[2] ΦΩΚΙΔΕΣ.
Τὸ δὲ τῶν Φωκίδων ἐνδόξου μὲν οὐ τετύχηκε συγγραφέως,
οὐδενὸς δὲ τῶν γυναικείων ἔλαττον εἰς ἀρετήν
ἐστι, μαρτυρούμενον ἱεροῖς τε μεγάλοις, ἃ δρῶσι Φωκεῖς
ἔτι νῦν περὶ Ὑάμπολιν, καὶ δόγμασι παλαιοῖς, ὧν τὸ μὲν
καθ´ ἕκαστον τῆς πράξεως ἐν τῷ Δαϊφάντου βίῳ γέγραπται,
τὸ δὲ τῶν γυναικῶν τοιοῦτόν ἐστιν. ἄσπονδος ἦν
Θετταλοῖς πρὸς Φωκέας πόλεμος· οἱ μὲν γὰρ ἄρχοντας
αὐτῶν καὶ τυράννους ἐν ταῖς Φωκικαῖς πόλεσιν ἡμέρᾳ
μιᾷ πάντας ἀπέκτειναν, οἱ δὲ πεντήκοντα καὶ διακοσίους
ἐκείνων ὁμήρους κατηλόησαν· εἶτα πανστρατιᾷ διὰ Λοκρῶν
ἐνέβαλον, δόγμα θέμενοι μηδενὸς φείδεσθαι τῶν
ἐν ἡλικίᾳ, παῖδας δὲ καὶ γυναῖκας ἀνδραποδίσασθαι.
Δαΐφαντος οὖν ὁ Βαθυλλίου, τρίτος αὐτὸς ἄρχων, ἔπεισε
τοὺς Φωκεῖς αὐτοὺς μὲν ἀπαντήσαντας τοῖς Θετταλοῖς
μάχεσθαι, τὰς δὲ γυναῖκας ἅμα τοῖς τέκνοις εἰς ἕνα που
τόπον συναγαγόντας ἐξ ἁπάσης τῆς Φωκίδος, ὕλην τε
περινῆσαι ξύλων καὶ φυλακὰς καταλιπεῖν, πρόσταγμα
δόντας, ἂν αἴσθωνται νικωμένους αὐτούς, κατὰ τάχος τὴν
ὕλην ἀνάψαι καὶ καταπρῆσαι τὰ σώματα. ψηφισαμένων δὲ
ταῦτα τῶν ἄλλων, εἷς ἐξαναστὰς ἔφη δίκαιον εἶναι ταῦτα
συνδοκεῖν καὶ ταῖς γυναιξίν· εἰ δὲ μή, χαίρειν ἐᾶν καὶ μὴ
προσβιάζεσθαι. τούτου τοῦ λόγου διελθόντος εἰς τὰς
γυναῖκας, αὐταὶ καθ´ ἑαυτὰς συνελθοῦσαι ταὐτὰ ἐψηφίσαντο
καὶ τὸν Δαΐφαντον ἀνέδησαν, ὡς τὰ ἄριστα τῇ
Φωκίδι βεβουλευμένον· τὰ δ´ αὐτὰ καὶ τοὺς παῖδας ἰδίᾳ
φασὶν ἐκκλησιάσαντας ἐπιψηφίσασθαι. πραχθέντων δὲ
τούτων, συμβαλόντες οἱ Φωκεῖς περὶ Κλεωνὰς τῆς Ὑαμπόλιδος
ἐνίκησαν. τὸ μὲν οὖν ψήφισμα Φωκέων Ἀπόνοιαν
οἱ Ἕλληνες ὠνόμασαν· ἑορτὴν δ´ ἐκ πασῶν μεγίστην
τὰ Ἐλαφηβόλια μέχρι νῦν τῇ Ἀρτέμιδι τῆς νίκης
ἐκείνης ἐν Ὑαμπόλιδι τελοῦσιν.
| [2] PHOCÉENNES.
Le courage des Phocéennes n'a pas rencontré d'historien
illustre, et pourtant, sous le rapport de la vertu, il n'est
inférieur à aucun acte accompli par des femmes. C'est ce
que témoignent les sacrifices importants que célèbrent encore
aujourd'hui les Phocéens auprès d'Hyampolis et les anciens
décrets nationaux. Cette histoire est écrite avec tous
ses détails dans la vie de Daïphante, mais voici ce qui appartient
personnellement aux femmes. Il y avait une guerre
sans trêve ni merci entre les Thessaliens et les Phocéens.
Ces derniers avaient fait mourir en un seul jour tous les
magistrats, tous les officiers thessaliens qui exerçaient un
pouvoir dans la Phocide. Les Thessaliens, à leur tour,
avaient écrasé sous des meules deux cent cinquante otages
de leurs ennemis; après quoi ils s'étaient jetés, avec toutes
leurs troupes, sur la Locride. Il fut décidé en conseil
que l'on n'épargnerait aucun de ceux qui étaient en âge
de porter les armes et que l'on réduirait en servitude les
femmes et les enfants. Daïphante, fils de Bathyllius, était
alors un des trois gouverneurs qui avaient l'autorité souveraine
en Phocide. Il décida ses compatriotes à marcher
contre les Thessaliens et à les combattre. Quant à ce qui
était des femmes et des enfants, il proposa de les réunir de
tous les points de la Phocide en un même emplacement, d'entasser
à l'entour des amas de bois et d'y laisser des gardes
avec l'ordre, s'ils savaient les Phocéens vaincus, de mettre
sans retard le feu au bûcher et de brûler tout ce monde. La
proposition fut accueillie à l'unanimité, sauf par un seul.
S'étant levé, il déclara que, pour être juste, on devait obtenir
le consentement des femmes elles-mêmes, ou, sinon,
abandonner un tel projet et ne pas user de violence. Cette
délibération parvint aux oreilles des femmes. Elles se réunirent
en assemblée particulière. La proposition de Daïphante
fut par elles adoptée, et elles le couronnèrent comme ayant
ouvert l'avis qui était le plus glorieux pour la Phocide. On
assure que les enfants aussi eurent leur réunion, et qu'ils conclurent
dans le même sens. A la suite de ces faits les Phocéens
livrèrent bataille sur le territoire de Cléone, près d'Hyampolis,
et restèrent victorieux. Le décret des Phocéens fut
appelé par les Grecs le décret du désespoir; et à l'occasion
du succès remporté on célèbre encore à Hyampolis en l'honneur
de Diane des fêtes, remarquables entre toutes, qui se
nomment Elaphébolies.
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