθαι φρονιμώτερος, δὲ Σκύθης Ἀτέας μηδὲν οἴεσθαι τῶν ἱπποκόμων διαφέρειν ἑαυτόν, ὅτε σχολάζοι· Διονύσιος δ´ πρεσβύτερος πρὸς τὸν πυθόμενον εἰ σχολάζοι "μηδέποτ´," εἶπεν, "ἐμοὶ τοῦτο συμβαίη." τόξον μὲν γάρ, ὥς φασιν, ἐπιτεινόμενον ῥήγνυται, ψυχὴ δ´ ἀνιεμένη. καὶ γὰρ ἁρμονικοὶ τὸ κατακούειν ἡρμοσμένου καὶ γεωμέτραι τὸ ἀναλύειν καὶ ἀριθμητικοὶ τὴν ἐν τῷ λογίζεσθαι συνέχειαν ἐκλιπόντες ἅμα ταῖς ἐνεργείαις ἀμαυροῦσι ταῖς ἡλικίαις τὰς ἕξεις, καίπερ οὐ πρακτικὰς ἀλλὰ θεωρητικὰς τέχνας ἔχοντες· δὲ τῶν πολιτικῶν ἕξις, εὐβουλία καὶ φρόνησις καὶ δικαιοσύνη, πρὸς δὲ τούτοις ἐμπειρία στοχαστικὴ καιρῶν καὶ λόγων, πειθοῦς δημιουργὸς δύναμις οὖσα, τῷ λέγειν ἀεί τι καὶ πράττειν καὶ λογίζεσθαι καὶ δικάζειν συνέχεται· καὶ δεινόν, εἰ τούτων ἀποδρᾶσα περιόψεται τηλικαύτας ἀρετὰς καὶ τοσαύτας ἐκρυείσας τῆς ψυχῆς· καὶ γὰρ τὸ φιλάνθρωπον εἰκός ἐστιν ἀπομαραίνεσθαι καὶ τὸ κοινωνικὸν καὶ τὸ εὐχάριστον, ὧν οὐδεμίαν εἶναι δεῖ τελευτὴν οὐδὲ πέρας. [16] Pour cette raison aussi, l'on prétend que les rois deviennent bien meilleurs dans les guerres et dans les expéditions que quand ils ne sont pas occupés. Ainsi Attale, frère d'Eumène, se laissa complétement énerver par une longue inaction et par la paix. Philopémen, un de ses compagnons, l'engraissait, à la lettre, comme si c'eût été un vil animal. A ce point que les Romains demandaient à chaque moment, pour plaisanter, à ceux qui revenaient d'Asie : "Si le roi avait quelque crédit auprès de Philopéinen." Tant que Lucullus consacra son intelligence à la pratique des affaires, on put voir en lui un général tel que Rome n'en aurait pas trouvé beaucoup de semblables; mais dès qu'il se fut abandonné à une vie oisive, à un régime sédentaire et libre de toute préoccupation, il lui arriva ce qui arrive aux éponges, que les temps calmes de la mer réduisent à rien et dessèchent. Il avait livré sa vieillesse à Callisthène, un de ses affranchis, qui lui donnait à manger, et en quelque sorte le pansait; et l'opinion commune était que cet homme l'avait ensorcelé par des philtres et des enchantements. Les choses durèrent ainsi jusqu'au jour où Marcus, son frère, mettant Callisthène à la porte, conduisit et régla lui-même l'existence du vieillard, qui mourut peu de temps après. Au contraire, Darius, le père de Xerxès, disait qu'il se surpassait lui-même en intelligence dans les conjonctures difficiles. Le Scythe Atéas ne se croyait pas différent de ses palefreniers lorsqu'il restait inactif. On demandait à Denys l'Ancien s'il restait quelquefois sans rien faire : "Au Ciel ne plaise, répondit-il, que cela m'arrive jamais!" C'est qu'en effet, comme on dit, un arc se brise quand il reste trop tendu, et, à l'inverse, un esprit s'altère quand il est trop relâché. Les musiciens qui cessent d'entendre constamment des accords, les géomètres qui ne résolvent plus de problèmes, les arithméticiens qui renoncent à l'habitude constante des calculs, perdent en avançant en âge, avec l'exercice de leurs facultés, leur aptitude même, bien que leur art consiste dans la spéculation et non dans la pratique. Mais quelles sont les aptitudes qui font l'homme d'État? Ce sont les bons conseils, la réflexion, la justice. C'est, en outre, l'expérience : laquelle donne la mesure exacte de ce qu'on doit faire, de ce qu'on doit dire, et qui confère tant de puissance pour agir sur le peuple par la persuasion. Or ces qualités ne se maintiennent qu'à la condition de parler, d'agir, de méditer, de rendre la justice sans interruption; et ce serait chose indigne, que de renoncer à l'exercice de semblables facultés, que de les laisser de sang-froid s'échapper et disparaître de son âme. Avec elles ne sauraient manquer de s'effacer aussi l'amour des hommes, l'esprit de société, la bienfaisance : vertus qui ne doivent jamais, ni les unes ni les autres, se relâcher et s'anéantir.


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Dernière mise à jour : 31/05/2005