HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'usage des viandes

Page 994

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[994] Βαλάνουδὲ γευσάμενοι καὶ φαγόντες ἐχορεύσαμεν ὑφ´ ἡδονῆς περὶ δρῦν τινα καὶ φηγόν, ζείδωρον καὶ μητέρα καὶ τροφὸν (994a) ἀποκαλοῦντες· ἐκείνην | {ἣν} τότε βίος ἑορτὴν ἔγνω, τὰ δ´ ἄλλα φλεγμονῆς ἦν ἅπαντα μεστὰ καὶ στυγνότητος. Ὑμᾶς δὲ τοὺς νῦν τίς λύσσα καὶ τίς οἶστρος ἄγει πρὸς μιαιφονίαν, οἷς τοσαῦτα περίεστι τῶν ἀναγκαίων; Τί καταψεύδεσθε τῆς γῆς ὡς τρέφειν μὴ δυναμένης; Τί τὴν θεσμοφόρον ἀσεβεῖτε Δήμητραν καὶ τὸν ἡμερίδην καὶ μειλίχιον αἰσχύνετε Διόνυσον, ὡς οὐχ ἱκανὰ παρὰ τούτων λαμβάνοντες; Οὐκ αἰδεῖσθε τοὺς ἡμέρους καρποὺς αἵματι καὶ φόνῳ μιγνύοντες; Ἀλλὰ δράκοντας ἀγρίους καλεῖτε καὶ παρδάλεις καὶ λέοντας, αὐτοὶ δὲ μιαιφονεῖτ´ εἰς ὠμότητα καταλιπόντες ἐκείνοις οὐδέν· (994b) ἐκείνοις μὲν γὰρ φόνος τροφή, ὑμῖν δ´ ὄψον ἐστίν » . - - - Οὐ γὰρ δὴ λέοντάς γ´ ἀμυνόμενοι καὶ λύκους ἐσθίομεν· ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐῶμεν, τὰ δ´ ἀβλαβῆ καὶ χειροήθη καὶ ἄκεντρα καὶ νωδὰ πρὸς τὸ δακεῖν συλλαμβάνοντες ἀποκτιννύομεν, νὴ Δία καὶ κάλλους ἕνεκα καὶ χάριτος φύσις ἔοικεν ἐξενεγκεῖν. - - - Ὅμοιον ὡς εἴ τις τὸν Νεῖλον ὁρῶν πλημμυροῦντα καὶ τὴν χώραν ἐμπιπλάντα γονίμου καὶ καρποφόρου ῥεύματος μὴ τοῦτο θαυμάζοι τοῦ φερομένου, τὸ φυτάλμιον καὶ εὔφορον τῶν ἡμερωτάτων καὶ βιωφελεστάτων καρπῶν, ἀλλ´ ἰδών που καὶ κροκόδειλον ἐννηχόμενον καὶ ἀσπίδα (994c) κατασυρομένην καὶ μύας, ἄγρια ζῷα καὶ μιαρά, ταύτας λέγοι τὰς αἰτίας τῆς μέμψεως κατὰ τῆς τοῦ πράγματος ἀνάγκης· νὴ Δία τὴν γῆν ταύτην καὶ τὴν ἄρουραν ἀποβλέψας ἐμπεπλησμένην ἡμέρων καρπῶν καὶ βρίθουσαν ἀσταχύων, ἔπειθ´ ὑποβλέψας που τοῖς ληίοις τούτοις καί πού τινος αἴρας στάχυν ἐνιδὼν καὶ ὀροβάγχην, εἶτ´ ἀφεὶς ἐκεῖνα καρποῦσθαι καὶ ληίζεσθαι μέμφοιτο περὶ τούτων. Τί οὖν, εἰ καὶ λόγον ῥήτορος ὁρῶν ἐν δίκῃ τινὶ καὶ συνηγορίᾳ πληθύοντα καὶ φερόμενον ἐπὶ βοηθείᾳ κινδύνων νὴ Δί´ ἐλέγχῳ καὶ κατηγορίᾳ τολμημάτων καὶ (994d) ἀποδείξεων, ῥέοντα δὲ καὶ φερόμενον οὐχ ἁπλῶς οὐδὲ λιτῶς, ἀλλ´ ὁμοῦ πάθεσι πολλοῖς μᾶλλον δὲ παντοδαποῖς, εἰς ψυχὰς ὁμοίως πολλὰς καὶ ποικίλας καὶ διαφόρους τῶν ἀκροωμένων τῶν δικαζόντων, ἃς δεῖ τρέψαι καὶ μεταβαλεῖν νὴ Δία πραναι καὶ ἡμερῶσαι καὶ καταστῆσαι, εἶτα παρεὶς τοῦτο τοῦ πράγματος ὁρᾶν καὶ μετρεῖν τὸ φύλαιον καὶ ἀγώνισμα, παραρρήσεις ἐκλέγοι, ἃς κατιὼν λόγος συγκατήνεγκε τῇ ῥύμῃ τῆς φορᾶς, συνεκπεσούσας καὶ παρολισθούσας τῷ λοιπῷ τοῦ λόγου; Καὶ δημηγόρου τινὸς ὁρῶν - - -. Ἀλλ´ οὐδὲν ἡμᾶς δυσωπεῖ, οὐ χρόας ἀνθηρὸν εἶδος, (994e) οὐ φωνῆς ἐμμελοῦς πιθανότης, οὐ πανουργία ψυχῆς, οὐ τὸ καθάριον ἐν διαίτῃ καὶ περιττὸν ἐν συνέσει τῶν ἀθλίων, ἀλλὰ σαρκιδίου μικροῦ χάριν ἀφαιρούμεθα ψυχήν, ἡλίου φῶς, τὸν τοῦ βίου χρόνον, ἐφ´ γέγονε καὶ πέφυκεν. εἶθ´ ἃς φθέγγεται καὶ διατρίζει φωνὰς ἀνάρθρους εἶναι δοκοῦμεν, οὐ παραιτήσεις καὶ δεήσεις καὶ δικαιολογίας ἑκάστου λέγοντος « Οὐ παραιτοῦμαί σου τὴν ἀνάγκην ἀλλὰ τὴν ὕβριν· ἵνα φάγῃς ἀπόκτεινον, ἵνα δ´ ἥδιον φάγῃς μή μ´ ἀναίρει. » τῆς ὠμότητος· δεινὸν μέν ἐστι καὶ τιθεμένην ἰδεῖν τράπεζαν ἀνθρώπων πλουσίων νεκροκόσμοις χρωμένων (994f) μαγείροις καὶ ὀψοποιοῖς, δεινότερον δ´ ἀποκομιζομένην· πλείονα γὰρ τὰ λειπόμενα τῶν βεβρωμένων ἐστίν· οὐκοῦν ταῦτα μάτην ἀπέθανεν· ἕτερα δὲ φειδόμενοι τῶν παρατεθέντων οὐκ ἐῶσι τέμνειν οὐδὲ κατακόπτειν, παραιτούμενοι νεκρά, ζώντων δ´ οὐκ ἐφείσαντο. Ἀλλ´ ἄγε παρειλήφαμεν ἐκείνους λέγειν τοὺς ἄνδρας ἀρχὴν ἔχειν τὴν φύσιν - - - ὅτι γὰρ οὐκ ἔστιν ἀνθρώπῳ κατὰ φύσιν τὸ σαρκοφαγεῖν, πρῶτον μὲν ἀπὸ τῶν σωμάτων δηλοῦται τῆς κατασκευῆς. Οὐδενὶ γὰρ ἔοικε τὸ ἀνθρώπου σῶμα τῶν ἐπὶ σαρκοφαγίᾳ γεγονότων, οὐ γρυπότης χείλους, οὐκ ὀξύτης ὄνυχος, [994] (994a) C'étaient alors leurs uniques fêtes ; tout le reste de la vie humaine n'était que peine et que misère. « Mais vous, quelle fureur, quelle rage vous porte à commettre des meurtres, quand vous êtes rassasiés de biens et que vous regorgez de vivres ? Pourquoi mentez-vous contre la terre en l'accusant de ne pouvoir vous nourrir ? pourquoi péchez-vous contre Cérès, inventrice des saintes lois ? pourquoi déshonorez-vous le gracieux Bacchus, consolateur des hommes, comme si leurs dons ne suffisaient pas à la conservation du genre humain? Comment osez-vous mêler avec leurs doux fruits le sang et le carnage ? Et après cela vous appelez bêtes féroces les dragons, les panthères et les lions, tandis que, souillant vos mains par des meurtres, vous ne vous montrez pas moins féroces qu'eux. (994b) Ils tuent les autres animaux pour vivre, et vous les égorgez pour vous livrer à vos cruelles délices. » En effet, nous ne mangeons ni les lions ni les loups après les avoir tués en nous défendant contre eux. Nous les laissons tranquilles, et nous égorgeons des bêtes douces et innocentes, qui n'ont ni aiguillons ni dents meurtrières, et que la nature semble avoir produites pour nous faire jouir de leur grâce et de leur beauté. Que penserait-on d'un homme qui, voyant le Nil débordé couvrir les campagnes de ses eaux fécondantes, au lieu d'admirer la propriété qu'elles ont de produire les fruits les plus doux et les plus utiles, frappé d'y voir nager des crocodiles et des serpents (994c) ou voltiger des essaims de mouches sauvages et malfaisantes, leur imputerait ces vices accidentels? ou de celui qui, apercevant, parmi les fruits excellents et les riches moissons dont les champs sont couverts, quelques épis d'ivraie ou de nielle, ne ferait point attention à la bonté des premières productions et se plaindrait de ces mauvaises herbes? Quand un orateur au barreau, pour sauver son client ou pour convaincre un accusé de ses crimes, réunit les preuves les plus convaincantes, (994d) et qu'au lieu d'observer une marche simple et unie, il déploie les mouvements des passions les plus vives, les plus capables d'émouvoir ou ses auditeurs ou ses juges, de les enflammer et de les calmer à son gré, serait-il juste de ne lui tenir aucun compte de tant de beautés, ni de tout ce qu'il lui en a coûté de peines et de soins pour traiter dignement son sujet, et de relever minutieusement quelques expressions inexactes qui lui auraient échappé dans le feu de la composition ? Voilà cependant ce que nous faisons ; nous ne sommes sensibles ni aux belles couleurs qui parent quelques uns de ces animaux, (994e) ni à l'harmonie de leurs chants, ni à la simplicité et à la frugalité de leur vie, ni à leur adresse et à leur intelligence; et, par une sensualité cruelle, nous égorgeons ces bêtes malheureuses, nous les privons de la lumière des cieux, nous leur arrachons cette faible portion de vie que la nature leur avait destinée. Croyons-nous d'ailleurs que les cris qu'ils font entendre ne soient que des sons inarticulés, et non pas des prières et de justes réclamations de leur part? Ne semblent-ils pas nous dire : Si c'est la nécessité qui vous force à nous traiter ainsi, nous ne nous plaindrons pas, nous ne réclamons que contre une violence injuste. Avez-vous besoin de nourriture? égorgez-nous. Ne cherchez-vous que des mets plus délicats ? laissez-nous vivre, et ne nous traitez pas avec tant de cruauté. C'est un spectacle dégoûtant que de voir servir sur les tables des riches ces corps morts (994f) que l'art des cuisiniers déguise sous tant de formes différentes ; mais c'en est un plus horrible encore que de les voir desservir. Les restes sont toujours plus considérables que ce qu'on a mangé. Combien donc d'animaux tués inutilement ! D'autres ne touchent point à une partie des mets qu'on leur a servis, ils ne souffrent pas qu'on coupe les viandes qu'ils ont laissées, et eux-mêmes ils n'ont pas honte de mettre en pièces des animaux vivants. L'usage de manger de la viande est, dit-on, fondé sur la nature. Mais d'abord la conformation seule du corps humain prouve le contraire ; elle ne ressemble à celle d'aucun des animaux carnivores. L'homme n'a ni un bec crochu ni des griffes ou des serres,


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Dernière mise à jour : 28/11/2007