HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Les vertus des femmes

Chapitre 4

  Chapitre 4

[4] ΑΡΓΕΙΑΙ. Οὐδενὸς δ´ ἧττον ἔνδοξόν ἐστι τῶν κοινῇ διαπεπραγμένων γυναιξὶν ἔργων πρὸς Κλεομένη περὶ Ἄργους ἀγών, ὃν ἠγωνίσαντο Τελεσίλλης τῆς ποιητρίας προτρεψαμένης. ταύτην δέ φασιν οἰκίας οὖσαν ἐνδόξου τῷ δὲ σώματι νοσηματικὴν εἰς θεοῦ πέμψαι περὶ ὑγιείας· καὶ χρησθὲν αὐτῇ Μούσας θεραπεύειν, πειθομένην τῷ θεῷ καὶ ἐπιθεμένην ᾠδῇ καὶ ἁρμονίᾳ τοῦ τε πάθους ἀπαλλαγῆναι ταχὺ καὶ θαυμάζεσθαι διὰ ποιητικὴν ὑπὸ τῶν γυναικῶν. ἐπεὶ δὲ Κλεομένης βασιλεὺς τῶν Σπαρτιατῶν πολλοὺς ἀποκτείνας (οὐ μήν, ὡς ἔνιοι μυθολογοῦσιν, ἑπτὰ καὶ ἑβδομήκοντα καὶ ἑπτακοσίους πρὸς ἑπτακισχιλίοις) ἐβάδιζε πρὸς τὴν πόλιν, ὁρμὴ καὶ τόλμα δαιμόνιος παρέστη ταῖς ἀκμαζούσαις τῶν γυναικῶν ἀμύνεσθαι τοὺς πολεμίους ὑπὲρ τῆς πατρίδος. ἡγουμένης δὲ τῆς Τελεσίλλης ὅπλα λαμβάνουσαι καὶ παρ´ ἔπαλξιν ἱστάμεναι κύκλῳ τὰ τείχη περιέστεψαν, ὥστε θαυμάζειν τοὺς πολεμίους. τὸν μὲν οὖν Κλεομένη πολλῶν πεσόντων ἀπεκρούσαντο· τὸν δ´ ἕτερον βασιλέα Δημάρατον, ὡς Σωκράτης φησίν, ἐντὸς γενόμενον καὶ κατασχόντα τὸ Παμφυλιακὸν ἐξέωσαν. οὕτω δὲ τῆς πόλεως περιγενομένης, τὰς μὲν πεσούσας ἐν τῇ μάχῃ τῶν γυναικῶν ἐπὶ τῆς ὁδοῦ τῆς Ἀργείας ἔθαψαν, ταῖς δὲ σωθείσαις ὑπόμνημα τῆς ἀριστείας ἔδοσαν ἱδρύσασθαι τὸν Ἐνυάλιον. τὴν δὲ μάχην οἱ μὲν ἑβδόμῃ λέγουσιν ἱσταμένου μηνός, οἱ δὲ νουμηνίᾳ γενέσθαι τοῦ νῦν μὲν τετάρτου, πάλαι δ´ Ἑρμαίου παρ´ Ἀργείοις, καθ´ ἣν μέχρι νῦν τὰ Ὑβριστικὰ τελοῦσι, γυναῖκας μὲν ἀνδρείοις χιτῶσι καὶ χλαμύσιν, ἄνδρας δὲ πέπλοις γυναικῶν καὶ καλύπτραις ἀμφιεννύντες. ἐπανορθούμενοι δὲ τὴν ὀλιγανδρίαν οὐχ, ὡς Ἡρόδοτος ἱστορεῖ, τοῖς δούλοις, ἀλλὰ τῶν περιοίκων ποιησάμενοι πολίτας τοὺς ἀρίστους, συνῴκισαν τὰς γυναῖκας· ἐδόκουν δὲ καὶ τούτους ἀτιμάζειν καὶ περιορᾶν ἐν τῷ συγκαθεύδειν ὡς χείρονας. ὅθεν ἔθεντο νόμον τὸν κελεύοντα πώγωνα δεῖν ἐχούσας συναναπαύεσθαι τοῖς ἀνδράσι τὰς γεγαμημένας. [4] ARGIENNES. A aucun des actes accomplis en commun par des femmes ne le cède, comme exploit glorieux, la lutte que les Argiennes, sous la conduite de la poétesse Télésilla, engagèrent contre Cléomène. Issue, dit-on, d'une famille illustre, elle était d'une constitution maladive. Elle envoya donc demander aux dieux comment elle pourrait recouvrer la santé, et il lui fut répondu par l'oracle qu'elle eût à cultiver les Muses. Docile à l'ordre du dieu, elle se mit à composer des odes et de la musique. Dès lors elle fut en peu de temps délivrée de ses souffrances, et son talent poétique devint l'objet de l'admiration de ses concitoyennes. Cependant Cléomène, roi des Spartiates, ayant mis à mort un grand nombre d'Argiens (non pas toutefois sept mille sept cent soixante-dix-sept, comme quelques-uns l'avancent fabuleusement), marchait contre la ville. A ce moment une ardeur et une audace toute divine s'empara des femmes qui étaient à la fleur de l'âge, et elles résolurent de sauver Argos en repoussant les ennemis. Guidées par Télésilla, elles saisissent des armes, se campent sur les créneaux, et forment une ceinture de défense autour des remparts, à la grande stupéfaction des ennemis. Cléomène est repoussé après avoir vu succomber un grand nombre des siens ; et Démarate, l'autre roi, qui avait, selon le récit de Socrate, pénétré jusque dans l'intérieur et occupé le quartier dit Pamphyliaque, est chassé par elles de cette position. La ville ainsi sauvée, les femmes qui avaient péri au milieu de l'action furent ensevelies dans la voie Argienne, et à celles qui survécurent on accorda le privilége d'élever, comme monument de leur valeur, une statue au dieu Mars. Cette bataille eut lieu le septième jour selon les uns, et selon les autres le premier, du quatrième mois, lequel, chez les Argiens, s'appelait autrefois Herméus. Quand revient cet anniversaire, on célèbre maintenant encore «les Injurieuses.» C'est une fête dans laquelle on revêt les femmes de tuniques et de chlamydes d'hommes, les hommes, au contraire, de péplums et de voiles. Pour réparer les vides laissés par la population masculine on maria les femmes non pas à des esclaves, comme le prétend Hérodote, mais aux citoyens les plus distingués des villes environnantes. Et encore semblaient-elles avoir leurs nouveaux maris en médiocre estime et ne les recevoir dans leur couche qu'avec une espèce de dédain, comme étant inférieurs à elles ; de telle sorte qu'à cette occasion une loi autorisa les nouvelles mariées à se mettre une barbe au menton quand elles coucheraient avec leurs maris.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005