HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Les vertus des femmes

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] ΓΥΝΑΙΚΩΝ ΑΡΕΤΑΙ. Περὶ ἀρετῆς, Κλέα, γυναικῶν οὐ τὴν αὐτὴν τῷ Θουκυδίδῃ γνώμην ἔχομεν. μὲν γάρ, ἧς ἂν ἐλάχιστος παρὰ τοῖς ἐκτὸς ψόγου πέρι ἐπαίνου λόγος, ἀρίστην ἀποφαίνεται, καθάπερ τὸ σῶμα καὶ τοὔνομα τῆς ἀγαθῆς γυναικὸς οἰόμενος δεῖν κατάκλειστον εἶναι καὶ ἀνέξοδον. ἡμῖν δὲ κομψότερος μὲν Γοργίας φαίνεται, κελεύων μὴ τὸ εἶδος ἀλλὰ τὴν δόξαν εἶναι πολλοῖς γνώριμον τῆς γυναικός· ἄριστα δ´ Ῥωμαίων δοκεῖ νόμος ἔχειν, ὥσπερ ἀνδράσι καὶ γυναιξὶ δημοσίᾳ μετὰ τὴν τελευτὴν τοὺς προσήκοντας ἀποδιδοὺς ἐπαίνους. διὸ καὶ Λεοντίδος τῆς ἀρίστης ἀποθανούσης, εὐθύς τε μετὰ σοῦ τότε πολὺν λόγον εἴχομεν οὐκ ἀμοιροῦντα παραμυθίας φιλοσόφου καὶ νῦν, ὡς ἠβουλήθης, τὰ ὑπόλοιπα τῶν λεγομένων εἰς τὸ μίαν εἶναι καὶ τὴν αὐτὴν ἀνδρός τε καὶ γυναικὸς ἀρετὴν προσανέγραψά σοι, τὸ ἱστορικὸν ἀποδεικτικὸν ἔχοντα καὶ πρὸς ἡδονὴν μὲν ἀκοῆς οὐ συντεταγμένον, εἰ δὲ τῷ πείθοντι καὶ τὸ τέρπον ἔνεστι φύσει τοῦ παραδείγματος, οὐ φεύγει χάριν ἀποδείξεως συνεργὸν λόγος οὐδ´ αἰσχύνεταιταῖς Μούσαις τὰς Χάριτας συγκαταμιγνὺς καλλίστην συζυγίανὡς Εὐριπίδης φησίν, ἐκ τοῦ φιλοκάλου μάλιστα τῆς ψυχῆς ἀναδούμενος τὴν πίστιν. Φέρε γάρ, εἰ λέγοντες τὴν αὐτὴν εἶναι ζωγραφίαν ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν παρειχόμεθα τοιαύτας γραφὰς γυναικῶν, οἵας Ἀπελλῆς ἀπολέλοιπεν Ζεῦξις Νικόμαχος, ἆρ´ ἄν τις ἐπετίμησεν ἡμῖν, ὡς τοῦ χαρίζεσθαι καὶ ψυχαγωγεῖν μᾶλλον τοῦ πείθειν στοχαζομένοις; ἐγὼ μὲν οὐκ οἶμαι. τί δέ; ἐὰν ποιητικὴν πάλιν μαντικὴν ἀποφαίνοντες οὐχ ἑτέραν μὲν ἀνδρῶν ἑτέραν δὲ γυναικῶν οὖσαν, ἀλλὰ τὴν αὐτήν, τὰ Σαπφοῦς μέλη τοῖς Ἀνακρέοντος τὰ Σιβύλλης λόγια τοῖς Βάκιδος ἀντιπαραβάλλωμεν, ἕξει τις αἰτιάσασθαι δικαίως τὴν ἀπόδειξιν, ὅτι χαίροντα καὶ τερπόμενον ἐπάγει τῇ πίστει τὸν ἀκροατήν; οὐδὲ τοῦτ´ ἂν εἴποις. καὶ μὴν οὐκ ἔστιν ἀρετῆς γυναικείας καὶ ἀνδρείας ὁμοιότητα καὶ διαφορὰν ἄλλοθεν καταμαθεῖν μᾶλλον, βίους βίοις καὶ πράξεσι πράξεις ὥσπερ ἔργα μεγάλης τέχνης παρατιθέντας ἅμα καὶ σκοποῦντας, εἰ τὸν αὐτὸν ἔχει χαρακτῆρα καὶ τύπον Σεμιράμεως μεγαλοπραγμοσύνη τῇ Σεσώστριος Τανακυλλίδος σύνεσις τῇ Σερουίου τοῦ βασιλέως τὸ Πορκίας φρόνημα τῷ Βρούτου καὶ τῷ Πελοπίδου τὸ Τιμοκλείας, κατὰ τὴν κυριωτάτην κοινότητα καὶ δύναμιν· ἐπειδὴ διαφοράς γέ τινας ἑτέρας ὥσπερ χροιὰς ἰδίας αἱ ἀρεταὶ διὰ τὰς φύσεις λαμβάνουσι καὶ συνεξομοιοῦνται τοῖς ὑποκειμένοις ἔθεσι καὶ κράσεσι σωμάτων καὶ τροφαῖς καὶ διαίταις· ἄλλως γὰρ ἀνδρεῖος Ἀχιλλεὺς ἄλλως Αἴας· καὶ φρόνησις Ὀδυσσέως οὐχ ὁμοία τῇ Νέστορος, οὐδὲ δίκαιος ὡσαύτως Κάτων καὶ Ἀγησίλαος, οὐδ´ Εἰρήνη φίλανδρος ὡς Ἄλκηστις οὐδὲ Κορνηλία μεγαλόφρων ὡς Ὀλυμπιάς. ἀλλὰ μὴ παρὰ τοῦτο πολλὰς καὶ διαφόρους ποιῶμεν ἀνδρείας καὶ φρονήσεις καὶ δικαιοσύνας, ἂν μόνον τοῦ λόγου τοῦ οἰκείου μηδεμίαν αἱ καθ´ ἕκαστον ἀνομοιότητες ἐκβιβάζωσι. τὰ μὲν οὖν ἄγαν περιβόητα καὶ ὅσων οἶμαί σε βεβαίαν ἄλλοις βιβλίοις ἐντυχοῦσαν ἱστορίαν ἔχειν καὶ γνῶσιν ἤδη, παρήσω· πλὴν εἰ μή τινα τοὺς τὰ κοινὰ καὶ δεδημευμένα πρὸ ἡμῶν ἱστορήσαντας ἀκοῆς ἄξια διαπέφευγεν. ἐπεὶ δὲ πολλὰ καὶ κοινῇ καὶ ἰδίᾳ γυναιξὶν ἄξια λόγου πέπρακται, βραχέα τῶν κοινῶν οὐ χεῖρόν ἐστι προϊστορῆσαι. [0] VERTUS DE FEMMES. Nous ne professons pas, ô Cléa, sur la vertu des femmes la même opinion que Thucydide. Il proclame en effet comme la plus honnête celle dont il est le moins parlé, soit; en mal soit en bien, entre gens du dehors. Il pense que la réputation d'une femme vertueuse doit, comme sa personne, rester sous clef sans jamais sortir. Nous estimons que Gorgias fait preuve de meilleur goût quand il veut que la réputation d'une femme, et non pas son extérieur, soit connue de beaucoup de monde. Je juge excellente la loi romaine qui décerne aux femmes, de même qu'aux hommes, des éloges publics après leur mort quand elles les ont mérités. Aussi, lorsque le trépas eut ravi l'excellente Léontis, nous eûmes aussitôt alors avec vous un long entretien où ne manquaient pas les consolations philosophiques. Et de plus, aujourd'hui, comme vous en avez témoigné le désir, j'ai rédigé par écrit, à votre intention, la suite de cet entretien, dont le but est de prouver qu'il n'y a qu'une seule et unique vertu pour les femmes comme pour les hommes. Mon discours se composera de rapprochements empruntés à l'histoire. Sans doute ce n'est pas une composition destinée au charme de l'oreille. Mais si la nature des exemples est telle que le plaisir s'y joigne à l'instruction, il n'y a pas lieu de reculer devant l'utilité que présente l'alliance de l'agrément et de la démonstration. Je ne rougirai pas de rapprocher les Muses et les Grâces : union la plus belle de toutes et par l'effet de laquelle c'est surtout l'amour du beau qui porte la persuasion dans les âmes. Car enfin, raisonnons. Si, dans l'intention de prouver que le talent de peindre est le même chez les femmes que chez les hommes, nous produisions des peintures exécutées par celles-ci et valant les compositions que nous ont laissées les Apelle, les Zeuxis, les Nicomaque, irait-on nous accuser de viser à la galanterie et à la séduction quand nous devons fournir des preuves décisives ? Je ne le pense pas. Qu'est-ce à dire encore ? Si, pour démontrer que le talent de la poésie ou celui de l'imitation n'offre aucune différence chez les hommes et chez les femmes, qu'il est exactement le même, nous comparions les poésies de Sapho avec celles d'Anacréon, ou bien les oracles de la Sibylle avec les oracles de Bacis, serait-on en droit d'attaquer notre démonstration parce qu'elle aurait amené l'auditeur à la persuasion par l'agrément et le plaisir? Non, sans doute, direz-vous encore. Eh bien donc, le meilleur moyen de reconnaître en quoi se ressemblent, en quoi diffèrent la vertu des hommes et celle des femmes, c'est de rapprocher la vie et les actes des uns et des autres, comme on ferait s'il s'agissait des oeuvres d'un art important; c'est de les mettre en parallèle; c'est d'examiner s'il y a le même caractère, le même type, dans la magnificence de Sémiramis et dans celle de Sésostris, dans la pénétration de Tanaquil et dans celle du roi Servius, dans le courage de Porcia et dans celui de Brutus, de Pélopidas, de Timoclée, en même temps que l'on tiendra compte de ce qu'il y a de commun, de ce qu'il y a d'essentiel dans ces ressemblances et dans ces mérites. En effet, en raison des natures, les vertus offrent certaines diversités qui sont comme autant de nuances particulières et qui se conforment aux moeurs des personnages, à leur tempérament, à leur éducation, à leur genre de vie. Achille est courageux d'une autre façon qu'Ajax. La prudence d'Ulysse n'est pas semblable à celle de Nestor. Caton et Agésilas n'étaient pas justes de la même manière. La piété conjugale d'Irène, la grandeur d'âme de Cornélie n'étaient pas la piété conjugale d'Alceste et la grandeur d'âme d'Olympias. Toutefois n'allons pas, d'après cela, établir des multiplicités et des variétés de bravoures, de prudences, de justices, puisque, soit dit une seule fois pour toutes, les dissemblances du récit consacré à ces vertus selon chaque personnage ne tendent à exclure forcément aucune d'elles Au reste, les exemples trop fréquemment cités, et dont je pense que des livres solides vous ont donné le récit et la connaissance, je les omettrai ici. Je m'attacherai seulement aux actions mémorables passées sous silence par les auteurs qui, avant moi, ont réuni des faits répandus et devenus populaires. Et comme il y a beaucoup d'actes illustres accomplis par des femmes soit dans la vie publique soit dans la vie privée, il ne sera pas mal que je raconte d'abord un petit nombre de ceux qui ont été exécutés en commun.
[1] ΤΡΩΙΑΔΕΣ. Τῶν ἀπ´ Ἰλίου περὶ τὴν ἅλωσιν ἐκφυγόντων οἱ πλεῖστοι χειμῶνι χρησάμενοι καὶ δι´ ἀπειρίαν τοῦ πλοῦ καὶ ἄγνοιαν τῆς θαλάττης ἀπενεχθέντες εἰς τὴν Ἰταλίαν καὶ περὶ τὸν Θύμβριν ποταμὸν ὅρμοις καὶ ναυλόχοις ἀναγκαίοις μόλις ὑποδραμόντες, αὐτοὶ μὲν ἐπλανῶντο περὶ τὴν χώραν φραστήρων δεόμενοι, ταῖς δὲ γυναιξὶν ἐμπίπτει λογισμός, ὡς ἡτισοῦν ἵδρυσις ἐν γῇ πάσης πλάνης καὶ ναυτιλίας εὖ τε καὶ καλῶς πράττουσιν ἀνθρώποις ἀμείνων ἐστί, καὶ πατρίδα δεῖ ποιεῖν αὑτοῖς τοὺς ἀπολαβεῖν ἣν ἀπολωλέκασι μὴ δυναμένους. ἐκ δὲ τούτου συμφρονήσασαι κατέφλεξαν τὰ πλοῖα, μιᾶς καταρξαμένης ὥς φασι Ῥώμης. πράξασαι δὲ ταῦτα τοῖς ἀνδράσιν ἀπήντων βοηθοῦσι πρὸς τὴν θάλασσαν, καὶ φοβούμεναι τὴν ὀργὴν αἱ μὲν ἀνδρῶν αἱ δ´ οἰκείων ἀντιλαμβανόμεναι καὶ καταφιλοῦσαι λιπαρῶς, ἐξεπράυναν τῷ τρόπῳ τῆς φιλοφροσύνης. διὸ καὶ γέγονε καὶ παραμένει ταῖς Ῥωμαίων γυναιξὶν ἔτι νῦν ἔθος ἀσπάζεσθαι μετὰ τοῦ καταφιλεῖν τοὺς κατὰ γένος προσήκοντας αὐταῖς. συνιδόντες γὰρ ὡς ἔοικε τὴν ἀνάγκην οἱ Τρῶες καὶ ἅμα πειρώμενοι τῶν ἐγχωρίων, εὐμενῶς καὶ φιλανθρώπως προσδεχομένων, ἠγάπησαν τὸ πραχθὲν ὑπὸ τῶν γυναικῶν καὶ συγκατῴκησαν αὐτόθι τοῖς Λατίνοις. [1] TROYENNES. La plupart de ceux qui s'enfuirent de Troie à la prise de cette ville, après avoir été battus de la tempête, furent, par suite de leur inexpérience de la navigation et de leur ignorance de la mer, jetés sur la côte d'Italie. De rade en rade, de mouillage en mouillage, ils arrivèrent forcément et à grand'peine à l'embouchure du Tibre, d'où ils se répandirent dans le pays, cherchant à qui parler. Mais leurs femmes vinrent à réfléchir que, tout heureuse que pût être leur navigation, un établissement sur une terre quelconque valait mieux qu'une vie errante sur les flots, et que l'on devait se constituer une patrie, ne pouvant recouvrer celle qu'on avait perdue. A la suite de ces réflexions, elles s'accordèrent unanimement pour brûler les vaisseaux; et l'initiative fut prise par une d'entre elles, qui s'appelait, dit-on, Roma. Après cette exécution les hommes courant vers la mer pour sauver leur flotte, elles s'élancent au-devant d'eux ; et comme elles redoutaient les unes la colère de leurs maris, les autres celle de leurs proches, elles s'attachent à eux, leur donnent de tendres baisers, et finissent par les adoucir à force de caresses. De là est venu pour les femmes romaines l'usage, qui subsiste encore aujourd'hui, de saluer ainsi leurs parents en leur donnant un baiser. Les Troyens ayant compris, comme cela devait être, la nécessité de la situation, et ayant d'ailleurs reçu des habitants du pays un accueil plein de bienveillance et d'humanité, se résignèrent à ce que leurs femmes avaient fait. Ils s'établirent dans cette contrée, et s'incorporèrent aux Latins.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005