[15] Οἱ δὲ τὰς ἀρρωστίας προβαλλόμενοι καὶ τὰς
ἀδυναμίας νόσου καὶ πηρώσεως μᾶλλον ἢ γήρως
κατηγοροῦσι· καὶ γὰρ νέοι πολλοὶ νοσώδεις καὶ
ῥωμαλέοι γέροντες· ὥστε δεῖ μὴ τοὺς γέροντας
ἀλλὰ τοὺς ἀδυνάτους ἀποτρέπειν, μηδὲ τοὺς νέους
παρακαλεῖν ἀλλὰ τοὺς δυναμένους. καὶ γὰρ καὶ
Ἀριδαῖος ἦν νέος γέρων δ´ Ἀντίγονος, ἀλλ´ ὁ μὲν
ἅπασαν ὀλίγου δεῖν κατεκτήσατο τὴν Ἀσίαν, ὁ δ´
ὥσπερ ἐπὶ σκηνῆς δορυφόρημα κωφὸν ἦν ὄνομα
βασιλέως καὶ πρόσωπον ὑπὸ τῶν ἀεὶ κρατούντων
παροινούμενον. ὥσπερ οὖν ὁ Πρόδικον τὸν σοφιστὴν
ἢ Φιλήταν τὸν ποιητὴν ἀξιῶν πολιτεύεσθαι.
νέους μὲν ἰσχνοὺς δὲ καὶ νοσώδεις καὶ τὰ πολλὰ
κλινοπετεῖς δι´ ἀρρωστίαν ὄντας, ἀβέλτερός ἐστιν·
οὕτως ὁ κωλύων ἄρχειν καὶ στρατηγεῖν τοιούτους
γέροντας, οἷος ἦν Φωκίων οἷος ἦν Μασανάσσης ὁ
Λίβυς οἷος Κάτων ὁ Ῥωμαῖος. ὁ μὲν γὰρ Φωκίων,
ὡρμημένων πολεμεῖν ἀκαίρως τῶν Ἀθηναίων,
παρήγγειλε τοὺς ἄχρι ἑξήκοντ´ ἐτῶν ἀκολουθεῖν
ὅπλα λαβόντας· ὡς δ´ ἠγανάκτουν, "οὐδέν," ἔφη,
"δεινόν· ἐγὼ γὰρ ἔσομαι μεθ´ ὑμῶν ὁ στρατηγὸς
ὑπὲρ ὀγδοήκοντ´ ἔτη γεγονώς." Μασανάσσην δ´
ἱστορεῖ Πολύβιος ἐνενήκοντα μὲν ἐτῶν ἀποθανεῖν,
τετράετες καταλιπόντα παιδάριον ἐξ αὐτοῦ γεγενημένον,
ὀλίγῳ δ´ ἔμπροσθεν τῆς τελευτῆς μάχῃ
νικήσαντα μεγάλῃ Καρχηδονίους ὀφθῆναι τῇ ὑστεραίᾳ
πρὸ τῆς σκηνῆς ῥυπαρὸν ἄρτον ἐσθίοντα, καὶ
πρὸς τοὺς θαυμάζοντας εἰπεῖν, ὅτι τοῦτο ποιεῖ
"λάμπει γὰρ ἐν χρείαισιν ὥσπερ εὐπρεπὴς
χαλκός· χρόνῳ δ´ ἀργῆσαν ἤμυσε στέγος,"
ὥς φησι Σοφοκλῆς· ὡς δ´ ἡμεῖς φαμεν, ἐκεῖνο τῆς
ψυχῆς τὸ γάνωμα καὶ τὸ φέγγος, ᾧ λογιζόμεθα καὶ
μνημονεύομεν καὶ φρονοῦμεν.
| [15] Ira-t-on mettre en avant les infirmités et le manque
de forces? Ce serait accuser la maladie et quelque mutilation,
plutût que la vieillesse. Car beaucoup de jeunes hommes
sont valétudinaires, beaucoup de vieilles gens sont vigoureux :
de sorte qu'il faut éloigner non pas les vieillards,
mais les incapables, et appeler non pas les jeunes, mais les
valides. Aridée était jeune, et Antigone, vieux. Ce dernier
pourtant conquit l'Asie presque tout entière; et l'autre,
comme un personnage muet de théâtre, n'avait de royal
que le nom, que l'extérieur, et il servait de jouet à ceux
qui s'emparaient successivement du pouvoir. De même
donc qu'il eût été ridicule de vouloir que le gouvernement
de la ville fût déféré au sophiste Prodicus ou au poète Philétas,
qui étaient jeunes à la vérité, mais frêles, maladifs
et retenus le plus souvent au lit par leurs infirmités ; de
même, c'eût été chose absurde que d'interdire l'administration
politique et le commandement des armées à des vieillards
tels que furent Phocion, l'Africain Massinissa et le Romain
Caton. Car Phocion, voyant les Athéniens disposés à se lancer
dans une expédition qui était inopportune, ordonna à tous
les citoyens non encore sexagénaires de prendre les armes
et de le suivre. On témoigna du mécontentement : «Que
trouvez-vous là de singulier?" dit Phocion. Ce sera moi
qui serai votre général, et j'ai quatre-vingts ans passés.
Pour Massinissa, au rapport de l'historien Polybe, il mourut
plus que nonagénaire, laissant né de lui un petit garçon de
quatre ans. Peu avant sa mort il avait remporté une grande
victoire sur les Carthaginois, et on le vit le lendemain qui
devant sa tente mangeait un morceau de pain noir. Comme
on s'en étonnait, il dit qu'il en agissait ainsi ...
"L'acier lorsqu'on l'exerce est toujours éclatant;
Mais, à la longue, un toit qui manque d'habitant
Croule d'oisiveté ..." comme dit Sophocle.
Or, nous aimons à appliquer cette similitude au flambeau lumineux
qui s'appelle l'esprit, flambeau qui nous éclaire quand il s'agit de
raisonner, de se souvenir, de penser.
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