[449] πολλάκις δὲ παρὰ τὸν λόγον
ὄκνοις καὶ μελλήσεσι (449a) καιροὺς καὶ πράγματα λυμαινόμενον;
Οἷς καὶ αὐτοὶ τρόπον τινὰ διὰ τὴν ἐνάργειαν ὑπείκοντες αἰδεῖσθαι τὸ
αἰσχύνεσθαι καλοῦσι καὶ τὸ ἥδεσθαι χαίρειν καὶ τοὺς φόβους εὐλαβείας,
ταύτην μὲν οὐδενὸς ἂν αἰτιασαμένου τὴν εὐφημίαν, εἰ τὰ αὐτὰ πάθη
προστιθέμενα μὲν τῷ λογισμῷ τούτοις καλοῦσι τοῖς ὀνόμασι, μαχόμενα δὲ καὶ
βιαζόμενα τὸν λογισμὸν ἐκείνοις· ὅταν δὲ δακρύοις ἐλεγχόμενοι καὶ τρόμοις
καὶ χρόας μεταβολαῖς ἀντὶ λύπης καὶ φόβου δηγμούς τινας καὶ συνθροήσεις
λέγωσι καὶ προθυμίας τὰς ἐπιθυμίας ὑποκορίζωνται, σοφιστικὰς δοκοῦσιν οὐ
(449b) φιλοσόφους διακρούσεις καὶ ἀποδράσεις ἐκ τῶν πραγμάτων μηχανᾶσθαι
διὰ τῶν ὀνομάτων. Καίτοι πάλιν αὐτοὶ τάς τε χαρὰς ἐκείνας καὶ τὰς
βουλήσεις καὶ τὰς εὐλαβείας εὐπαθείας καλοῦσιν οὐκ ἀπαθείας, ὀρθῶς ἐνταῦθα
χρώμενοι τοῖς ὀνόμασι· γίνεται γὰρ εὐπάθεια τοῦ λογισμοῦ τὸ πάθος οὐκ
ἀναιροῦντος ἀλλὰ κοσμοῦντος καὶ τάττοντος ἐν τοῖς σωφρονοῦσιν. Οἱ δὲ
φαῦλοι καὶ ἀκρατεῖς τί πάσχουσιν, ὅταν τὸν πατέρα καὶ τὴν μητέρα κρίναντες
φιλεῖν ἀντὶ τοῦ ἐρωμένου καὶ τῆς ἐρωμένης μὴ δύνωνται, τὴν δ´ ἑταίραν καὶ
τὸν κόλακα κρίναντες εὐθὺς καὶ φιλῶσιν; Εἰ γὰρ τὸ πάθος ἦν κρίσις, ἔδει τῇ
τοῦ φιλεῖν χρῆναι καὶ μισεῖν κρίσει τὸ φιλεῖν ἕπεσθαι καὶ τὸ μισεῖν·
(449c) νυνὶ δὲ συμβαίνει τἀναντία, ταῖς μὲν προστιθεμένου τοῦ πάθους
κρίσεσι ταῖς δ´ ἀπειθοῦντος. ᾟ καί φασιν αὐτοί, τῶν πραγμάτων
ἐκβιαζομένων, οὐ πᾶσαν εἶναι κρίσιν πάθος ἀλλὰ τὴν κινητικὴν ὁρμῆς βιαίου
καὶ πλεοναζούσης, ὁμολογοῦντες ἕτερον εἶναι τὸ κρῖνον καὶ τὸ πάσχον ἐν
ἡμῖν ὥσπερ τὸ κινοῦν καὶ τὸ κινούμενον. Αὐτός τε Χρύσιππος ἐν πολλοῖς
ὁριζόμενος τὴν καρτερίαν καὶ τὴν ἐγκράτειαν ἕξεις ἀκολουθητικὰς τῷ
αἱροῦντι λόγῳ, δῆλός ἐστιν ὑπὸ τῶν πραγμάτων ὁμολογεῖν ἀναγκαζόμενος, ὡς
ἕτερόν ἐστι τὸ ἀκολουθοῦν ἐν ἡμῖν τοῦ (449d) ᾧ ἀκολουθεῖ πειθόμενον ἢ
πάλιν μάχεται μὴ πειθόμενον.
Ἴσα τοίνυν τὰ ἁμαρτήματα πάντα καὶ πάσας τιθέμενοι τὰς ἁμαρτίας, εἰ μὲν
ἄλλῃ πη παρορῶσι τὸ ἀληθές, οὐκ ἔστι καιρὸς ἐν τῷ παρόντι διελέγχειν, ἐν
δὲ τοῖς πάθεσι φαίνονται κομιδῇ παρὰ τὴν ἐνάργειαν ἐνιστάμενοι τῷ λόγῳ.
Πᾶν μὲν γὰρ πάθος ἁμαρτία κατ´ αὐτούς ἐστι, καὶ πᾶς ὁ λυπούμενος ἢ
φοβούμενος ἢ ἐπιθυμῶν ἁμαρτάνει· μεγάλαι δὲ τῶν παθῶν διαφοραὶ κατὰ τὸ
μᾶλλον καὶ τὸ ἧττον ὁρῶνται. Τίς γὰρ ἂν φαίη τὸν Δόλωνος φόβον ἴσον εἶναι
τῷ Αἴαντος
« Ἐντροπαλιζομένου »
καὶ βάδην ἀπιόντος ἐκ τῶν πολεμίων
« Ὀλίγον γόνυ γουνὸς ἀμείβοντος »
(449e) Πλάτωνος ἐπὶ Σωκράτει τελευτήσαντι λύπῃ τὴν Ἀλεξάνδρου διὰ Κλεῖτον
αὑτὸν ἀνελεῖν ὁρμήσαντος; Ἐπιτείνονται γὰρ οὐ μετρίως καὶ τῷ παρὰ λόγον αἱ
λῦπαι, καὶ τὸ παρ´ ἐλπίδα σύμπτωμα τοῦ κατὰ λόγον ὀδυνηρότερον· εἰ
προσδοκῶν εὐημεροῦντα καὶ θαυμαζόμενον ὄψεσθαι πύθοιτο κατεστρεβλωμένον,
ὡς Φιλώταν Παρμενίων. Θυμῷ δὲ τίς ἂν εἴποι πρὸς Ἀνάξαρχον ἴσῳ κεχρῆσθαι
Νικοκρέοντα καὶ πρὸς Φιλήμονα Μάγαν, ἀμφοτέρους λοιδορηθέντας ὑπ´ αὐτῶν; Ὁ
μὲν γὰρ ὑπέροις σιδηροῖς κατέπτισε καὶ κατέκοψεν ἐκεῖνον· ὁ δὲ τῷ Φιλήμονι
τὸν (449f) δήμιον ἐκέλευσεν ἐπὶ τὸν τράχηλον ἐπιθεῖναι γυμνὴν τὴν μάχαιραν
εἶτ´ ἀφεῖναι. Διὸ καὶ νεῦρα τῆς ψυχῆς τὸν θυμὸν ὁ Πλάτων προσεῖπεν ὡς
ἐπιτεινόμενόν τε πικρίᾳ καὶ πραότητι χαλώμενον.
Ταῦτα τοίνυν καὶ τὰ τοιαῦτα διακρουόμενοι τὰς ἐπιτάσεις τῶν παθῶν καὶ τὰς
σφοδρότητας
| [449] (449a) lui avait fait perdre les plus belles occasions d'agir?
Au reste, les philosophes que je combats, forcés par l'évidence de ces
preuves, donnent à la honte le nom de pudeur, à la volupté, celui de joie,
à la crainte, celui de circonspection. Et personne ne les blâmerait de cet
adoucissement de termes si, réservant les noms honnêtes pour les passions
soumises à la raison, ils donnaient les dénominations odieuses à celles
qui sont révoltées contre elle. Mais lorsque, convaincus par leur
tremblement, leur pâleur et leurs larmes, au lieu de donner à ces
affections les noms de douleur et de crainte, ils disent que ce sont des
morsures, des ferments de l'âme, et qu'ils voilent, sous le nom spécieux
d'activité, des désirs violents et impétueux, n'est-ce pas alors, par un
subterfuge plus digne de misérables sophistes (449b) que de vrais
philosophes, équivoquer artificieusement sur les mots pour éluder les
choses? Au contraire, nomment-ils les joies, les désirs et les
précautions, non des sentiments exempts de passion, mais des affections
légitimes, alors ils emploient les termes dans leur sens véritable. Une
affection est légitime, non quand la raison a totalement détruit la
cupidité, mais quand elle la retient dans cet ordre et cette modération
qui font l'homme tempérant. Qu'arrive-t-il, au contraire, aux cœurs
vicieux? S'ils se disent à eux-mêmes qu'il vaut mieux aimer ses parents
que les vils objets d'une passion criminelle, ils ne peuvent s'y
déterminer. Jugent-ils qu'ils doivent s'attacher à une courtisane ou à un
flatteur, sur le champ la liaison est formée. Si la passion et le jugement
étaient une même chose, dès que nous aurions jugé qu'il nous faut aimer ou
haïr quelqu'un, ces jugements seraient toujours suivis de notre amour ou
de notre haine. (449c) Mais il arrive tout le contraire; et ces décisions
de notre esprit trouvent la passion tantôt soumise et tantôt rebelle.
Aussi ces philosophes, cédant à l'évidence, disent-ils que tout jugement
n'est pas une passion, mais seulement ceux qui excitent en nous des désirs
violents et désordonnés. Ils reconnaissent donc que le jugement et la
passion sont en nous deux facultés différentes, comme le mouvement diffère
de ce qui le produit. Chrysippe lui-même, qui, dans plusieurs endroits de
ses ouvrages, définit la patience et la continence des habitudes conformes
à la raison, montre évidemment en cela que, forcé par la nature des
choses, il reconnaît que la faculté qui obéit est différente de celle qui
commande, (449d) puisque celle-ci trouve l'autre tantôt docile, tantôt
rebelle à ses lois.
Quant au paradoxe qu'ils soutiennent, que toutes les fautes sont égales,
ce n'est pas ici le lieu de le discuter. Je dirai seulement qu'en bien des
choses ils contredisent ouvertement la raison. Toute passion, disent-ils,
est une faute; et quiconque s'afflige, craint ou désire, est coupable.
Mais ne voyons-nous pas que les mêmes passions sont plus ou moins fortes?
Qui oserait dire que la peur de Dolon n'était pas plus forte que celle
d'Ajax, qui se retirait d'un pas lent et tranquille du milieu des ennemis,
et se retournait souvent pour les combattre ? que la douleur (449e) de
Platon, sur la mort de Socrate, égalait celle d'Alexandre pour le meurtre
de Clitus, que ce prince voulut venger sur lui-même? D'ailleurs, les
chagrins inattendus, les accidents qui arrivent contre toute espérance, ne
sont-ils pas bien plus sensibles que ceux qu'on avait prévus? Quoi, par
exemple, de plus cruel que d'apprendre qu'un fils, qu'on croyait dans la
plus haute faveur, a péri dans les supplices, comme Parménion l'apprit de
Philotas? Croira-t-on encore que Nicocréon, qui, insulté par Anaxarque, le
fit broyer avec des pilons de fer dans un mortier, ne fut pas plus en
colère que Magas, qui, pour la même cause, fit poser par le bourreau
(449f) une épée nue sur le cou de Philémon, et le renvoya sans lui faire
aucun mal?
Aussi Platon appelle–t–il la colère les nerfs de l'âme, parce qu'ils se
tendent par l'aigreur, et se relâchent par la douceur. Les stoïciens, pour
éluder ces sortes d'objections,
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