[8] ΤΥΡΡΗΝΙΔΕΣ.
Τυρρηνῶν τοίνυν τῶν Λῆμνον καὶ Ἴμβρον κατασχόντων,
ἁρπασάντων δὲ Βραυρωνόθεν τὰς Ἀθηναίων γυναῖκας,
ἐγένοντο παῖδες, οὓς ἐξήλασαν Ἀθηναῖοι μιξοβαρβάρους
ὄντας ἐκ τῶν νήσων. οἱ δ´ εἰς Ταίναρον κατάραντες
ἐγένοντο χρήσιμοι Σπαρτιάταις περὶ τὸν εἱλωτικὸν
πόλεμον, καὶ διὰ τοῦτο πολιτείας καὶ γάμων τυχόντες,
οὐκ ἀξιούμενοι δ´ ἀρχείων καὶ βουλῆς, ὑπόνοιαν
ἔσχον ὡς ἐπὶ νεωτερισμῷ συνερχόμενοι καὶ διανοούμενοι
τὰ καθεστῶτα κινεῖν. συλλαβόντες οὖν αὐτοὺς οἱ Λακεδαιμόνιοι
καὶ καθείρξαντες ἐφύλαττον ἰσχυρῶς, ζητοῦντες
ἑλεῖν σαφέσι καὶ βεβαίοις ἐλέγχοις· αἱ δὲ τῶν καθειργμένων
γυναῖκες ἐπὶ τὴν εἱρκτὴν παραγενόμεναι, πολλαῖς
ἱκεσίαις καὶ δεήσεσι παρείθησαν ὑπὸ τῶν φυλάκων
ὅσον ἀσπάσασθαι καὶ προσειπεῖν τοὺς ἄνδρας. ἐπεὶ δ´
εἰσῆλθον, ἐκέλευον αὐτοὺς μεταμφιέννυσθαι ταχὺ τὰ
ἱμάτια καὶ τὰ μὲν αὑτῶν ἐκείναις ἀπολιπεῖν, τὰ δ´
ἐκείνων ἐνδύντας αὐτοὺς ἀπιέναι περικαλυψαμένους. γενομένων
δὲ τούτων, αἱ μὲν ὑπέμειναν αὐτοῦ παραταξάμεναι
πρὸς πάντα τὰ δεινά, τοὺς δ´ ἄνδρας ἐξαπατηθέντες οἱ
φύλακες παρῆκαν ὡς δὴ γυναῖκας. ἐκ δὴ τούτου καταλαβομένων
αὐτῶν τὰ Ταΰγετα καὶ τὸ εἱλωτικὸν ἀφιστάντων
καὶ προσδεχομένων, οἱ Σπαρτιᾶται εἰς πολὺν φόβον
καταστάντες ἐπεκηρυκεύσαντο καὶ διηλλάγησαν ἐπὶ τῷ
κομίσασθαι μὲν αὐτοὺς τὰς γυναῖκας, χρήματα δὲ καὶ
ναῦς λαβόντας ἐκπλεῦσαι καὶ γῆς τυχόντας ἀλλαχόθι καὶ
πόλεως ἀποίκους Λακεδαιμονίων καὶ συγγενεῖς νομίζεσθαι.
ταῦτ´ ἔπραττον οἱ Πελασγοὶ Πόλλιν ἡγεμόνα καὶ
Δελφὸν καὶ Κραταΐδαν Λακεδαιμονίους λαβόντες· καὶ
μέρος μὲν αὐτῶν ἐν Μήλῳ κατῴκησαν· τοὺς δὲ πλείστους
οἱ περὶ Πόλλιν ἔχοντες εἰς Κρήτην ἔπλευσαν,
ἀποπειρώμενοι τῶν λογίων. ἐχρήσθη γὰρ αὐτοῖς, ὅταν
τὴν θεὸν καὶ τὴν ἄγκυραν ἀπολέσωσι, παύσασθαι πλάνης
καὶ πόλιν ἐκεῖ συνοικίζειν. ὁρμισθεῖσιν οὖν πρὸς τῇ
λεγομένῃ Χερρονήσῳ θόρυβοι πανικοὶ προσέπεσον νύκτωρ,
ὑφ´ ὧν διαπτοηθέντες ἐνεπήδησαν εἰς τὰς ναῦς
ἀκόσμως, ἀπολιπόντες ἐν τῇ γῇ ξόανον τῆς Ἀρτέμιδος,
ὃ πατρῷον ἦν αὐτοῖς εἰς Λῆμνον ἐκ Βραύρωνος κομισθέν,
ἐκ δὲ Λήμνου πανταχοῦ συμπεριαγόμενον. ἐπεὶ δὲ
τοῦ θορύβου λήξαντος ἐπόθησαν αὐτὸ κατὰ πλοῦν, ἅμα
δ´ ὁ Πόλλις κατέμαθε τῇ ἀγκύρᾳ τὸν ὄνυχα μὴ προσόντα
(βίᾳ γὰρ ἑλκομένης ὡς ἔοικεν ἐν τόποις ὑποπέτροις
ἀποσπασθεὶς ἔλαθε), περαίνεσθαι τὰ πυθόχρηστα φήσας
ἐσήμαινεν ἀναστρέφειν· καὶ κατέσχε τὴν χώραν, καὶ
μάχαις πολλαῖς τῶν ἀντιταξαμένων ἐπικρατήσας Λύκτον
ᾤκησε καὶ πόλεις ἄλλας ἔλαβεν ὑποχειρίους. διὸ καὶ
νομίζουσιν αὑτοὺς Ἀθηναίοις τε διὰ τὰς μητέρας κατὰ
γένος προσήκειν καὶ Σπαρτιατῶν ἀποίκους εἶναι.
| [8] TYRRHÉNIENNES.
Des Tyrrhéniens ayant occupé Lemnos et Imbros, enlevèrent
de Brauron des femmes Athéniennes. Ils eurent d'elles
des enfants que les Athéniens expulsèrent de l'une et de l'autre
île, comme étant à moitié barbares. Ces bannis, qui
s'étaient rejetés sur Ténare, eurent occasion de rendre des
services aux Spartiates dans la guerre contre les Hilotes; et
par reconnaissance on leur accorda le droit de cité. On
leur permit aussi d'épouser des femmes de Sparte, sans
cependant les admettre aux magistratures et dans le conseil.
Plus tard ils furent soupçonnés de se réunir en assemblées
secrètes pour faire une révolution et de méditer le renversement
de ce qui était établi. Les Lacédémoniens se saisirent
d'eux. On les jeta en prison et on les y garda rigoureusement,
en même temps qu'on cherchait à établir leur culpabilité
sur des preuves évidentes et solides. Cependant les
femmes des incarcérés se présentèrent à la prison. A force
d'instances et de prières, elles obtinrent des gardiens la faveur
d'embrasser leurs maris et de leur adresser quelques
mots. Elles n'eurent pas été plus tôt introduites, qu'en un
instant elles les déterminèrent à changer bien vite de vêtements
avec elles, à leur laisser ceux qu'ils portaient, et à sortir
en se cachant le visage. Eux partis, elles se résignèrent à
demeurer là, préparées à toutes les extrémités les plus terribles,
pendant que les gardiens abusés et croyant laisser
sortir les femmes ouvraient les portes aux maris. A la suite
de leur évasion, ces derniers étant allés occuper le Taygète,
déterminèrent les Hilotes à faire défection et les accueillirent
au milieu d'eux. Sparte, vivement alarmée, leur envoya
des parlementaires et conclut avec eux un traité de
paix, dont les articles furent, qu'ils emmèneraient leurs
femmes, que les Spartiates leur fourniraient de l'argent et
des vaisseaux pour aller chercher ailleurs un territoire et une
ville, qu'enfin ils seraient reconnus comme étant colons des
Lacédémoniens et du même sang qu'eux. Ainsi firent ces
Pélasges sous la conduite de deux Lacédémoniens, Pollis
et son frère Crataïdas. Une partie d'entre eux s'établirent
à Mélo; mais le plus grand nombre, ceux qui suivaient
Pollis, firent voile vers la Crète dans l'espérance de voir
l'accomplissement des oracles. En effet il leur avait été prédit
que quand ils auraient perdu leur déesse et leur ancre,
ces courses vagabondes seraient terminées, et qu'ils auraient
à fonder une ville là où ils se trouveraient en ce moment.
Or ayant mouillé dans la partie de l'île qu'on appelle Chersonnèse,
ils furent saisis de terreurs paniques au milieu de la
nuit, et ainsi troublés ils s'élancèrent dans leurs vaisseaux au
milieu du plus grand désordre, laissant à terre une statue
de Diane. Cette effigie, relique nationale , avait été amenée
par eux à Lemnos, et de Lemnos ils l'avaient avec eux promenée
partout. Revenus de leur panique ils s'aperçurent
avec regret, quand ils furent en mer, de la perte qu'ils
avaient faite. En même temps Pollis reconnut que l'ancre
n'avait plus son croc. Comme elle avait été, selon toute apparence,
tirée trop violemment, ce croc, au milieu des bas-fonds
hérissés d'écueils, avait été arraché sans que l'on s'en
aperçût. Alors Pollis, ayant déclaré que les paroles de l'oracle
s'accomplissaient, donna le signal pour que l'on revînt
en arrière. Il occupa la contrée, défit en plusieurs rencontres
les troupes qu'on lui opposa, et s'établit à Lyctus. Il s'empara
également d'autres villes qu'il réduisit sous sa dominatien.
C'est pour cela que les Lyctiens prétendent, d'un côté
descendre des Athéniens par leurs mères, de l'autre être une
colonie de Spartiates.
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