HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Si un vieillard doit prendre part au gouvernement

Chapitre 12

  Chapitre 12

[12] μὲν γὰρ Αἰσώπειος ἀλώπηξ τὸν ἐχῖνον οὐκ εἴα τοὺς κρότωνας αὐτῆς ἀφαιρεῖν βουλόμενον· "ἂν γὰρ τούτους," ἔφη, "μεστοὺς ἀπαλλάξῃς, ἕτεροι προσίασι πεινῶντεςτὴν δὲ πολιτείαν ἀεὶ τοὺς γέροντας ἀποβάλλουσαν ἀναπίμπλασθαι νέων ἀνάγκη διψώντων δόξης καὶ δυνάμεως, νοῦν δὲ πολιτικὸν οὐκ ἐχόντων· πόθεν γὰρ, εἰ μηδενὸς ἔσονται μαθηταὶ μηδὲ θεαταὶ πολιτευομένου γέροντος; πλοίων μὲν ἄρχοντας οὐ ποιεῖ γράμματα κυβερνητικά, μὴ πολλάκις γενομένους ἐν πρύμνῃ θεατὰς τῶν πρὸς κῦμα καὶ πνεῦμα καὶ νύκτα χειμέριον ἀγώνων, "ὅτε Τυνδαριδᾶν ἀδελφῶν ἅλιον ναύταν πόθος βάλλει," πόλιν δὲ μεταχειρίσασθαι καὶ πεῖσαι δῆμον βουλὴν δύναιτ´ ἂν ὀρθῶς νέος ἀναγνοὺς βίβλον σχολὴν περὶ πολιτείας ἐν Λυκείῳ γραψάμενος, ἂν μὴ παρ´ ἡνίαν καὶ παρ´ οἴακα πολλάκις στὰς δημαγωγῶν καὶ στρατηγῶν ἀγωνιζομένων ἐμπειρίαις ἅμα καὶ τύχαις συναποκλίνων ἐπ´ ἀμφότερα, μετὰ κινδύνων καὶ πραγμάτων λάβῃ τὴν μάθησιν; οὐκ ἔστιν εἰπεῖν· ἀλλ´ εἰ διὰ μηδὲν ἄλλο τῷ γέροντι παιδείας ἕνεκα τῶν νέων καὶ διδασκαλίας πολιτευτέον ἐστίν. ὡς γὰρ οἱ γράμματα καὶ μουσικὴν διδάσκοντες, αὐτοὶ προανακρούονται καὶ προαναγινώσκουσιν ὑφηγούμενοι τοῖς μανθάνουσιν, οὕτως πολιτικὸς οὐ λέγων μόνον οὐδ´ ὑπαγορεύων ἔξωθεν ἀλλὰ πράττων τὰ κοινὰ καὶ διοικῶν ἐπευθύνει τὸν νέον, ἔργοις ἅμα καὶ λόγοις πλαττόμενον ἐμψύχως καὶ κατασχηματιζόμενον. γὰρ τοῦτον ἀσκηθεὶς τὸν τρόπον οὐκ ἐν παλαίστραις καὶ κηρώμασιν ἀκινδύνοις εὐρύθμων σοφιστῶν, ἀλλ´ ὡς ἀληθῶς ἐν Ὀλυμπιακοῖς καὶ Πυθικοῖς ἀγῶσιν "ἄθηλος ἵππῳ πῶλος ὣς ἅμα τρέχει" κατὰ Σιμωνίδην, ὡς Ἀριστείδης Κλεισθένει καὶ Κίμων Ἀριστείδῃ καὶ Φωκίων Χαβρίᾳ καὶ Κάτων Μαξίμῳ Φαβίῳ καὶ Σύλλᾳ Πομπήιος καὶ Φιλοποίμενι Πολύβιος· νέοι γὰρ ὄντες πρεσβυτέροις ἐπιβάλλοντες, εἶθ´ οἷον παραβλαστάνοντες καὶ συνεξανιστάμενοι ταῖς ἐκείνων πολιτείαις καὶ πράξεσιν, ἐμπειρίαν καὶ συνήθειαν ἐκτῶντο πρὸς τὰ κοινὰ μετὰ δόξης καὶ δυνάμεως. [12] Le renard d'Esope ne laissait pas faire le hérisson, qui voulait le débarrasser de ses tiques : «Si tu les chasses maintenant qu'elles sont pleines, disait-il, d'autres viendront qui seront affamées.» Q'une cité écarte tour à tour ses vieillards, nécessairement elle se remplira de jeunes gens qui auront soif de gloire et d'autorité, mais qui manqueront de la prudence nécessaire à l'homme d'Etàt. Où l'auraient-ils acquise, s'ils ne sont instruits par les leçons et par l'exemple de quelque vieillard maniant les affaires ? Ce qui constitue un pilote, ce n'est pas d'avoir lu des ouvrages traitant de la navigation. II faut que bien des fois il ait assisté sur la poupe du navire aux efforts déployés par un équipage contre les vagues, contre les vents, contre une nuit orageuse, "Lorsque, battu des flots, le marin en souffrance Des deux frères d'Hélène implorait l'assistance." Tenir une cité sous sa main, persuader utilement un peuple, un sénat, pourra-ce être l'oeuvre d'un jeune homme, parce qu'il aura lu tel et tel livre, ou qu'il aura, dans le Lycée, écrit une dissertation sur la science du gouvernement? Ne faudra-t-il pas qu'installé bien souvent auprès de celui qui tient les rênes ou le gouvernail, il ait suivi les manoeuvres des hommes d'État, des généraux, et constaté leurs efforts? Ne faudra-t-il pas qu'il se soit associé à leurs vicissitudes dans l'une et dans l'autre fortune? qu'il ait partagé leurs périls, leurs embarras? qu'enfin il se soit instruit à leur école? C'est ce qu'il est impossible de ne pas reconnaître. Même quand ce ne serait pas dans une autre intention que celle de former et d'instruire les jeunes gens, un vieillard devrait s'occuper des affaires publiques. Car, de même que les maîtres de lecture et les maîtres de musique commencent par jouer et par lire eux-mêmes, pour montrer à leurs élèves comment il faut s'y prendre; de même, l'homme d'État ne doit pas se borner à donner des avis ou à souffler des conseils en dehors des affaires. Il faut qu'elles soient dirigées par lui, il faut qu'il administre, pour tracer au jeune homme la route à suivre; il faut que ses actes, en même temps que sa parole, le façonnent et le moulent au vif. Parlez-moi d'un jeune athlète exercé de cette façon, et non pas dans des palestres où on le frotte de cire et où il n'y a rien de périlleux : j'entends par là ces écoles où président des sophistes aux périodes savamment arrondies. Je veux de véritables courses d'Olympie et de Delphes, où " ... le poulain qui tette encor sa mère Avec elle s'élance et fournit la carrière," pour parler comme Simonide. Ainsi Clisthène put former Aristide, et Aristide, Cimon. Chabrias fut le maître de Phocion, Fabius Maximus, celui de Caton , Sylla, celui de Pompée , Philopémen, celui de Polybe. Les jeunes gens s'attachaient aux vieillards, et grandissaient pour ainsi dire à leur ombre. Les mesures politiques prises par de tels maîtres, les actes de leur gouvernement fortifiaient ces jeunes esprits, leur donnaient de l'expérience et de l'habitude, de sorte qu'ils prenaient le maniement des affaires avec autant de gloire que d'autorité.


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Dernière mise à jour : 31/05/2005