[11] Ἀλλὰ μὴν ἥ γε βασιλεία, τελεωτάτη πασῶν
οὖσα καὶ μεγίστη τῶν πολιτειῶν, πλείστας φροντίδας
ἔχει καὶ πόνους καὶ ἀσχολίας· τὸν γοῦν Σέλευκον
ἑκάστοτε λέγειν ἔφασαν, εἰ γνοῖεν οἱ πολλοὶ
τὸ γράφειν μόνον ἐπιστολὰς τοσαύτας καὶ ἀναγινώσκειν
ὡς ἐργῶδές ἐστιν, ἐρριμμένον οὐκ ἂν ἀνελέσθαι
διάδημα· τὸν δὲ Φίλιππον ἐν καλῷ χωρίῳ
μέλλοντα καταστρατοπεδεύειν, ὡς ἤκουσεν ὅτι
χόρτος οὐκ ἔστι τοῖς ὑποζυγίοις "ὦ Ἡράκλεις,"
εἰπεῖν, "οἷος ἡμῶν ὁ βίος, εἰ καὶ πρὸς τὸν τῶν
ὄνων καιρὸν ὀφείλομεν ζῆν." ὥρα τοίνυν καὶ
βασιλεῖ παραινεῖν πρεσβύτῃ γεγενημένῳ τὸ μὲν
διάδημα καταθέσθαι καὶ τὴν πορφύραν, ἱμάτιον δ´
ἀναλαβόντα καὶ καμπύλην ἐν ἀγρῷ διατρίβειν, μὴ
δοκῇ περίεργα καὶ ἄωρα πράττειν ἐν πολιαῖς
βασιλεύων. εἰ δ´ οὐκ ἄξιον ταῦτα λέγειν περὶ
Ἀγησιλάου καὶ Νομᾶ καὶ Δαρείου, μηδὲ τῆς ἐξ
Ἀρείου πάγου βουλῆς Σόλωνα μηδὲ τῆς συγκλήτου
Κάτωνα διὰ τὸ γῆρας ἐξάγωμεν, οὐκοῦν μηδὲ
Περικλεῖ συμβουλεύωμεν ἐγκαταλιπεῖν τὴν δημοκρατίαν·
οὐδὲ γὰρ ἄλλως λόγον ἔχει νέον ὄντα
κατασκιρτῆσαι τοῦ βήματος, εἶτ´ ἐκχέαντα τὰς
μανικὰς ἐκείνας φιλοτιμίας καὶ ὁρμὰς εἰς τὸ δημόσιον,
ὅταν ἡ τὸ φρονεῖν ἐπιφέρουσα δι´ ἐμπειρίαν
ἡλικία παραγένηται, προέσθαι καὶ καταλιπεῖν ὥσπερ
γυναῖκα τὴν πολιτείαν καταχρησάμενον.
| [11] La royauté, qui est la forme de gouvernement la plus
complète et la plus imposante, recèle bien des soucis, bien
des labeurs, bien des embarras. Aussi rapporte-t-on que
Séleucus disait à chaque instant : «Si le commun des hommes
savait combien est pénible le seul soin d'écrire et de
lire tant de lettres, on ne ramasserait même pas un diadème
tombé à terre." Philippe se disposant à camper dans une
position avantageuse, on vint lui apprendre qu'il n'y avait
pas de fourrage pour les bêtes de somme: «Par Hercule!
s'écria-t-il, que notre existence est peu de chose, s'il nous
faut vivre selon les convenances d'un âne!" Est-ce donc
l'heure, quand un roi aussi est devenu vieux, de l'engager
à déposer le diadème et la pourpre, et à prendre une cape
et une houlette pour vivre dans les champs, afin qu'il ne
semble pas jouer un rôle inutile et déplacé en régnant avec
une barbe blanche? Si c'est là un langage qu'il ne serait pas
convenable de faire entendre en parlant à un Agésilas, à un
Numa, à un Darius, ne chassons pas non plus un Solon de
l'Aréopage, un Caton du Sénat, en alléguant leur vieillesse.
Ne conseillons pas davantage à un Périclès de renoncer au
gouvernement du peuple. Ne serait-ce pas d'ailleurs une
inconséquence? Jeune on se serait follement escrimé à la
tribune, et ensuite, après avoir épuisé dans la vie publique
sa fougue d'ambition et son impétuosité, on irait, au moment
où l'âge donne l'expérience et avec elle les bons conseils,
on irait lâcher les affaires publiques, et on les abandonnerait
comme on en agit avec une femme après avoir satisfait
auprès d'elle une fantaisie!
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