[6] ΚΕΛΤΑΙ.
Κελτοῖς, πρὶν ὑπερβαλεῖν Ἄλπεις καὶ κατοικῆσαι τῆς
Ἰταλίας ἣν νῦν νέμονται χώραν, στάσις ἐμπεσοῦσα δεινὴ
καὶ δυσκατάπαυστος εἰς πόλεμον ἐμφύλιον προῆλθεν. αἱ
δὲ γυναῖκες ἐν μέσῳ τῶν ὅπλων γενόμεναι καὶ παραλαβοῦσαι
τὰ νείκη διῄτησαν οὕτως ἀμέμπτως καὶ διέκριναν,
ὥστε φιλίαν πᾶσι θαυμαστὴν καὶ κατὰ πόλεις καὶ
κατ´ οἴκους γενέσθαι πρὸς πάντας. ἐκ τούτου διετέλουν
περί τε πολέμου καὶ εἰρήνης βουλευόμενοι μετὰ τῶν
γυναικῶν καὶ τὰ πρὸς τοὺς συμμάχους ἀμφίβολα δι´
ἐκείνων βραβεύοντες. ἐν γοῦν ταῖς πρὸς Ἀννίβαν συνθήκαις
ἐγράψαντο, Κελτῶν μὲν ἐγκαλούντων Καρχηδονίοις
τοὺς ἐν Ἰβηρίᾳ Καρχηδονίων ἐπάρχους καὶ στρατηγοὺς
εἶναι δικαστάς· ἂν δὲ Καρχηδόνιοι Κελτοῖς ἐγκαλῶσι,
τὰς Κελτῶν γυναῖκας.
| [6] GAULOISES.
Les Gaulois, avant d'avoir franchi les Alpes et de s'être
établis dans la contrée qu'ils occupent de nos jours en Italie,
furent en proie à des séditions si violentes, si difficiles à
calmer, qu'elles allèrent jusqu'à la guerre civile. Mais les
femmes étant survenues au milieu des rangs armés, prirent
en main les différends. Elles se chargèrent de les régler; et
leurs décisions furent tellement irréprochables, que de cités
à cités, de familles à familles, il se forma entre tous et d'un
consentement unanime une bienveillance admirable. C'est
depuis ce temps que les Gaulois ont conservé l'usage de délibérer
touchant la guerre et la paix en compagnie de leurs
femmes et de requérir l'arbitrage de celles-ci dans les contestations
qui s'élèvent entre eux et leurs alliés. Ainsi, dans le
traité qu'ils firent avec Annibal, il fut stipulé, que si les Gaulois
formulaient quelques plaintes contre ceux de Carthage, ce
seraient les gouverneurs et les généraux Carthaginois résidant
en Espagne qui les décideraient; que si, au contraire,
ceux de Carthage se plaignaient des Gaulois, les femmes de
ces derniers seraient juges.
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