[10] ΣΑΛΜΑΤΙΔΕΣ.
Ἀννίβα δὲ τοῦ Βάρκα, πρὶν ἐπὶ Ῥωμαίους στρατεύειν,
ἐν Ἰβηρίᾳ πόλει μεγάλῃ Σαλματικῇ προσμαχομένου,
πρῶτον μὲν ἔδεισαν οἱ πολιορκούμενοι καὶ συνέθεντο
ποιήσειν τὸ προσταττόμενον Ἀννίβᾳ τριακόσια
δόντες ἀργυρίου τάλαντα καὶ τριακοσίους ὁμήρους. ἀνέντος
δὲ τὴν πολιορκίαν ἐκείνου μεταγνόντες οὐδὲν ἔπραττον
ὧν ὡμολόγησαν. αὖθις οὖν ἐπιστρέψαντος αὐτοῦ καὶ
τοὺς στρατιώτας ἐπὶ διαρπαγῇ χρημάτων κελεύσαντος
ἐπιχειρεῖν τῇ πόλει, παντάπασι καταπλαγέντες οἱ βάρβαροι
συνεχώρησαν ἐξελθεῖν ἐν ἱματίῳ τοὺς ἐλευθέρους,
ὅπλα καὶ χρήματα καὶ ἀνδράποδα καὶ τὴν πόλιν καταλιπόντας.
αἱ δὲ γυναῖκες οἰόμεναι τῶν μὲν ἀνδρῶν φωράσειν
ἕκαστον ἐξιόντα τοὺς πολεμίους, αὐτῶν δ´ οὐκ ἂν
ἅψασθαι, ξίφη λαβοῦσαι καὶ ἀποκρύψασαι συνεξέπιπτον
τοῖς ἀνδράσιν. ἐξελθόντων δὲ πάντων ὁ Ἀννίβας φρουρὰν
Μασαισυλίων ἐπιστήσας ἐν τῷ προαστείῳ συνεῖχεν αὐτούς,
οἱ δ´ ἄλλοι τὴν πόλιν ἀτάκτως ἐμπεσόντες διήρπαζον.
πολλῶν δ´ ἀγομένων οἱ Μασαισύλιοι καρτερεῖν οὐκ ἠδύναντο
βλέποντες οὐδὲ τῇ φυλακῇ τὸν νοῦν προσεῖχον,
ἀλλ´ ἠγανάκτουν καὶ ἀπεχώρουν ὡς μεθέξοντες τῆς
ὠφελείας. ἐν τούτῳ δ´ αἱ γυναῖκες ἐμβοήσασαι τοῖς
ἀνδράσι τὰ ξίφη παρέδοσαν, ἔνιαι δὲ καὶ δι´ ἑαυτῶν ἐπετίθεντο
τοῖς φρουροῦσι· μία δὲ καὶ λόγχην ἐξαρπάσασα
Βάνωνος τοῦ ἑρμηνέως αὐτὸν ἐκεῖνον ἔπαισεν· ἔτυχε δὲ
τεθωρακισμένος· τῶν δ´ ἄλλων τοὺς μὲν καταβαλόντες,
τοὺς δὲ τρεψάμενοι διεξέπεσον ἀθρόοι μετὰ τῶν γυναικῶν.
πυθόμενος δ´ ὁ Ἀννίβας καὶ διώξας τοὺς μὲν καταληφθέντας
ἀνεῖλεν· οἱ δὲ τῶν ὀρῶν ἐπιλαβόμενοι παραχρῆμα
μὲν διέφυγον, ὕστερον δὲ πέμψαντες ἱκετηρίαν εἰς
τὴν πόλιν ὑπ´ αὐτοῦ κατήχθησαν, ἀδείας καὶ φιλανθρωπίας
τυχόντες.
| [10] SALMATIDES.
Annibal, fils de Barca, avant d'aller faire la guerre aux
Romains, assiégea Salmatique, ville considérable de l'Ibérie.
Dans un premier mouvement de terreur les assiégés convinrent
de se soumettre à toutes ses exigences et de lui donner
trois cents talents d'argent avec trois cents otages. Mais
dès qu'il eut levé le siége, ils se repentirent et n'exécutèrent
aucun de leurs engagements. Il revint donc sur ses pas, et
ordonna à ses troupes de faire main basse sur la ville et d'en
piller les richesses. Les Barbares, épouvantés au dernier
point, se résignèrent à ce que les citoyens de condition libre
sortissent des murs avec leurs habits seulement, et abandonnassent
leurs armes, leurs richesses, leurs esclaves et
leur ville. Alors les femmes, pensant que chaque homme au
moment où il franchirait les portes serait fouillé par les ennemis,
mais que pour elles on ne les toucherait pas, prirent
des épées qu'elles cachèrent soigneusement, et se précipitèrent
dehors en même temps que leurs époux. Lorsque
tous furent sortis, Annibal, qui avait installé une garnison
de Massézyliens, chargea ceux-ci de les garder dans le faubourg,
pendant que le reste des soldats répandus en désordre
se livreraient au pillage. Mais comme on emportait un
butin considérable, les Massézyliens ne purent se contenir à
cette vue, et sans plus s'inquiéter de la garde à laquelle ils
avaient été commis, ils quittèrent la place, fort mécontents,
pour prendre part au pillage. Alors les femmes s'étant mises
à crier présentèrent les épées à leurs maris, et même quelques-unes
se jetèrent de leur personne sur les gardiens.
Une d'elles saisit la lance d'un interprète nommé Banon, et
en frappa cet homme, qui se trouva heureusement protégé
par sa cuirasse. Pour les autres, ils furent tués ou mis en
fuite, et les maris en foule se sauvèrent dans toutes les directions
avec leurs femmes. Annibal l'ayant appris se mit à
leur poursuite. Ceux que l'on saisit furent passés au fil de
l'épée. Quant aux autres, ils atteignirent les frontières et
purent s'échapper pour le moment. Plus tard ayant envoyé
demander grâce, ils furent réintégrés dans leur ville par Annibal,
qui les traita de la manière la plus rassurante et la
plus humaine.
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