[23] ΓΥΝΑΙΟΝ ΠΕΡΓΑΜΗΝΟΝ.
Ἐπεὶ δὲ Μιθριδάτης ἑξήκοντα Γαλατῶν τοὺς ἀρίστους
μεταπεμψάμενος εἰς Πέργαμον ὡς φίλους ὑβριστικῶς
ἐδόκει καὶ δεσποτικῶς προσφέρεσθαι καὶ πάντες ἠγανάκτουν,
Ἐπορηδόριξ, ἀνὴρ τό τε σῶμα ῥωμαλέος καὶ τὴν
ψυχὴν διαφέρων (ἦν δὲ Τοσιωπῶν τετράρχης), ἀνεδέξατο
τὸν Μιθριδάτην, ὅταν ἐν τῷ βήματι τοῦ γυμνασίου
χρηματίζῃ, συναρπάσας ὤσειν ἅμα σὺν αὐτῷ κατὰ
τῆς φάραγγος. τύχῃ δέ τινι τῆς ἡμέρας ἐκείνης οὐκ
ἀναβάντος εἰς τὸ γυμνάσιον αὐτοῦ, μεταπεμπομένου δὲ
τοὺς Γαλάτας οἴκαδε, θαρρεῖν παρεκάλει, καὶ ὅταν ἐν
ταὐτῷ γένωνται, διασπάσαι τὸ σῶμα καὶ διαφθεῖραι
πανταχόθεν προσπεσόντας. τοῦτ´ οὐκ ἔλαθε τὸν Μιθριδάτην,
ἀλλὰ μηνύσεως γενομένης, καθ´ ἕνα τῶν Γαλατῶν
παρεδίδου σφαγησόμενον· εἶτά πως ἀναμνησθεὶς
νεανίσκου πολὺ προέχοντος ὥρᾳ καὶ κάλλει τῶν καθ´
αὑτὸν ᾤκτειρε καὶ μετενόει, καὶ δῆλος ἦν ἀχθόμενος
ὡς ἐν πρώτοις ἀπολωλότος, ὅμως δ´ ἔπεμψεν, εἰ ζῶν
εὑρεθείη, μεθεῖναι κελεύων· ἦν δ´ ὄνομα τῷ νεανίσκῳ
Βηπολιτανός. καί τις αὐτῷ τύχη θαυμαστὴ συνέπεσε·
καλὴν γὰρ ἐσθῆτα καὶ πολυτελῆ συνελήφθη φορῶν· ἣν
ὁ δήμιος ἀναίμακτον αὑτῷ καὶ καθαρὰν διαφυλάξαι
βουλόμενος, καὶ ἀποδύων ἀτρέμα τὸν νεανίσκον, εἶδε
τοὺς παρὰ τοῦ βασιλέως προσθέοντας ἅμα καὶ τοὔνομα
τοῦ μειρακίου βοῶντας. τὸν μὲν οὖν Βηπολιτανὸν ἡ
πολλοὺς ἀπολέσασα φιλαργυρία διέσωσεν ἀπροσδοκήτως.
ὁ δ´ Ἐπορηδόριξ κατακοπεὶς ἄταφος ἐξεβέβλητο, καὶ
τῶν φίλων οὐδεὶς ἐτόλμησε προσελθεῖν· γύναιον δὲ
Περγαμηνὸν ἐγνωσμένον ἀφ´ ὥρας ζῶντι τῷ Γαλάτῃ
παρεκινδύνευσε θάψαι καὶ περιστεῖλαι τὸν νεκρόν· ᾔσθοντο
δ´ οἱ φύλακες καὶ συλλαβόντες ἀνήγαγον πρὸς τὸν βασιλέα.
λέγεται μὲν οὖν τι καὶ πρὸς τὴν ὄψιν αὐτῆς παθεῖν
ὁ Μιθριδάτης, νέας παντάπασι καὶ ἀκάκου τῆς παιδίσκης
φανείσης· ἔτι δὲ μᾶλλον ὡς ἔοικε τὴν αἰτίαν γνοὺς
ἐρωτικὴν οὖσαν ἐπεκλάσθη καὶ συνεχώρησεν ἀνελέσθαι
καὶ θάψαι τὸν νεκρὸν ἐσθῆτα καὶ κόσμον ἐκ τῶν ἐκείνου
λαβοῦσαν.
| [23] UNE JEUNE FILLE DE PERGAME.
Mithridate, après avoir attiré à Pergame sous les apparences
de l'amitié soixante des principaux Galates, affectait
de leur témoigner du dédain et les traitait en véritable
despote. Ils en étaient tous indignés. Un d'entre eux,
nommé Porédorax, tétrarque des Tosiopes, était remarquable
par sa force corporelle et par l'énergie de son caractère.
Il se chargea de saisir Mithridate, quand ce prince
rendrait la justice sur son siége au Gymnase, et de les précipiter,
l'un portant l'autre, dans la fondrière voisine. Le
hasard voulut que ce jour-là Mithridate ne se rendit pas au
Gymnase et qu'au contraire il manda les Galates chez lui.
Porédorax les exhorta de son mieux à prendre courage,
à se jeter sur le tyran lorsqu'ils seraient réunis autour de sa
personne et à le mettre en pièces après lui avoir donné la
mort. Le complot parvint à la connaissance de Mithridate
par suite d'une dénonciation, et il livra successivement chacun
des Galates au fer du bourreau. Tout à coup il vint à se
souvenir d'un jeune homme qui, parmi eux, l'emportait
de beaucoup sur ceux de son âge en grâce et en beauté. La
compassion et le repentir agitèrent son coeur; et il se montra
d'autant plus affligé, que le jeune homme devait avoir été
une des premières victimes. Toutefois il envoya au plus vite
quelqu'un, avec ordre de le relâcher s'il était trouvé vivant
encore. Cet adolescent se nommait Bépolitanus, et son
bonheur en cette circonstance fut merveilleux. Au moment
où il avait été arrêté il portait un vêtement des plus beaux
et des plus riches, que le bourreau voulut se réserver sans
le salir et le tacher de sang. Il s'y prenait donc tout à
l'aise pour dépouiller Bépolitanus. Ce fut pendant ce délai
qu'il vit accourir ceux qui venaient de la part du roi, et
qui, en même temps, criaient le nom du jeune homme.
Voilà comment celui-ci fut sauvé, contre toute attente, par
l'avidité, passion qui en a perdu tant d'autres. Quant à Porédorax,
après avoir été mis en morceaux il fut jeté sans sépulture,
et aucun ami n'osa même approcher de ses restes. Seule
une jeune fille de Pergame, que sa beauté avait fait connaître
du Galate quand il vivait, tenta d'ensevelir son corps
après l'avoir enveloppé. Mais les gardes s'en aperçurent,
et ils la conduisirent devant le roi. On dit qu'en la voyant
Mithridate éprouva une vive émotion, tant sa jeunesse et sa
candeur la faisaient ressembler à une enfant; et, comme il
est naturel, cette émotion augmenta lorsqu'il sut que l'amour
avait inspiré un tel courage. Il se laissa fléchir. Il permit
à la jeune fille d'enlever et d'ensevelir le mort; et les vêtements
funèbres, ainsi que tout l'appareil de la sépulture,
furent prélevés sur la fortune de Porédorax.
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