[25] ΕΡΥΞΩ.
Βάττου τοῦ ἐπικληθέντος Εὐδαίμονος υἱὸς Ἀρκεσίλαος
ἦν οὐδὲν ὅμοιος τῷ πατρὶ τοὺς τρόπους· καὶ γὰρ ζῶντος
ἔτι περὶ τὴν οἰκίαν περιθεὶς ἐπάλξεις ὑπὸ τοῦ πατρὸς
ἐζημιώθη ταλάντῳ· καὶ τελευτήσαντος ἐκείνου, τοῦτο
μὲν φύσει χαλεπὸς ὤν (ὅπερ καὶ ἐπεκλήθη), τοῦτο δὲ
φίλῳ πονηρῷ, Λαάρχῳ, χρώμενος ἀντὶ βασιλέως ἐγεγόνει
τύραννος. ὁ δὲ Λάαρχος ἐπιβουλεύων τῇ τυραννίδι καὶ
τοὺς ἀρίστους τῶν Κυρηναίων ἐξελαύνων ἢ φονεύων ἐπὶ
τὸν Ἀρκεσίλαον τὰς αἰτίας ἔτρεπε· καὶ τέλος ἐκεῖνον
μὲν εἰς νόσον ἐμβαλὼν φθινάδα καὶ χαλεπὴν λαγὼν
πιόντα θαλάσσιον διέφθειρεν, αὐτὸς δὲ τὴν ἀρχὴν εἶχεν
ὡς τῷ παιδὶ τῷ ἐκείνου Βάττῳ διαφυλάττων. ὁ μὲν
οὖν παῖς καὶ διὰ τὴν χωλότητα καὶ διὰ τὴν ἡλικίαν
κατεφρονεῖτο, τῇ δὲ μητρὶ πολλοὶ προσεῖχον αὐτοῦ·
σώφρων τε γὰρ ἦν καὶ φιλάνθρωπος οἰκείους τε πολλοὺς
καὶ δυνατοὺς εἶχε. διὸ καὶ θεραπεύων αὐτὴν ὁ Λάαρχος
ἐμνηστεύετο καὶ τὸν Βάττον ἠξίου παῖδα θέσθαι γήμας
ἐκείνην καὶ κοινωνὸν ἀποδεῖξαι τῆς ἀρχῆς· ἡ δ´ Ἐρυξὼ
(τοῦτο γὰρ ἦν ὄνομα τῇ γυναικὶ) βουλευσαμένη μετὰ τῶν
ἀδελφῶν ἐκέλευε τὸν Λάαρχον ἐντυγχάνειν ἐκείνοις, ὡς
αὐτῆς προσιεμένης τὸν γάμον. ἐπεὶ δ´ ὁ Λάαρχος ἐνετύγχανε
τοῖς ἀδελφοῖς, ἐκεῖνοι δ´ ἐπίτηδες παρῆγον καὶ
ἀνεβάλλοντο, πέμπει πρὸς αὐτὸν ἡ Ἐρυξὼ θεραπαινίδα
παρ´ αὑτῆς παραγγέλλουσαν, ὅτι νῦν μὲν ἀντιλέγουσιν οἱ
ἀδελφοί, γενομένης δὲ τῆς συνόδου παύσονται διαφερόμενοι
καὶ συγχωρήσουσι· δεῖν οὖν αὐτόν, εἰ βούλεται,
νύκτωρ ἀφικέσθαι πρὸς αὐτήν· καλῶς γὰρ ἕξειν καὶ τὰ
λοιπὰ τῆς ἀρχῆς γενομένης. ἦν οὖν ταῦτα πρὸς ἡδονὴν
τῷ Λαάρχῳ, καὶ παντάπασιν ἀναπτοηθεὶς πρὸς τὴν
φιλοφροσύνην τῆς γυναικὸς ὡμολόγησεν ἥξειν, ὅταν
ἐκείνη κελεύσῃ· ταῦτα δ´ ἔπραττεν ἡ Ἐρυξὼ μετὰ Πολυάρχου
τοῦ πρεσβυτάτου τῶν ἀδελφῶν. ὁρισθέντος δὲ
καιροῦ πρὸς τὴν σύνοδον, ὁ Πολύαρχος εἰς τὸ δωμάτιον
τῆς ἀδελφῆς παρεισήχθη κρύφα, νεανίσκους ἔχων δύο
σὺν αὑτῷ ξιφήρεις, φόνῳ πατρὸς ἐπεξιόντας, ὃν ὁ Λάαρχος
ἐτύγχανεν ἀπεκτονὼς νεωστί. μεταπεμψαμένης δὲ
τῆς Ἐρυξοῦς αὐτὸν ἄνευ δορυφόρων εἰσῆλθε, καὶ τῶν
νεανίσκων αὐτῷ προσπεσόντων τυπτόμενος τοῖς ξίφεσιν
ἀπέθανε. τὸν μὲν οὖν νεκρὸν ἔρριψαν ὑπὲρ τὸ τεῖχος,
τὸν δὲ Βάττον προαγαγόντες ἀνέδειξαν ἐπὶ τοῖς πατρίοις
βασιλέα, καὶ τὴν ἀπ´ ἀρχῆς πολιτείαν ὁ Πολύαρχος
ἀπέδωκε τοῖς Κυρηναίοις. ἐτύγχανον δ´ Ἀμάσιδος τοῦ
Αἰγυπτίων βασιλέως στρατιῶται συχνοὶ παρόντες, οἷς ὁ
Λάαρχος ἐχρῆτο πιστοῖς, καὶ φοβερὸς ἦν οὐχ ἥκιστα δι´
ἐκείνων τοῖς πολίταις. οὗτοι πρὸς Ἄμασιν ἔπεμψαν τοὺς
κατηγορήσοντας τοῦ τε Πολυάρχου καὶ τῆς Ἐρυξοῦς.
χαλεπαίνοντος δ´ ἐκείνου καὶ διανοουμένου πολεμεῖν τοῖς
Κυρηναίοις συνέβη τὴν μητέρα τελευτῆσαι, καὶ ταφὰς
αὐτῆς ἐπιτελοῦντος τοὺς ἀπαγγέλλοντας ἐλθεῖν παρὰ
τοῦ Ἀμάσιδος. ἔδοξεν οὖν τῷ Πολυάρχῳ βαδίζειν ἀπολογησομένῳ·
τῆς δ´ Ἐρυξοῦς μὴ ἀπολειπομένης, ἀλλ´
ἕπεσθαι καὶ συγκινδυνεύειν βουλομένης οὐδ´ ἡ μήτηρ
Κριτόλα, καίπερ οὖσα πρεσβῦτις, ἀπελείπετο. μέγιστον
δ´ αὐτῆς ἦν ἀξίωμα, Βάττου γεγενημένης ἀδελφῆς τοῦ
Εὐδαίμονος. ὡς οὖν ἦλθον εἰς Αἴγυπτον, οἵ τ´ ἄλλοι
θαυμαστῶς ἀπεδέξαντο τὴν πρᾶξιν αὐτῶν, καὶ ὁ Ἄμασις
οὐ μετρίως ἀπεδέξατο τήν τε σωφροσύνην καὶ τὴν ἀνδρείαν
τῆς Ἐρυξοῦς· δώροις δὲ τιμήσας καὶ θεραπείᾳ βασιλικῇ
τόν τε Πολύαρχον καὶ τὰς γυναῖκας εἰς Κυρήνην ἀπέστειλεν.
| [25] ERYXO.
Battus, surnommé l'Heureux, eut pour fils Arcésilaüs, qui
sous le rapport des moeurs ne rappelait en rien son père.
Car Battus, de son vivant, l'avait condamné à un talent d'amende
parce qu'il avait fait entourer sa demeure de créneaux.
Après la mort de son père, cet Arcésilaüs, obéissant
à une férocité naturelle qui lui valut même son surnom,
et de plus aux conseils d'un méchant ami, nommé Laarque,
devint un tyran au lieu d'être un roi. Laarque, qui
lui-même aspirait traîtreusement au pouvoir, provoquait
l'exil ou la mort des principaux Cyrénéens et multipliait
les griefs accumulés contre Arcésilaüs. Il finit, en lui donnant
à manger du lièvre marin, par le faire tomber dans
une maladie de langueur qui devint mortelle. Quand Arcésilaüs
fut expiré, il prit le pouvoir sous prétexte de le conserver
à Battus, fils du prince. En raison de son bas âge et
d'une infirmité qui le rendait boiteux, l'enfant était méprisé.
Mais un grand nombre de citoyens s'intéressaient à la mère,
femme d'une haute sagesse, d'une grande humanité, et qui tenait
à des familles nombreuses et puissantes. Aussi Laarque,
lui faisant une cour assidue, demanda-t-il sa main. Il promettait,
s'il devenait son époux, d'adopter Battus pour fils
et de partager le trône avec lui. Eryxo, c'était le nom de
cette princesse, après avoir pris conseil de ses frères, autorisa
Laarque à s'aboucher avec eux, comme si pour sa part
elle acceptait ce mariage. Laarque s'adressa donc aux frères;
mais à dessein ils traînaient en longueur, et suscitaient des
retards. Alors Eryxo envoya auprès de Laarque une de ses
esclaves chargée de lui dire: «Que ses frères, à la vérité,
élevaient pour le moment des oppositions, mais qu'ils cesseraient
toute résistance et donneraient leur consentement
si Laarque et elle avaient ensemble un commencement
de relations; que si donc il le voulait bien, il eût à se rendre
près d'elle pendant la nuit, et qu'une fois l'affaire commencée
le reste marcherait au mieux.» C'était mettre Laarque
au comble de la joie. La proposition amoureuse de la jeune
femme le fit donner tête baissée dans le piége; et il promit
de venir dès qu'elle aurait commandé. Eryxo s'était entendue
en cela avec Polyarque, l'aîné de ses frères. Le moment
est déterminé pour un rendez-vous, et Polyarque est
en secret introduit dans l'appartement de sa soeur avec deux
jeunes gens armés d'épées. C'étaient des fils ardents à venger
le trépas de leur père mis précisément à mort depuis peu
sur l'ordre de Laarque. Eryxo l'ayant donc envoyé chercher,
il arriva sans aucun de ses satellites. Les jeunes gens le
tuèrent de leurs épées, et son cadavre fut jeté par-dessus les
remparts. On fit alors paraître Battus. Il fut déclaré roi
en vertu des titres qu'il tenait de ses pères, et Polyarque
rendit aux Cyrénéens leur ancienne forme de gouvernement.
Cependant il se trouvait alors dans Cyrène un grand
nombre de soldats d'Amasis. Ils étaient dévoués à Laarque,
et pour la ville c'était le sujet d'alarmes sérieuses. Ces soldats
députèrent vers Amasis quelques-uns d'entre eux, chargés
de lui apprendre la conduite de Polyarque et d'Eryxo.
Il entra dans une grande fureur. Déjà il songeait à déclarer
la guerre aux Cyrénéens quand sa mère vint à mourir, et
il dut s'occuper de ses funérailles. Dans l'intervalle on était
venu annoncer quelles étaient ses intentions. Polyarque jugea
donc qu'il ferait bien d'aller se justifier auprès de lui.
Eryxo ne souffrit pas que son frère partît seul : elle voulut
le suivre et partager ses périls. Leur mère elle-même, Critala,
bien que d'un âge fort avancé, ne se sépara point d'eux.
C'était une femme entourée de la plus grande considération,
et soeur du premier Battus, l'heureux. Quand ils furent arrivés
en Égypte, l'acte par eux consommé avait déjà inspiré
à tout le monde une grande admiration. Amasis en particulier
accueillit avec un empressement extraordinaire la sage
et courageuse Eryxo ; et il ne laissa repartir Polyarque et les
deux femmes qu'après les avoir honorés de présents et
traités comme personnages de condition royale.
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