HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'usage des viandes

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[998] « Ποτίμῳ λόγῳ » ὥς φησιν Πλάτων (998a) ἁλμυρὰν « ἀκοὴν ἀποκλυζομένους ». Εἰ δὲ θείη τις τὰ βιβλία παρ´ ἄλληλα καὶ τοὺς λόγους, ἐκεῖνα μὲν Σκύθαις φιλοσοφῆσαι καὶ Σογδιανοῖς καὶ Μελαγχλαίνοις, περὶ ὧν Ἡρόδοτος ἱστορῶν ἀπιστεῖται· τὰ δὲ Πυθαγόρου καὶ Ἐμπεδοκλέους δόγματα νόμοι τῶν παλαιῶν ἦσαν Ἑλλήνων καὶ πυρία καὶ δίαιται - - - {ὅτι πρὸς τὰ ἄλογα ζῷα δίκαιον ἡμῖν οὐδὲν ἔστι.} Τίνες οὖν ὕστερον τοῦτ´ ἔγνωσαν; « Οἳ πρῶτοι κακοεργὸν ἐχαλκεύσαντο μάχαιραν εἰνοδίην, πρῶτοι δὲ βοῶν ἐπάσαντ´ ἀροτήρων. » Οὕτω τοι καὶ οἱ τυραννοῦντες ἄρχουσι μιαιφονίας. Ὥσπερ (998b) γὰρ τὸ πρῶτον ἀπέκτειναν Ἀθήνησι τὸν κάκιστον τῶν συκοφαντῶν, ὃς ἐπιτήδειος προσηγορεύθη, καὶ δεύτερον ὁμοίως καὶ τρίτον· εἶτ´ ἐκ τούτου συνήθεις γενόμενοι Νικήρατον περιεώρων ἀπολλύμενον τὸν Νικίου καὶ Θηραμένη τὸν στρατηγὸν καὶ Πολέμαρχον τὸν φιλόσοφον· οὕτω τὸ πρῶτον ἄγριόν τι ζῷον ἐβρώθη καὶ κακοῦργον, εἶτ´ ὄρνις τις ἰχθὺς εἵλκυστο· καὶ γευσάμενον οὕτω καὶ προμελετῆσαν ἐν ἐκείνοις τὸ φονικὸν ἐπὶ βοῦν ἐργάτην ἦλθε καὶ τὸ κοσμοῦν πρόβατον καὶ τὸν οἰκουρὸν ἀλεκτρυόνα· καὶ κατὰ μικρὸν οὕτω τὴν ἀπληστίαν στομώσαντες (998c) ἐπὶ σφαγὰς ἀνθρώπων καὶ πολέμους καὶ φόνους προῆλθον. Ἀλλ´ ἐὰν μὴ προσαποδείξῃ τις, ὅτι χρῶνται κοινοῖς αἱ ψυχαὶ σώμασιν ἐν ταῖς παλιγγενεσίαις καὶ τὸ νῦν λογικὸν αὖθις γίγνεται ἄλογον καὶ πάλιν ἥμερον τὸ νῦν ἄγριον, ἀλλάσσει δ´ φύσις ἅπαντα καὶ μετοικίζει « Σαρκῶν ἀλλογνῶτι περιστέλλουσα χιτῶνι » αῦτ´ οὐκ ἀποτρέψει τὸ ἀνήμερον, τὸ ἀκόλαστον, τὸ καὶ σώματι νόσους καὶ βαρύτητας ἐμποιοῦν καὶ ψυχὴν ἐπὶ πόλεμον ἀνομώτερον τρεπομένην διαφθεῖρον, ὅταν ἐθισθῶμεν {μὴ} αἵματος ἄνευ καὶ φόνου μὴ ξένον ἑστιᾶν, μὴ γάμον ἑορτάζειν, μὴ φίλοις συγγίγνεσθαι. (998d) Καίτοι τῆς λεγομένης ταῖς ψυχαῖς εἰς σώματα πάλιν μεταβολῆς εἰ μὴ πίστεως ἄξιον τὸ ἀποδεικνύμενον, ἀλλ´ εὐλαβείας γε μεγάλης καὶ δέους τὸ ἀμφίβολον. Οἷον εἴ τις ἐν νυκτομαχίᾳ στρατοπέδων ἀνδρὶ πεπτωκότι καὶ τὸ σῶμα κρυπτομένῳ τοῖς ὅπλοις ἐπιφέρων ξίφος ἀκούσειέ τινος λέγοντος οὐ πάνυ μὲν εἰδέναι βεβαίως, οἴεσθαι δὲ καὶ δοκεῖν υἱὸν αὐτοῦ τὸν κείμενον ἀδελφὸν πατέρα σύσκηνον εἶναι· τί βέλτιον, ὑπονοίᾳ προσθέμενον οὐκ ἀληθεῖ προέσθαι τὸν ἐχθρὸν ὡς φίλον, καταφρονήσαντα τοῦ μὴ βεβαίου πρὸς πίστιν ἀνελεῖν τὸν οἰκεῖον ὡς πολέμιον; Ἐκεῖνο δεινὸν φήσετε πάντες. Σκόπει δὲ καὶ τὴν (998e) ἐν τῇ τραγῳδίᾳ Μερόπην ἐπὶ τὸν υἱὸν αὐτὸν ὡς φονέα τοῦ υἱοῦ πέλεκυν ἀραμένην καὶ λέγουσαν « Ὠνητέραν δὴ τήνδ´ ἐγὼ δίδωμί σοι πληγήν » ὅσον ἐν τῷ θεάτρῳ κίνημα ποιεῖ, συνεξορθιάζουσα φόβῳ, καὶ δέος μὴ φθάσῃ τὸν ἐπιλαμβανόμενον γέροντα καὶ τρώσῃ τὸ μειράκιον. Εἰ δ´ ἕτερος γέρων παρεστήκοι λέγων »παῖσον, πολέμιός ἐστιν« , ἕτερος δὲ « Μὴ παίσῃς, υἱός ἐστι », πότερον ἀδίκημα μεῖζον, ἐχθροῦ κόλασιν ἐκλιπεῖν διὰ τὸν υἱὸν τεκνοκτονίᾳ περιπεσεῖν ὑπὸ τῆς πρὸς τὸν ἐχθρὸν ὀργῆς; Ὁπότε τοίνυν οὐ μῖσός ἐστιν οὐδὲ θυμὸς πρὸς τὸν φόνον ἐξάγων ἡμᾶς οὐδ´ ἄμυνά τις οὐδὲ φόβος (998f) ὑπὲρ αὑτῶν, ἀλλ´ εἰς ἡδονῆς μέρος ἕστηκεν ἱερεῖον ἀνακεκλασμένῳ τραχήλῳ ὑποκείμενον, εἶτα λέγει τῶν φιλοσόφων μέν « Κατάκοψον, ἄλογόν ἐστι τὸ ζῷον », δέ « ἀνάσχου· τί γὰρ εἰ συγγενοῦς φίλου τινος ἐνταῦθα ψυχὴ κεχώρηκεν; » Ἴσος γ´, θεοί, καὶ ὅμοιος κίνδυνος, ἐκεῖ, ἂν ἀπειθῶ, μὴ φαγεῖν κρέας, ἐνταῦθα δ´, ἂν ἀπιστῶ, φονεῦσαι τέκνον ἕτερον οἰκεῖον. [998] et d'adoucir, suivant le conseil de Platon, (998a) par des discours humains, des maximes pleines d'amertume. Si nous comparons ces écrits avec ceux de nos sages, on se convaincra que la philosophie des premiers ne convient qu'à des Sogdiens et à des Mélanchlènes, dont Hérodote raconte des choses incroyables, et que les dogmes de Pythagore et d'Empédocle sont conformes aux lois et aux usages des anciens Grecs. On dira peut-être que nous ne devons aucune justice à des animaux privés de raison. Quels hommes ont établi une opinion semblable? "Ce sont ceux qui forgeant l'acier homicide Versèrent les premiers le sang d'un bœuf timide, Et de sa chair sanglante osèrent se nourrir". C'est ainsi que les tyrans s'essaient aux meurtres. (998b) Ceux d'Athènes firent mourir d'abord le plus méchant des sycophantes nommé Epitédius, ensuite un second, puis un troisième. Bientôt les Athéniens, accoutumés à voir verser le sang, souffrirent qu'on fit périr Nicératus, fils de Nicias, le général Théramène et le philosophe Polémarque. De même dans les commencements on mangea un animal sauvage et malfaisant, ensuite un oiseau et un poisson pris dans des filets. Quand une fois on eut goûté la chair des animaux, on en vint insensiblement, par des essais répétés, jusqu'à manger le bœuf qui partage nos travaux, la brebis dont la toison nous couvre, et le coq qui fait sentinelle dans nos maisons. Ainsi cette insatiable cupidité s'étant peu à peu fortifiée, on a été jusqu'à égorger les hommes, (998c) à les massacrer et à leur faire des guerres cruelles. Il faut donc prouver que dans la seconde naissance, les âmes vont habiter indifféremment tous les corps, que celle qui animait le corps d'un homme passe dans celui d'une brute, et celle d'une bête féroce dans un animal domestique ; que la nature changeant ainsi, et transportant toutes les âmes, "Les place tour à tour dans des corps différents". Sans cela, les autres considérations ne suffiront pas pour détourner les hommes d'un genre d'intempérance qui engendre dans le corps des maladies funestes, et qui dégrade l'âme en la livrant à des guerres injustes et cruelles. Tous ces maux sont la suite nécessaire de l'habitude que nous avons prise de ne pas recevoir un étranger, de ne pas célébrer une noce ou traiter des amis sans verser du sang et sans commettre des meurtres. (998d) Mais quoique la doctrine du passage des âmes en divers corps ne soit pas démontrée, le doute seul ne doit-il pas nous imposer la plus grande réserve et la plus grande crainte ? Si dans un combat nocturne un homme fondait l'épée à la main sur un ennemi renversé et couvert de ses armes, et que quelqu'un lui dit qu'il soupçonne que la personne qui est à ses pieds est son père, son fils, son frère ou son ami, que devrait-il faire ? Suivre cet avis douteux et sauver un ennemi en le croyant son ami ; ou, sans égard pour un doute trop vague, tuer son parent ou son ami en le prenant pour un ennemi? Il n'est personne qui ne frémisse de cette dernière supposition. (998e) Quand Mérope, dans la tragédie qui porte son nom, lève la hache sur son propre fils, qu'elle prend pour son meurtrier, et que, prête à le frapper, elle s'écrie : "Je vais donc t'immoler à ma juste vengeance" ! quel frémissement n'excite-t-elle pas dans tout le théâtre ! Dans quelle incertitude cruelle ne met-elle pas tous les spectateurs, par la crainte qu'ils ont qu'elle ne prévienne l'arrivée du vieillard qui doit arrêter son bras et qu'elle ne tue son fils ! Si dans ce moment un vieillard fût venu lui dire : "Frappez, c'est votre ennemi", et qu'en même temps un autre lui eût dit : "Arrêtez, c'est votre fils", quel crime eût été plus grand, ou de sacrifier la vengeance d'un ennemi à la crainte de faire périr son fils, ou de se rendre coupable du meurtre de son fils en voulant immoler son ennemi? Puis donc que ce n'est ni la haine, ni la colère, ni la crainte, (998f) ni le désir de la vengeance, qui nous portent à égorger les animaux, et que c'est uniquement pour un léger plaisir que nous plongeons le couteau dans le sein de ces malheureuses victimes, supposons qu'un philosophe vienne nous dire : "Frappez, c'est un être prive de raison", et qu'un autre nous dise au contraire : "Arrêtez ! que savez-vous si l'âme d'un de vos parents ou celle d'un dieu n'est pas logée dans ce corps"? Serait-ce donc, ô dieux ! un égal danger de croire ce dernier et de ne pas frapper l'animal, ou, en refusant de le croire, de s'exposer à tuer son fils ou son parent?


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Dernière mise à jour : 28/11/2007