HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - De la vertu morale

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[448] ἀλλ´ αὐτός τ´ (448a) Ἀριστοτέλης Δημόκριτός τε καὶ Χρύσιππος ἔνια τῶν πρόσθεν αὐτοῖς ἀρεσκόντων ἀθορύβως καὶ ἀδήκτως καὶ μεθ´ ἡδονῆς ἀφεῖσαν; Ὅτι τῷ θεωρητικῷ καὶ μαθηματικῷ τῆς ψυχῆς πάθος οὐδὲν ἀνθέστηκεν ἀλλ´ ἀτρεμεῖ καὶ οὐ πολυπραγμονεῖ τὸ ἄλογον ἐν τούτοις· διὸ πρὸς τὸ ἀληθὲς λογισμός, ὅταν φανῇ, προέμενος τὸ ψεῦδος ἀσμένως ἀπέκλινεν· ἐν αὐτῷ γὰρ ἔστιν οὐκ ἐν ἑτέρῳ τὸ πειθόμενον καὶ μεταπειθόμενον. Αἱ δὲ πραγματικαὶ βουλαὶ καὶ κρίσεις καὶ δίαιται τῶν πολλῶν ἐμπαθεῖς οὖσαι δυσοδίαν τῷ λόγῳ παρέχουσι καὶ δυσκολίαν, ἐνισχομένῳ καὶ ταραττομένῳ (448b) περὶ τὸ ἄλογον, ἀνταῖρον αὐτῷ μεθ´ ἡδονῆς τινος δέους λύπης ἐπιθυμίας. Καὶ τούτων κριτήριον αἴσθησίς ἐστιν ἀμφοτέρων ἐφαπτομένη· καὶ γὰρ ἂν περιγένηται θάτερον, οὐκ ἀνῄρηκε θάτερον, ἀλλ´ ἐφέλκεται καταβιαζόμενον καὶ ἀντιτεῖνον. γὰρ νουθετῶν αὑτὸν ἐρῶντα χρῆται τῷ λογισμῷ πρὸς τὸ πάθος, ὡς ἀμφοτέρων ἐνόντων ἅμα τῇ ψυχῇ, καθάπερ χειρὶ φλεγμαῖνον ἕτερον μέρος πιέζων καὶ δυεῖν ὄντων καὶ διαφερόντων ἐπαισθανόμενος. Ἐν μέντοι ταῖς ἀπαθέσι βουλαῖς καὶ σκέψεσιν, οἵας ἔχει μάλιστα τὸ θεωρητικόν, ἂν μὲν (448c) ἴσαι μένωσιν, οὐ γέγονε κρίσις ἀλλ´ ἀπορία, στάσις οὖσα καὶ μονὴ διανοίας ὑπ´ ἐναντίων πιθανῶν· ἂν δὲ ῥοπὴ γένηται πρὸς θάτερον, κρατήσασα τὴν ἑτέραν λέλυκεν, ὥστε μὴ λυπεῖν μηδ´ ὑπεναντιοῦσθαι πρὸς τὴν δόξαν. Ὅλως δὲ λογισμοῦ μὲν ἀντικεῖσθαι λογισμῷ δοκοῦντος οὐ γίνεται δυεῖν καὶ ἑτέρων αἴσθησις ἀλλ´ ἑνός τινος ἐν διαφόροις γινομένου φαντασίαις· ὅταν δὲ τὸ ἄλογον μάχηται τῷ λογισμῷ, μήτε κρατεῖν ἀλύπως μήτε κρατεῖσθαι πεφυκὸς εὐθὺς εἰς δύο διίστησι τῇ μάχῃ τὴν ψυχὴν καὶ ποιεῖ τὴν διαφορὰν πρόδηλον. (448d) Οὐ μόνον τοίνυν ἀπὸ τῆς μάχης ἀλλ´ οὐδὲν ἧττον ἀπὸ τῆς ἀκολουθίας κατίδοι τις ἂν τὴν παθητικὴν ἀρχὴν τῆς λογιστικῆς ἑτέραν οὖσαν. Ἐπεὶ γὰρ ἔστι μὲν ἐρᾶν εὐφυοῦς πρὸς ἀρετὴν καὶ γενναίου παιδὸς ἔστι δὲ φαύλου καὶ ἀκολάστου, συμβαίνει δὲ θυμῷ χρῆσθαι μὲν ἀλόγως πρὸς παῖδας αὑτοῦ καὶ γονεῖς χρῆσθαι δ´ ὑπὲρ γονέων καὶ παίδων δικαίως πρὸς πολεμίους καὶ τυράννους, ὥσπερ ἐκεῖ μάχης καὶ διαφορᾶς τοῦ πάθους πρὸς τὸν λογισμὸν αἴσθησις ἔστιν, οὕτως ἐνταῦθα πειθοῦς καὶ ἀκολουθίας, οἷον ἐπιρρέποντος καὶ συνεπιδιδόντος. Ἔτι τοίνυν καὶ (448e) γυναῖκα γήμας κατὰ νόμους ἀνὴρ ἐπιεικὴς διανοεῖται περιέπειν καὶ συνεῖναι δικαίως καὶ σωφρόνως, χρόνῳ δὲ τῆς συνηθείας ἐντεκούσης πάθος αἰσθάνεται τῷ λογισμῷ τὸ φιλεῖν καὶ τὸ ἀγαπᾶν ἐπιτεινόμενον. Ὥσπερ αὖ καὶ νέοι διδασκάλοις ἐπιτυχόντες ἀστείοις ὑπὸ χρείας τὸ πρῶτον ἕπονται καὶ ζηλοῦσιν, ὕστερον δὲ καὶ φιλοῦσιν, ἀντὶ γνωρίμων καὶ μαθητῶν ἐρασταὶ καλούμενοι καὶ ὄντες. Τὸ δ´ αὐτὸ συμβαίνει καὶ πρὸς ἄρχοντας ἐν πόλεσι χρηστοὺς καὶ γείτονας καὶ κηδεστάς· ἀρξάμενοι γὰρ ὑπὸ χρείας τινὸς καθηκόντως ἀλλήλοις ὁμιλεῖν, ἔπειτα λανθάνουσιν (448f) εἰς τὸ φιλεῖν ὑποφερόμενοι συνεπισπασαμένου τοῦ λογισμοῦ καὶ συναναπείσαντος τὸ παθητικόν. δ´ εἰπών « Αἰδώς τε· δισσαὶ δ´ εἰσίν, μὲν οὐ κακὴ δ´ ἄχθος οἴκων » . Ἆρ´ οὐ δῆλός ἐστι συνῃσθημένος ἐν ἑαυτῷ τοῦτο τὸ πάθος πολλάκις μὲν ἀκολουθοῦν τῷ λόγῳ καὶ συγκατακοσμούμενον, [448] (448a) Pourquoi Démocrite, Aristote et Chrysippe ont-ils abandonné sans regret, ou même avec plaisir, des opinions qu'ils avaient d'abord adoptées? C'est que, dans les objets de pure spéculation, la raison n'est pas contrariée par la cupidité, qui, indifférente à ces sortes de matières, ne cherche pas même à s'en occuper. La raison donc embrasse avec joie la vérité dès qu'elle la découvre, et abandonne le mensonge, parce que c'est elle-même, et non une autre faculté, qui rejette sa première opinion pour en adopter une meilleure. Mais dans les discussions politiques ou civiles, et dans les jugements, les passions ont presque toujours une influence qui trouble la raison (448b) et fait naître mille obstacles. Elles lui opposent le plaisir ou la douleur, la crainte ou le désir. Dans ce combat, c'est le sentiment qui juge entre la raison et la cupidité, parce qu'il participe de l'une et de l'autre. En donnant la victoire à celle-ci, il ne détruit pas entièrement l'autre ; il l'attire vers la première, malgré sa résistance. Un voluptueux qui se reproche son goût pour les plaisirs, attaque la cupidité par la raison. Elles existent donc toutes les deux en même temps dans son âme, et comme il sent leur combat mutuel, il réprime la partie qui se soulève contre l'autre. Dans les matières de pure spéculation, si l'esprit est également balancé (448c) par deux opinions contraires, il suspend son jugement ; il reste dans le doute et dans une sorte de repos. Se décide-t-il pour une des deux, celle qui triomphe détruit entièrement l'autre, qui ne lui oppose plus de résistance, et ne lui cause aucune peine. En un mot, quand un raisonnement est contredit par un autre, on ne sent pas deux facultés opposées qui délibèrent, mais une seule qui considère son objet sous des rapports différents. Est-ce la cupidité qui contrarie la raison, comme elle ne peut ni vaincre ni succomber, sans exciter quelque regret, l'âme est divisée par ce combat, et la différence des deux facultés devient manifestement sensible. (448d) Ce n'est pas seulement par ce combat, mais encore par ses suites, qu'on reconnaît que le principe des passions diffère de celui de la raison. On peut, par exemple, concevoir de l'amitié pour un jeune homme d'un caractère vertueux; on peut aussi en aimer un qui soit vicieux et corrompu. Il arrive qu'on s'irrite injustement contre ses parents et ses enfants ; quelquefois on le fait avec justice contre des tyrans ou des ennemis. Là, on sent l'opposition de la cupidité à la raison; ici, on reconnaît sa soumission, sa dépendance, son empressement à la seconder. Un homme de bien qui contracte (448e) un mariage légitime se propose de vivre honnêtement avec sa femme ; ensuite, l'habitude faisant naître l'affection et l'amour, il sent que la raison fortifie sa tendresse. Des jeunes gens, confiés à de sages instituteurs, s'attachent d'abord à eux par le besoin qu'ils en ont ; mais bientôt ils conçoivent pour eux une affection véritable, et sont moins leurs disciples que leurs amis. ll en est de même des magistrats, des voisins et des alliés. Nos liaisons avec eux commencent par des besoins et des devoirs. Peu à peu (448f) la raison détermine l'attachement, et fait à ces premiers rapports succéder insensiblement une amitié sincère. Celui qui disait : "Il est une pudeur qu'inspire la vertu ; Il en est une encore dont le vice est la source", ne devait-il pas avoir souvent éprouvé que cette passion, en lui opposant, contre les lumières de la raison, des délais et des retards fréquents,


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Dernière mise à jour : 17/07/2008