[13] ΦΩΚΙΔΕΣ
Τῶν ἐν Φωκεῦσι τυράννων κατειληφότων Δελφοὺς καὶ
τὸν ἱερὸν κληθέντα πόλεμον Θηβαίων πολεμούντων πρὸς
αὐτούς, αἱ περὶ τὸν Διόνυσον γυναῖκες, ἃς Θυιάδας ὀνομάζουσιν,
ἐκμανεῖσαι καὶ περιπλανηθεῖσαι νυκτὸς ἔλαθον
ἐν Ἀμφίσσῃ γενόμεναι· κατάκοποι δ´ οὖσαι καὶ μηδέπω
τοῦ φρονεῖν παρόντος αὐταῖς ἐν τῇ ἀγορᾷ προέμεναι τὰ
σώματα σποράδην ἔκειντο καθεύδουσαι. τῶν δ´ Ἀμφισσέων
αἱ γυναῖκες, φοβηθεῖσαι μὴ διὰ τὸ σύμμαχον τὴν
πόλιν Φωκέων γεγονέναι καὶ συχνοὺς στρατιώτας παρεῖναι
τῶν τυράννων ἀγνωμονηθῶσιν αἱ Θυιάδες, ἐξέδραμον
εἰς τὴν ἀγορὰν ἅπασαι καὶ κύκλῳ περιστᾶσαι σιωπῇ
κοιμωμέναις μὲν οὐ προσῄεσαν, ἐπεὶ δ´ ἐξανέστησαν,
ἄλλαι περὶ ἄλλας ἐγίνοντο θεραπεύουσαι καὶ τροφὴν
προσφέρουσαι· τέλος δὲ πείσασαι τοὺς ἄνδρας ἐπηκολούθησαν
αὐταῖς ἄχρι τῶν ὅρων ἀσφαλῶς προπεμπομέναις.
| [13] AUTRES PHOCÉENNES.
Les Tyrans de la Phocide s'étaient emparés de Delphes,
et à cette occasion les Thébains leur faisaient la guerre dite
a guerre sainte. Une certaine nuit les femmes vouées au
culte de Bacchus, et que l'on appelle Thyiades, emportées
par leur délire furieux, entrèrent, sans avoir conscience de
ce qu'elles faisaient, dans la ville d'Amphisse. Elles étaient
excédées de fatigue; et la raison ne leur étant pas encore
revenue, elles s'étendirent sur la place publique, s'y couchèrent
pêle-mêle et s'endormirent. Mais les femmes d'Amphisse
eurent peur qu'à cause de l'alliance de la ville avec les
Phocéens et de la présence des nombreux soldats de leurs
tyrans ces Thyiades ne fussent l'objet de traitements indignes.
Elles sortirent toutes de chez elles, et coururent à la
place publique. Là elles les entourèrent en silence, sans
troubler leur repos. Puis à leur réveil elles leur prodiguèrent
chacune leurs soins et leur présentèrent de la nourriture.
Enfin, autorisées par le consentement de leurs maris,
elles les reconduisirent en toute sûreté jusqu'à ce
qu'elles eussent repassé les limites du territoire.
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