[17] ΠΟΛΥΚΡΙΤΗ.
Ναξίοις καὶ Μιλησίοις συνέστη πόλεμος διὰ τὴν
Ὑψικρέοντος τοῦ Μιλησίου γυναῖκα Νέαιραν. αὕτη γὰρ
ἠράσθη Προμέδοντος Ναξίου καὶ συνεπένευσεν· ὃς ἦν
μὲν ξένος τοῦ Ὑψικρέοντος, ἐρασθείσῃ δὲ τῇ Νεαίρᾳ
συνῆλθε, καὶ τὸν ἄνδρα φοβουμένην ἀπαγαγὼν εἰς Νάξον
ἱκέτιν τῆς Ἑστίας ἐκάθισεν. τῶν δὲ Ναξίων οὐκ ἐκδιδόντων
χάριν τοῦ Προμέδοντος, ἄλλως δὲ ποιουμένων
πρόφασιν τὴν ἱκετείαν ὁ πόλεμος συνέστη. τοῖς δὲ Μιλησίοις
ἄλλοι τε πολλοὶ καὶ προθυμότατα τῶν Ἰώνων
Ἐρυθραῖοι συνεμάχουν, καὶ μῆκος ἔσχε καὶ συμφορὰς
ἤνεγκε μεγάλας ὁ πόλεμος· εἶτ´ ἐπαύσατο δι´ ἀρετὴν
γυναικός, ὡς συνέστη διὰ μοχθηρίαν. Διόγνητος γὰρ ὁ
τῶν Ἐρυθραίων στρατηγὸς ἔχων καὶ πεπιστευμένος
ἔρυμα κατὰ τῆς Ναξίων πόλεως εὖ πεφυκὸς καὶ κατεσκευασμένον,
ἠλάσατο λείαν τῶν Ναξίων πολλὴν καὶ
γυναῖκας ἐλευθέρας καὶ παρθένους ἔλαβεν. ὧν μιᾶς
Πολυκρίτης ἐρασθεὶς εἶχεν αὐτὴν οὐχ ὡς αἰχμάλωτον
ἀλλ´ ἐν τάξει γαμετῆς γυναικός. ἑορτῆς δὲ τοῖς Μιλησίοις
καθηκούσης ἐν τῇ στρατιᾷ καὶ πρὸς πόσιν ἁπάντων
καὶ συνουσίας τραπομένων, ἠρώτησε τὸν Διόγνητον
ἡ Πολυκρίτη, μή τι κωλύοι πεμμάτων μερίδας ἀποπέμψαι
τοῖς ἀδελφοῖς αὑτῆς. ἐπιτρέψαντος δ´ ἐκείνου καὶ
κελεύσαντος, ἐνέβαλε μολίβδινον γραμματίδιον εἰς πλακοῦντα,
κελεύσασα φράσαι τὸν κομίζοντα τοῖς ἀδελφοῖς,
ὅπως αὐτοὶ μόνοι καταναλώσωσιν ἃ ἔπεμψε. οἱ δ´ ἐντυχόντες
τῷ μολίβδῳ καὶ τὰ γράμματα τῆς Πολυκρίτης
ἀναγνόντες, κελευούσης νυκτὸς ἐπιθέσθαι τοῖς πολεμίοις,
ὡς ὑπὸ μέθης διὰ τὴν ἑορτὴν ἐξημελημένων πάντων,
προσήγγειλαν τοῖς στρατηγοῖς καὶ παρώρμησαν ἐξελθεῖν
μετ´ αὐτῶν. ἁλόντος δὲ τοῦ χωρίου καὶ πολλῶν διαφθαρέντων,
ἐξῃτήσατο τὸν Διόγνητον ἡ Πολυκρίτη παρὰ τῶν
πολιτῶν καὶ διέσῳσεν. αὐτὴ δὲ πρὸς ταῖς πύλαις γενομένη
καὶ θεασαμένη τοὺς πολίτας ἀπαντῶντας αὐτῇ, μετὰ
χαρᾶς καὶ στεφάνων ὑποδεχομένους καὶ θαυμάζοντας,
οὐκ ἤνεγκε τὸ μέγεθος τῆς χαρᾶς, ἀλλ´ ἀπέθανεν αὐτοῦ
πεσοῦσα παρὰ τὴν πύλην, ὅπου τέθαπται, καὶ καλεῖται
βασκάνου τάφος, ὡς βασκάνῳ τινὶ τύχῃ τὴν Πολυκρίτην
φθονηθεῖσαν οὐκ ἀπολαῦσαι τῶν τιμῶν.
Οὕτω μὲν οἱ Ναξίων συγγραφεῖς ἱστοροῦσιν· ὁ δ´
Ἀριστοτέλης φησὶν οὐχ ἁλούσης τῆς Πολυκρίτης,
ἄλλως δέ πως ἰδόντα τὸν Διόγνητον ἐρασθῆναι
καὶ πάντα διδόναι καὶ ποιεῖν ἕτοιμον εἶναι· τὴν δ´ ὁμολογεῖν
ἀφίξεσθαι πρὸς αὐτόν, ἑνὸς μόνου τυχοῦσαν, περὶ
οὗ τὸν Διόγνητον, ὥς φησιν ὁ φιλόσοφος, ὅρκον ᾔτησεν·
ἐπεὶ δ´ ὤμοσεν, ἠξίου τὸ Δήλιον αὐτῇ δοθῆναι (Δήλιον
γὰρ ἐκαλεῖτο τὸ χωρίον), ἄλλως δ´ οὐκ ἂν ἔφη συνελθεῖν.
ὁ δὲ καὶ διὰ τὴν ἐπιθυμίαν καὶ διὰ τὸν ὅρκον ἐξέστη
καὶ παρέδωκε τῇ Πολυκρίτῃ τὸν τόπον, ἐκείνη δὲ τοῖς
πολίταις. ἐκ δὲ τούτου πάλιν εἰς ἴσον καταστάντες, ἐφ´
οἷς ἠβούλοντο πρὸς τοὺς Μιλησίους διελύθησαν.
| [17] POLYCRITE
Entre les habitants de Naxos et ceux de Milet une guerre
s'éleva au sujet de la femme du Milésien Hypsicréon. Elle
se nommait Nééra. Étant devenue amoureuse d'un hôte de son
mari, Promédon le Naxien, elle se permit avec son amant de
fréquentes traversées sur mer, et il la posséda. Mais enfin,
comme elle redoutait son époux, elle se fit emmener à Naxos
par Promédon, qui l'y installa en qualité de suppliante de
Vesta. Les Naxiens ne voulurent pas la rendre parce qu'ils
désiraient complaire à Promédon, et ils alléguaient d'ailleurs
pour prétexte son caractère de suppliante. La guerre fut
donc déclarée. Plusieurs peuples, et parmi ceux d'Ionie les
Erythréens plus ardemment que les autres, prirent parti
pour les Milésiens. Les hostilités furent longues et désastreuses;
et il fallut la vertu d'une femme pour y mettre
terme, comme la perversité d'une femme en avait été l'origine.
Diognète, général des Erythréens, occupait un poste
à la garde duquel il avait été commis. C'était un château-fort,
dominant Naxos et protégé par sa nature, outre qu'il
avait été disposé de main d'homme. Dans ses différentes sorties
Diognète faisait un butin considérable, et emmenait
prisonnières des femmes libres et des jeunes filles. Il devint
amoureux d'une d'entre elles, nommée Polycrite, qu'il
traitait non pas en prisonnière mais comme si elle eût été
son épouse légitime. Un jour il se célébrait une fête dans l'armée
des Milésiens : tous étaient occupés à boire et à se divertir.
Polycrite demanda à Diognète s'il s'opposerait à ce
qu'elle envoyât quelques lots de pâtisseries à ses frères.
Comme il y eut consenti, qu'il l'eut même pressée de le
faire, dans un de ces gâteaux elle introduisit une petite tablette
de plomb écrite, et par l'organe du porteur elle recommanda
à ses frères de s'arranger pour être seuls quand
ils mangeraient ce qu'elle leur avait envoyé. Ils trouvèrent
la tablette, et lurent ce que Polycrite y avait consigné. Elle
leur disait d'attaquer cette nuit même les Milésiens qui, plongés
tous dans l'ivresse à cause de la fête, ne seraient nullement
préparés. Ils communiquèrent l'avis à leurs chefs, et avec
eux s'élancèrent à l'attaque. Le fort fut pris; un grand nombre
d'ennemis périrent; mais sur la demande que Polycrite
en fit à ses concitoyens, Diognète eut la vie sauve. Pour
elle, arrivée aux portes de la ville, elle fut accueillie par les
habitants qui venaient à sa rencontre pour lui offrir, avec
des démonstrations de joie, des couronnes et les hommages
de leur admiration. Mais elle ne put soutenir l'excès de son
bonheur, et elle tomba expirante aux portes mêmes. C'est là
qu'elle fut enterrée, et l'endroit s'appelle «Tombeau de
l'Envie», comme si, par un sentiment jaloux, la Fortune
eût envié à Polycrite la jouissance des honneurs qui lui
étaient destinés.
Voilà comment les historiens de Naxos racontent le fait.
Mais selon Aristote, Polycrite n'avait pas été faite prisonnière.
C'était dans une autre circonstance que Diognète,
l'ayant vue, était devenu amoureux d'elle, et lui avait dit
qu'il était prêt à lui donner et à réaliser, pour l'amour
d'elle, tout ce qu'elle demanderait. Elle avait promis de se
rendre auprès de lui s'il lui faisait une seule promesse,
pour laquelle, au rapport du philosophe, elle exigea de
Diognète un serment. Quand il l'eut prononcé, elle voulut
qu'il lui livrât Délie, (c'était le nom du fort), et elle déclara
que s'il n'y consentait pas elle ne serait jamais à lui. Vaincu
par son amour et enchaîné par son serment, Diognète céda.
Il livra le fort à Polycrite, et cette dernière le rendit à ses
concitoyens. Par là ceux de Naxos reprirent une position
égale à celle de leurs adversaires, et purent, aux conditions
qu'il leur plut, traiter de la paix avec les Milésiens.
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