[3] ΧΙΑΙ.
Χῖοι Λευκωνίαν ἐπῴκησαν ἐκ τοιαύτης αἰτίας. ἐγάμει
τις ἐν Χίῳ τῶν δοκούντων γνωρίμων εἶναι· ἀγομένης
δὲ τῆς νύμφης ἐπὶ ζεύγους ὁ βασιλεὺς Ἵπποκλος, ἐπιτήδειος
ὢν τῷ γαμοῦντι καὶ παρὼν ὥσπερ οἱ λοιποί, μέθης
οὔσης καὶ γέλωτος, ἀνεπήδησεν ἐπὶ τὸ ζεῦγος, οὐδὲν
ὑβριστικὸν πράξων, ἀλλ´ ἔθει κοινῷ καὶ παιδιᾷ χρώμενος·
οἱ δὲ φίλοι τοῦ γαμοῦντος ἀπέκτειναν αὐτόν.
μηνιμάτων δὲ τοῖς Χίοις προφαινομένων καὶ τοῦ θεοῦ
κελεύσαντος τοὺς Ἵπποκλον ἀνελόντας ἀνελεῖν, ἅπαντες
ἔφασαν Ἵπποκλον ἀνῃρηκέναι. πάντας οὖν αὖθις ὁ θεὸς
ἐκέλευσε τὴν πόλιν ἐκλιπεῖν, εἰ πᾶσι τοῦ ἄγους μέτεστιν.
οὕτω δὴ τοὺς αἰτίους καὶ μετασχόντας τοῦ φόνου καὶ
συνεπαινέσαντας ἁμωσγέπως, οὐκ ὀλίγους γενομένους
οὐδ´ ἀδυνάτους ὄντας, ἀπῴκισαν εἰς Λευκωνίαν, ἣν Κορωνεῖς
ἀφελόμενοι πρότερον ἐκτήσαντο μετ´ Ἐρυθραίων.
ὕστερον δὲ πολέμου πρὸς τοὺς Ἐρυθραίους αὐτοῖς γενομένου,
μέγιστον Ἰώνων δυναμένους τότε, κἀκείνων ἐπὶ
τὴν Λευκωνίαν στρατευσάντων ἀντέχειν μὴ δυνάμενοι
συνεχώρησαν ἐξελθεῖν ὑπόσπονδοι, χλαῖναν μίαν ἑκάστου
καὶ ἱμάτιον ἄλλο δὲ μηδὲν ἔχοντος. αἱ δὲ γυναῖκες
ἐκάκιζον αὐτούς, εἰ προέμενοι τὰ ὅπλα γυμνοὶ διὰ τῶν
πολεμίων ἐξίασιν· ὀμωμοκέναι δὲ φασκόντων, ἐκέλευον
αὐτοὺς τὰ μὲν ὅπλα μὴ καταλιπεῖν, λέγειν δὲ πρὸς τοὺς
πολεμίους ὅτι χλαῖνα μέν ἐστι τὸ ξυστόν, χιτὼν δ´ ἡ
ἀσπὶς ἀνδρὶ θυμὸν ἔχοντι. πεισθέντων δὲ ταῦτα τῶν
Χίων καὶ πρὸς τοὺς Ἐρυθραίους παρρησιαζομένων καὶ
τὰ ὅπλα δεικνυόντων, ἐφοβήθησαν οἱ Ἐρυθραῖοι τὴν
τόλμαν αὐτῶν καὶ οὐδεὶς προσῆλθεν οὐδ´ ἐκώλυσεν, ἀλλ´
ἠγάπησαν ἀπαλλαγέντων. οὗτοι μὲν οὖν θαρρεῖν διδαχθέντες
ὑπὸ τῶν γυναικῶν οὕτως ἐσώθησαν.
Τούτου δ´ οὐδέν τι λειπόμενον ἔργον ἀρετῇ καὶ χρόνοις
ὕστερον πολλοῖς ἐπράχθη ταῖς Χίων γυναιξίν, ὁπηνίκα
Φίλιππος ὁ Δημητρίου πολιορκῶν τὴν πόλιν ἐκήρυξε
κήρυγμα βάρβαρον καὶ ὑπερήφανον, ἀφίστασθαι τοὺς οἰκέτας
πρὸς ἑαυτὸν ἐπ´ ἐλευθερίᾳ καὶ γάμῳ τῆς κεκτημένης,
ὡς συνοικιῶν αὐτοὺς ταῖς τῶν δεσποτῶν γυναιξί. δεινὸν
δ´ αἱ γυναῖκες καὶ ἄγριον θυμὸν λαβοῦσαι, μετὰ τῶν
οἰκετῶν καὶ αὐτῶν συναγανακτούντων καὶ συμπαρόντων
ὥρμησαν ἀναβαίνειν ἐπὶ τὰ τείχη, καὶ λίθους καὶ
βέλη προσφέρουσαι καὶ παρακελευόμεναι καὶ προσλιπαροῦσαι
τοῖς μαχομένοις, τέλος δ´ ἀμυνόμεναι καὶ βάλλουσαι
τοὺς πολεμίους, ἀπώσαντο τὸν Φίλιππον, οὐδενὸς
δούλου τὸ παράπαν ἀποστάντος πρὸς αὐτόν.
| [3] FEMMES DE CHIO.
Des habitants de Chio allèrent s'établir à Leuconia pour
la cause que voici. C'était le mariage d'un homme qui passait
pour un des notables de Chio. Comme on amenait la
jeune épouse sur un char, le roi Hippoclus, parent du
mari, se trouvait là, avec les autres. Cédant à un mouvement
d'ivresse et de gaieté, il s'élança sur le char, moins
pour commettre une insulte, que pour faire une plaisanterie,
comme c'était la coutume. Mais il fut tué par les amis de
l'époux. La colère du Ciel contre les habitants de Chio ne
tarda pas à se manifester ; et le Dieu commanda de faire
périr ceux qui avaient donné la mort à Hippoclus. Il fut répondu
que tous les habitants étaient coupables de ce meurtre.
Le Dieu voulut donc que sans exception ils quittassent la
ville, s'il était vrai que le crime fût commun; et la proscription
s'étendit, de cette manière, sur les auteurs mêmes
du fait, sur ceux qui en avaient été complices, et sur ceux
qui d'une façon ou d'une autre l'avaient approuvé. Or ils
n'étaient ni en petit nombre ni les moins puissants. On les
envoya s'établir à Leuconia, ville que ceux de Chio avaient
précédemment conquise sur les Coronéens, et qu'ils possédaient
en commun avec ceux d'Erythrée. Plus tard la guerre
éclata entre eux et ces derniers. Comme les nouveaux venus
n'étaient pas en état de résister aux attaques de ce peuple,
le plus puissant de l'Ionie, ils consentirent, sur la foi d'un
traité, à quitter la ville, emportant avec eux une seule chlamyde
et un manteau, sans nulle autre chose. Leurs femmes
les blâmèrent amèrement de ce qu'ils abandonnaient leurs
armes pour sortir ainsi dépouillés, au milieu des ennemis:
Comme ils répétaient que leur serment les avait liés, elles
leur conseillèrent de ne pas se dessaisir de leurs armes, et
de dire aux Erythréens que la tunique d'un homme de
coeur, c'est sa lance, et que son manteau, c'est son bouclier.
Les maris se laissèrent persuader, parlèrent fermement et
montrèrent leurs armes avec une attitude résolue qui intimida
les Erythréens. Aucun de ceux-ci ne s'avança pour
les retenir, et l'on se trouva trop heureux de voir qu'ils partaient.
Ainsi les habitants de Chio durent leur salut à la
leçon de courage qu'ils avaient reçue de leurs femmes.
Un trait qui ne le cède en rien au précédent pour la vaillance
honora également, mais beaucoup plus tard, les femmes
de cette même Chio. Philippe, fils de Démétrius, assiégeait
la ville. Une proclamation aussi barbare qu'insolente fut
par lui publiée. Il promettait aux esclaves qui passeraient
à lui de leur rendre la liberté et de les unir aux dames à qui
ils appartenaient, s'engageant ainsi à marier chacun d'eux
avec la femme de son maître. Elles en conçurent un dépit
terrible et farouche. Secondées des esclaves eux-mêmes qui,
partageant leur indignation, se joignirent à elles, on les vit
s'élancer sur les remparts. Là elles apportaient des pierres
et des traits aux combattants, et les animaient de leurs
exhortations et de leurs instances. A la fin elles luttèrent
personnellement, et faisant pleuvoir une grêle de projectiles sur
les ennemis, elles repoussèrent Philippe, sans qu'un seul de
tous les esclaves fût passé de son côté.
|