HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLUTARQUE, Oeuvres morales, Les vertus des femmes

Chapitre 20

  Chapitre 20

[20] ΚΑΜΜΑ. Ἦσαν ἐν Γαλατίᾳ δυνατώτατοι τῶν τετραρχῶν καί τι καὶ κατὰ γένος προσήκοντες ἀλλήλοις Σινάτος τε καὶ Σινόριξ. ὧν Σινάτος γυναῖκα παρθένον ἔσχε Κάμμαν ὄνομα, περίβλεπτον μὲν ἰδέᾳ σώματος καὶ ὥρᾳ, θαυμαζομένην δὲ μᾶλλον δι´ ἀρετήν· οὐ γὰρ μόνον σώφρων καὶ φίλανδρος, ἀλλὰ καὶ συνετὴ καὶ μεγαλόφρων καὶ ποθεινὴ τοῖς ὑπηκόοις ἦν διαφερόντως ὑπ´ εὐμενείας καὶ χρηστότητος· ἐπιφανεστέραν δ´ αὐτὴν ἐποίει καὶ τὸ τῆς Ἀρτέμιδος ἱέρειαν εἶναι, ἣν μάλιστα Γαλάται σέβουσι, περί τε πομπὰς ἀεὶ καὶ θυσίας κεκοσμημένην ὁρᾶσθαι μεγαλοπρεπῶς. ἐρασθεὶς οὖν αὐτῆς Σινόριξ, καὶ μήτε πεῖσαι μήτε βιάσασθαι ζῶντος τοῦ ἀνδρὸς δυνατὸς ὤν, ἔργον εἰργάσατο δεινόν· ἀπέκτεινε γὰρ δόλῳ τὸν Σινάτον, καὶ χρόνον οὐ πολὺν διαλιπὼν ἐμνᾶτο τὴν Κάμμαν ἐν τῷ ἱερῷ ποιουμένην τὰς διατριβὰς καὶ φέρουσαν οὐκ οἰκτρῶς καὶ ταπεινῶς ἀλλὰ θυμῷ νοῦν ἔχοντι καὶ καιρὸν περιμένοντι τὴν τοῦ Σινόριγος παρανομίαν. δὲ λιπαρὴς ἦν περὶ τὰς δεήσεις, καὶ λόγων ἐδόκει μὴ παντάπασιν ἀπορεῖν εὐπρέπειαν ἐχόντων, ὡς τὰ μὲν ἄλλα Σινάτου βελτίονα παρεσχηκὼς ἑαυτὸν ἀνελὼν δ´ ἐκεῖνον ἔρωτι τῆς Κάμμας, μὴ δι´ ἑτέραν τινὰ πονηρίαν. ἦσαν οὖν τὸ πρῶτον ἀρνήσεις οὐκ ἄγαν ἀπηνεῖς τῆς γυναικός, εἶτα κατὰ μικρὸν ἐδόκει μαλάσσεσθαι· καὶ γὰρ οἰκεῖοι καὶ φίλοι προσέκειντο θεραπείᾳ καὶ χάριτι τοῦ Σινόριγος μέγιστον δυναμένου, πείθοντες αὐτὴν καὶ καταβιαζόμενοι· τέλος δὲ συνεχώρει καὶ μετεπέμπετο πρὸς ἑαυτὴν ἐκεῖνον, ὡς παρὰ τῇ θεῷ τῆς συναινέσεως καὶ καταπιστώσεως γενησομένης. ἐλθόντα δὲ δεξαμένη φιλοφρόνως καὶ προσαγαγοῦσα τῷ βωμῷ κατέσπεισεν ἐκ φιάλης, καὶ τὸ μὲν ἐξέπιεν αὐτὴ τὸ δ´ ἐκεῖνον ἐκέλευσεν· ἦν δὲ πεφαρμαγμένον μελίκρατον. ὡς δ´ εἶδε πεπωκότα, λαμπρὸν ἀνωλόλυξε καὶ τὴν θεὸν προσκυνήσασαμαρτύρομαί σεεἶπεν, ’ πολυτίμητε δαῖμον, ὅτι ταύτης ἕνεκα τῆς ἡμέρας ἐπέζησα τῷ Σινάτου φόνῳ, χρόνον τοσοῦτον οὐδὲν ἀπολαύουσα τοῦ βίου χρηστὸν ἀλλ´ τὴν ἐλπίδα τῆς δίκης, ἣν ἔχουσα καταβαίνω πρὸς τὸν ἐμὸν ἄνδρα. σοὶ δ´, πάντων ἀνοσιώτατε ἀνθρώπων, τάφον ἀντὶ θαλάμου καὶ γάμου παρασκευαζέτωσαν οἱ προσήκοντες.‘ ταῦτα δ´ ἀκούσας Γαλάτης καὶ τοῦ φαρμάκου δρῶντος ἤδη καὶ διακινοῦντος τὸ σῶμα συναισθόμενος ἐπέβη μὲν ὀχήματος ὡς σάλῳ καὶ τιναγμῷ χρησόμενος, ἐξέστη δὲ παραχρῆμα καὶ μεταβὰς εἰς φορεῖον ἑσπέρας ἀπέθανεν. δὲ Κάμμα διενεγκοῦσα τὴν νύκτα καὶ πυθομένη τέλος ἔχειν ἐκεῖνον, εὐθύμως καὶ ἱλαρῶς κατέστρεψεν. [20] CAMMA. Il y avait en Galatie deux tétrarques puissants, qui étaient assez proches parents l'un de l'autre. Ils se nommaient Sinatus et Synorix. Le premier avait épousé la jeune Gamma, remarquable par les charmes de sa beauté et de son âge, mais plus admirée encore à cause de sa vertu. Non seulement elle était sage et dévouée à son mari, mais en outre elle avait un esprit éminent et une grandeur d'âme peu commune, de sorte qu'elle était adorée de ses sujets pour sa douceur et sa bonté. Ce qui lui donnait plus de relief encore, c'est qu'elle était prêtresse de Diane, la principale divinité des Galates. Dans les cérémonies et les sacrifices on la voyait toujours parée magnifiquement. Synorix devint donc amoureux d'elle ; mais ne pouvant ni par la force ni par la persuasion parvenir à la posséder tant que vivrait son mari, il consomma un forfait odieux. En effet il fit périr Sinatus en employant la ruse; et à peine un très bref délai s'était-il écoulé, qu'il sollicitait la main de Camma. Celle-ci avait fixé sa demeure dans le temple ; et loin de céder à l'affliction et à l'abattement, elle attendait avec courage et sang-froid l'occasion de faire expier à Synorix son forfait. De jour en jour le tétrarque devenait plus pressant, et les raisons les plus spécieuses ne semblaient pas lui manquer. Il lui disait, que supérieur en tout le reste à Sinatus, il l'avait fait périr par amour pour elle et non par aucun autre mauvais sentiment. La jeune veuve commença par ne pas opposer des refus trop sévères. Elle sembla ensuite s'adoucir peu à peu, d'autant plus que ses parents et ses amis insistaient auprès d'elle. Comme ils voulaient flatter Synorix et gagner ses bonnes grâces parce qu'il jouissait d'un pouvoir considérable, ils employaient tour à tour auprès de Gamma la violence et la persuasion. A la fin elle consentit. Elle lui fit dire de se rendre auprès d'elle, voulant, ce furent ses paroles, «que la déesse devînt garant de leur union et de leur fidélité réciproque» . Quand il se présenta, elle lui tendit affectueusement la main pour le conduire à l'autel. Puis après avoir fait des libations avec une coupe, elle avala une partie du breuvage contenu dans cette coupe et fit boire le reste à Synorix : or c'était de l'hydromel empoisonné. Dès qu'elle se fut assuré qu'il avait bu, elle poussa un cri éclatant, et s'étant prosternée aux pieds de la déesse : "Divinité vénérable", s'écria-t-elle, «c'est pour voir cette journée que j'ai survécu au meurtre de mon Sinatus; et durant tout mon veuvage l'espoir de la vengeance a été la seule douceur que j'aie goûtée dans la vie. Maintenant que cette vengeance est satisfaite, je descends rejoindre mon époux. Et toi, ô le plus infâme de tous les hommes, au lieu d'un mariage et d'un lit nuptial c'est un tombeau que les tiens auront à te préparer.» A ces mots le Galate, qui sentait déjà le poison agir et lui torturer les entrailles, s'élança sur son char. Il espérait que le mouvement et l'agitation lui seraient favorables, mais il en descendit bientôt et se fit placer dans une litière. Le soir même il expirait. Pour Camma, elle vécut encore tout la nuit; elle apprit que Synorix avait cessé de vivre, et ce fut pleine de courage et de joie qu'elle se sentit mourir.


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Dernière mise à jour : 23/05/2005