[9] ΛΥΚΙΑΙ.
Τὸ δ´ ἐν Λυκίᾳ γενέσθαι λεγόμενον μυθῶδες μέν ἐστιν,
ἔχει δέ τινα φήμην ὁμοῦ μαρτυροῦσαν. Ἀμισώδαρος γάρ,
ὥς φασιν, ὃν Ἰσάραν Λύκιοι καλοῦσιν, ἧκεν ἐκ τῆς περὶ
Ζέλειαν ἀποικίας Λυκίων, λῃστρίδας ἄγων ναῦς, ὧν
Χίμαρρος ἡγεῖτο, πολεμιστὴς μὲν ἀνὴρ ὠμὸς δὲ καὶ
θηριώδης. ἔπλει δὲ πλοίῳ λέοντα μὲν ἔχοντι πρῴραθεν
ἐπίσημον, ἐκ δὲ πρύμνης δράκοντα, καὶ πολλὰ κακὰ
τοὺς Λυκίους ἐποίει, καὶ πλεῦσαι τὴν θάλατταν οὐκ ἦν
οὐδὲ τὰς ἐγγὺς θαλάττης πόλεις οἰκεῖν. τοῦτον οὖν
ἀποκτείνας ὁ Βελλεροφόντης φεύγοντα τῷ Πηγάσῳ διώξας,
ἐκβαλὼν δὲ καὶ τὰς Ἀμαζόνας, οὐδενὸς ἐτύγχανε
τῶν δικαίων, ἀλλ´ ἦν ἀδικώτατος περὶ αὐτὸν Ἰοβάτης·
ὅθεν εἰς τὴν θάλατταν ἐμβὰς ηὔξατο κατ´ αὐτοῦ τῷ
Ποσειδῶνι τὴν χώραν ἄκαρπον γενέσθαι καὶ ἀνόνητον.
εἶθ´ ὁ μὲν ἀπῄει κατευξάμενος, κῦμα δὲ διαρθὲν ἐπέκλυζε
τὴν γῆν, καὶ θέαμα δεινὸν ἦν ἑπομένης μετεώρου τῆς
θαλάττης καὶ ἀποκρυπτούσης τὸ πεδίον. ἐπεὶ δὲ τῶν
ἀνδρῶν δεομένων τὸν Βελλεροφόντην ἐπισχεῖν οὐδὲν ἔπειθον,
αἱ γυναῖκες ἀνασυράμεναι τοὺς χιτωνίσκους ἀπήντησαν
αὐτῷ· πάλιν οὖν ὑπ´ αἰσχύνης ἀναχωροῦντος ὀπίσω
καὶ τὸ κῦμα λέγεται συνυποχωρῆσαι. τινὲς δὲ τοῦ λόγου
τούτου παραμυθούμενοι τὸ μυθῶδες οὔ φασι κατάραις
ὑπαγαγέσθαι τὴν θάλασσαν αὐτόν, ἀλλὰ τοῦ πεδίου τὸ
πιότατον ὑποκεῖσθαι τῇ θαλάσσῃ ταπεινότερον· ὀφρὺν δὲ
παρατείνουσαν ἀκτῆς, ἣ διεῖργε τὴν θάλασσαν, ἐκρῆξαι
τὸν Βελλεροφόντην, καὶ βίᾳ τοῦ πελάγους ἐπιφερομένου
καὶ κατακλύζοντος τὸ πεδίον τοὺς μὲν ἄνδρας οὐδὲν
περαίνειν δεομένους αὐτοῦ, τὰς δὲ γυναῖκας ἀθρόας
περιχυθείσας αἰδοῦς τυχεῖν καὶ ἀποπαῦσαι τὴν ὀργήν.
οἱ δ´ ὅλως τὴν λεγομένην Χίμαιραν ὄρος ἀντήλιον γεγονέναι
φασὶ καὶ ποιεῖν ἀνακλάσεις {καὶ ἀνακαύσεις} ἐν
τῷ θέρει χαλεπὰς καὶ πυρώδεις, ὑφ´ ὧν ἀνὰ τὸ πεδίον
σκεδαννυμένων μαραίνεσθαι τοὺς καρπούς. τὸν δὲ Βελλεροφόντην
συμφρονήσαντα διακόψαι τοῦ κρημνοῦ τὸ
λειότατον καὶ μάλιστα τὰς ἀνακλάσεις ἀνταποστέλλον·
ἐπεὶ δ´ οὐκ ἐτύγχανε χάριτος, ὀργῇ πρὸς ἄμυναν τραπέσθαι
τῶν Λυκίων, πεισθῆναι δ´ ὑπὸ τῶν γυναικῶν. ἣν
δὲ Νύμφις ἐν τῷ τετάρτῳ περὶ Ἡρακλείας
αἰτίαν εἴρηκεν, ἥκιστα μυθώδης ἐστί· λέγει γάρ,
ὅτι σῦν ἄγριον ἐν τῇ Ξανθίων χώρᾳ καὶ ζῷα καὶ καρποὺς
λυμαινόμενον ἀνελὼν ὁ Βελλεροφόντης οὐδεμιᾶς ἐτύγχανεν
ἀμοιβῆς· καταρασαμένου δὲ τῶν Ξανθίων αὐτοῦ
πρὸς τὸν Ποσειδῶνα πᾶν τὸ πεδίον ἐξήνθησεν ἁλμυρίδα
καὶ διέφθαρτο παντάπασι, τῆς γῆς πικρᾶς γενομένης·
μέχρι οὗ τὰς γυναῖκας αἰδεσθεὶς δεομένας εὔξατο τῷ
Ποσειδῶνι τὴν ὀργὴν ἀφεῖναι. διὸ καὶ νόμος ἦν τοῖς
Ξανθίοις μὴ πατρόθεν ἀλλ´ ἀπὸ μητέρων χρηματίζειν.
| [9] LYCIENNES.
Le fait que l'on donne comme s'étant passé en Lycie est,
bien que fabuleux, consigné par le témoignage d'une tradition.
Il est dit qu'un certain Amisodore, appelé Isaras
par les Lyciens, était venu de Zélée, colonie Lycienne, conduisant
des brigantins dont le capitaine était Chimarrus,
guerrier intrépide, mais au coeur farouche et inhumain. Ce
Chimarrus montait un bâtiment qui avait pour enseigne un
lion à la proue et un dragon à la poupe. Il fit beaucoup de
mal aux Lyciens, tellement que l'on ne pouvait plus naviguer,
ni habiter les villes du littoral. Il fut donc tué par Bellérophon,
qui se mit à sa poursuite monté sur son Pégase, et
qui chassa également les Amazones. Mais loin d'avoir aucune
récompense digne de ses services, Bellérophon fut traité par
Iobate avec la dernière ingratitude. Etant donc venu sur le
bord de la mer, il implora contre lui la vengeance de Neptune,
demandant que le pays devînt stérile et privé de toutes
ressources; puis, ces imprécations formulées, il se retira.
Soudain les flots se soulèvent et engloutissent le sol. C'était
un spectacle effrayant, que cette mer qui le suivait en se
gonflant et qui cachait au loin la plaine. Les hommes suppliaient
Bellérophon de l'arrêter, mais ils ne le persuadèrent pas.
Alors les femmes vinrent au-devant de lui, leurs
robes relevées; et comme un sentiment de pudeur le fit se retourner
en arrière, les flots, dit-on, se retirèrent en même
temps que lui. Quelques-uns, modifiant ce qu'un tel récit
présente de fabuleux, veulent que ce ne soient pas ses imprécations
qui eussent mis les vagues en mouvement. Selon
eux, la partie la plus fertile de la plaine était au-dessous du
niveau de la mer; et comme le rivage formait un escarpement
prolongé qui retenait les eaux, Bellérophon le fit couper.
La mer alors fit violemment irruption, et le plat pays
fut inondé. Les hommes ne purent obtenir qu'il se rendit à
leurs prières; mais les femmes s'étant répandues en foule
autour de lui, il éprouva un sentiment de honte et mit un
terme à son courroux. D'autres disent tout simplement, que
la fameuse Chimère était une montagne directement opposée
au soleil, et que, recevant les rayons embrasés de cet astre
dévorant, elle en réfléchissait l'intensité et la chaleur sur la
la plaine dont tous les fruits se desséchaient par cette influence.
Bellérophon, après y avoir songé longtemps, abattit
le pan de montagne dont la surface trop polie renvoyait
le plus vivement les rayons du soleil. Mais dans la suite
n'ayant pas trouvé de reconnaissance chez les Lyciens, il résolut,
dans sa colère, de se venger d'eux, et les femmes parvinrent
à le fléchir. Du reste Nymphis, dans son quatrième
livre de l'histoire d'Héraclée, donne une explication qui n'a
rien de fabuleux. Il assure que dans le pays des Xanthiens un
sanglier sauvage portait la désolation parmi les animaux et
dévastait les fruits de la terre. Bellérophon l'ayant tué, les
Lyciens ne lui en témoignèrent aucune reconnaissance, et
alors il implora contre eux la vengeance de Neptune. De
toute la plaine se dégagèrent des exhalaisons salines qui gâtèrent
complétement le sol et le rendirent amer, jusqu'au
moment où, par égard pour les femmes qui étaient venues le
supplier, Bellérophon pria Neptune d'apaiser son courroux.
De là est venu chez les Xanthiens l'usage, quand il s'agit pour
eux d'affaires d'intérêt, de prendre non pas le nom de leurs
pères, mais celui de leurs mères.
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