[14] Ἄνευ δὲ τούτων ἁμαρτάνουσιν οἱ οἷον τὸ
πλεῦσαι καὶ τὸ στρατεύσασθαι, τοιοῦτον ἡγούμενοι
καὶ τὸ πολιτεύσασθαι πρὸς ἄλλο τι πραττόμενον,
εἶτα καταλῆγον ἐν τῷ τυχεῖν ἐκείνου· λειτουργία
γὰρ οὐκ ἔστιν ἡ πολιτεία τὴν χρείαν ἔχουσα πέρας,
ἀλλὰ βίος ἡμέρου καὶ πολιτικοῦ καὶ κοινωνικοῦ
ζῴου καὶ πεφυκότος ὅσον χρὴ χρόνον πολιτικῶς καὶ
φιλοκάλως καὶ φιλανθρώπως ζῆν. διὸ πολιτεύεσθαι
καθῆκόν ἐστιν οὐ πεπολιτεῦσθαι, καθάπερ
ἀληθεύειν οὐκ ἀληθεῦσαι καὶ δικαιοπραγεῖν οὐ
δικαιοπραγῆσαι καὶ φιλεῖν οὐ φιλῆσαι τὴν πατρίδα
καὶ τοὺς πολίτας. ἐπὶ ταῦτα γὰρ ἡ φύσις ἄγει, καὶ
ταύτας ὑπαγορεύει τὰς φωνὰς τοῖς μὴ διεφθορόσι
τελείως ὑπ´ ἀργίας καὶ μαλακίας·
"πολλοῦ σε θνητοῖς ἄξιον τίκτει πατὴρ"
καὶ
"μή τι παυσώμεσθα δρῶντες εὖ βροτούς."
| [14] Mais sans parler de telles considérations, c'est se
tromper que de croire qu'il en soit du gouvernement de
l'État comme d'une expédition maritime ou d'une guerre, de
croire que l'on s'y propose une fin déterminée et qu'ensuite
tout doive cesser quand le but est atteint. Les fonctions
politiques ne sont pas un simple ministère ayant pour
objet l'utilité personnelle. C'est la vie d'un être pacifique,
ami de la cité, ami de l'intérêt public, et organisé pour vivre,
tant qu'il le faudra, dans l'exercice des fonctions civiques et
dans l'amour de la société humaine. Voilà pourquoi il vaut
mieux gouverner actuellement que d'avoir autrefois gouverné;
comme il est plus convenable de dire la vérité que de
l'avoir dite, plus convenable de pratiquer la justice que de
ne la plus pratiquer, d'aimer sa patrie et ses concitoyens que
de les avoir aimés. C'est à cela que conduit la Nature. Voici
les paroles qu'elle souffle à l'oreille de ceux qui ne sont pas
complétement corrompus par le désoeuvrement et par la mollesse :
elle leur dit :
"Ton père te créa pour l'intérêt de tous."
Elle leur dit encore :
"Sans cesse occupons-nous du bonheur des humains."
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