HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - De la vertu morale

Page 450

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[450] οὔ φασι γίνεσθαι κατὰ τὴν κρίσιν (450a) ἐν τὸ ἁμαρτητικόν, ἀλλὰ τὰς δήξεις καὶ τὰς συστολὰς καὶ τὰς διαχύσεις εἶναι τὰς τὸ μᾶλλον καὶ τὸ ἧττον τῷ ἀλόγῳ δεχομένας. Καίτοι καὶ περὶ τὰς κρίσεις φαίνονται γινόμεναι διαφοραί. Τήν τε γὰρ πενίαν οἱ μὲν οὐ κακὸν οἱ δὲ καὶ μέγα κρίνουσι κακόν, οἱ δέ γε καὶ μέγιστον, ὥστε καὶ κατὰ τῶν πετρῶν καὶ κατὰ τῆς θαλάττης ὠθεῖν ἑαυτούς· τόν τε θάνατον οἱ μὲν ἀγαθῶν στερήσει μόνον οἱ δὲ καὶ τιμωρίαις αἰωνίοις ὑπὸ γῆν καὶ κολασμοῖς φρικώδεσι κακὸν εἶναι νομίζουσιν· τε τοῦ σώματος ὑγίεια τοῖς μὲν ὡς κατὰ φύσιν καὶ χρήσιμον ἀγαπᾶται, τοῖς δὲ τῶν ὄντων δοκεῖ μέγιστον ἀγαθόν· (450b) οὔτε γάρ « Πλούτου χάρις τεκέων » οὔτε « Τᾶς ἰσοδαίμονος ἀνθρώποις βασιληίδος ἀρχᾶς » τελευτῶντες δὲ καὶ τὴν ἀρετὴν ἀνωφελῆ καὶ ἀνόνητον ἡγοῦνται τοῦ ὑγιαίνειν μὴ παρόντος· ὥστε φαίνεσθαι καὶ περὶ τὰς κρίσεις αὐτὰς τοὺς μὲν μᾶλλον τοὺς δ´ ἧττον ἁμαρτάνοντας. Ἀλλ´ οὐ τοῦτο νῦν διελεγκτέον, ἐκεῖνο δ´ ἐκ τούτου ληπτέον, ὅτι συγχωροῦσι καὶ αὐτοὶ τῆς κρίσεως ἕτερον εἶναι τὸ ἄλογον, καθ´ φασι γίνεσθαι τὸ πάθος σφοδρότερον καὶ μεῖζον, ἐρίζοντες πρὸς τοὔνομα καὶ τὸ ῥῆμα, τὰ δὲ πράγματα διδόντες τοῖς διαφέρειν τὸ παθητικὸν καὶ ἄλογον τοῦ λογιζομένου καὶ (450c) κρίνοντος ἀποφαινομένοις. Ἐν δὲ τοῖς περὶ Ἀνομολογίας Χρύσιππος εἰπών, ὅτι « Τυφλόν ἐστιν ὀργὴ καὶ πολλάκις μὲν οὐκ ἐᾷ ὁρᾶν τὰ ἐκφανῆ πολλάκις δὲ τοῖς καταλαμβανομένοις ἐπιπροσθεῖ, » μικρὸν προελθών « Τὰ γὰρ ἐπιγινόμενα » φησί « πάθη ἐκκρούει τοὺς λογισμοὺς καὶ τὰ ὡς ἑτέρως φαινόμενα, βιαίως προωθοῦντα ἐπὶ τὰς ἐναντίας πράξεις »· εἶτα χρῆται μάρτυρι τῷ Μενάνδρῳ λέγοντι « Οἴμοι τάλας ἔγωγε, ποῦ ποθ´ αἱ φρένες ἡμῶν ἐκεῖνον ἦσαν ἐν τῷ σώματι τὸν χρόνον, 〈ὃνοὐ ταῦτ´ ἀλλ´ ἐκεῖν´ ᾑρούμεθα; » (450d) Καὶ πάλιν Χρύσιππος προελθὼν τοῦ λογικοῦ φησι ζῴου φύσιν ἔχοντος προσχρῆσθαι εἰς ἕκαστα τῷ λόγῳ καὶ ὑπὸ τούτου κυβερνᾶσθαι πολλάκις ἀποστρέφεσθαι αὐτὸν ἡμᾶς ἄλλῃ βιαιοτέρᾳ φορᾷ χρωμένους, ὁμολογῶν τὸ συμβαῖνον ἐκ τῆς πρὸς τὸν λόγον τοῦ πάθους διαφορᾶς. Ἐπεὶ καὶ γελοῖόν ἐστιν, Πλάτων φησίν, αὐτόν τινα λέγειν αὑτοῦ κρείττονα καὶ πάλιν χείρονα, καὶ τὸν μὲν κρατοῦνθ´ ἑαυτοῦ τὸν δὲ μὴ κρατοῦντα. Πῶς γὰρ οἷόν τε τὸν αὐτὸν αὑτοῦ κρείττον´ εἶναι καὶ χείρονα κρατεῖν ἅμα καὶ κρατεῖσθαι, μὴ τρόπον τινὰ διττοῦ πεφυκότος ἑκάστου καὶ τὸ μὲν χεῖρον ἐν ἑαυτῷ τὸ δὲ βέλτιον ἔχοντος; (450e) Οὕτως γὰρ μὲν τοῦ βελτίονος ὑπηκόῳ τῷ χείρονι χρώμενος ἐγκρατὴς ἑαυτοῦ καὶ κρείττων ἐστίν, δὲ τῷ ἀκολάστῳ καὶ ἀλόγῳ τῆς ψυχῆς ἑπόμενον περιορῶν καὶ ὑπηρετοῦν τὸ κρεῖττον ἥττων ἑαυτοῦ καὶ ἀκρατὴς λέγεται καὶ παρὰ φύσιν διακείμενος. Φύσει γὰρ προσήκει θεῖον ὄντα τὸν λογισμὸν ἡγεῖσθαι καὶ ἄρχειν τοῦ ἀλόγου (καὶ) τὴν γένεσιν αὐτόθεν ἔχοντος ἐκ τοῦ σώματος, καὶ συνεξομοιοῦσθαι καὶ κοινωνεῖν παθῶν καὶ ἀναπίμπλασθαι πέφυκεν, ἐνδεδυκὸς αὐτῷ καὶ καταμεμιγμένον, ὡς δηλοῦσιν αἱ ὁρμαὶ πρὸς τὰ σωματικὰ κινούμεναι καὶ ἱστάμεναι καὶ σφοδρότητας ἐν ταῖς τοῦ σώματος μεταβολαῖς καὶ ἀνέσεις λαμβάνουσαι. (450f) Δι´ νέοι μὲν (καὶ) ὀξεῖς καὶ ἰταμοὶ περί τε τὰς ὀρέξεις διάπυροι καὶ οἰστρώδεις αἵματος πλήθει καὶ θερμότητι, τῶν δὲ πρεσβυτῶν περὶ τὸ ἧπαρ ἀρχὴ τοῦ ἐπιθυμητικοῦ κατασβέννυται καὶ γίνεται μικρὰ καὶ ἀσθενής, ἰσχύει δὲ μᾶλλον λόγος τοῦ παθητικοῦ τῷ σώματι συναπομαραινομένου. Τοῦτο δ´ ἀμέλει καὶ τὰς τῶν θηρίων ἠθοποιεῖ πρὸς τὰ πάθη φύσεις. [450] prétendent (450a) que cette véhémence des passions n'est pas l'effet d'un jugement qui soit sujet à l'erreur. Ce sont, disent-ils, des contractions, des dilatations de l'âme plus ou moins vives, suivant que la raison a plus ou moins de pouvoir. On voit aussi dans nos jugements une différence sensible. La pauvreté n'est pas un mal aux yeux de quelques uns ; d'autres la regardent comme un grand mal, ou même comme le plus grand des maux ; et, pour s'y soustraire, ils se précipitent du haut des rochers ou se jettent dans la mer. Il en est qui ne craignent la mort qu'à cause des biens dont elle les prive ; d'autres la redoutent pour les tourments affreux dont elle est éternellement suivie dans les enfers. Ceux-ci estiment la santé, parce qu'elle est un bien naturel ; elle est pour ceux-là le plus grand des biens. (450b) Sans la santé, disent-ils, les richesses, les enfants, "La dignité des rois qui les égale aux dieux", enfin la vertu elle-même, n'ont ni utilité ni agrément. Il résulte évidemment de tous ces exemples que nous nous trompons plus ou moins dans nos jugements. Ce n'est pas ici le lieu de réfuter ces opinions ; mais on peut dire que les stoïciens eux-mêmes conviennent que le jugement diffère de la partie irraisonnable de l'âme, puisque, de leur aveu, les passions, dont elle est le siége, peuvent croître en force et en véhémence. Ils disputent, il est vrai, sur les termes, mais ils sont d'accord sur le fond des choses avec ceux qui soutiennent que la faculté de notre âme où résident les passions, (450c) est différente de celle qui juge et qui raisonne. Chrysippe, après avoir dit, dans son livre de l'Anomalie, que la colère est une passion aveugle qui souvent ferme les yeux à l'évidence et obscurcit toutes nos idées, n' ajoute-t-il pas bientôt après : « Les passions qui surviennent détruisent ce que le jugement avait arrêté, nous présentent les objets sous un point de vue différent, et nous forcent de prendre un parti contraire? » Il s'autorise ensuite de ce passage de Ménandre : "Hélas ! où ma raison s'était-elle égarée, Quand, docile à la voix d'une erreur insensée, Je changeai le projet que j'avais arrêté"! (450d) « La nature d'un animal raisonnable, dit encore Chrysippe, est de faire en tout usage de sa raison, et de suivre ses lois. Mais, souvent entraînés par la violence de la passion, nous secouons le joug de son autorité. » N'est-ce pas là reconnaître les effets de ce combat que la passion livre à la raison ? Sans cela, ne serait-il pas ridicule, comme dit Platon, de prétendre qu'un homme fût tantôt meilleur et tantôt pire, tantôt plus fort, tantôt plus faible que lui-même ? Cela serait-il possible, si chacun de nous n'était en quelque sorte double, et n'avait deux facultés dont l'une est meilleure que l'autre ? (450e) Quand la partie inférieure est soumise à la partie supérieure, l'homme sait se maîtriser et est meilleur que lui-même. La cupidité se rend-elle la maîtresse, et force-t-elle la raison à lui obéir, l'homme, devenu intempérant, se rabaisse au-dessous de lui-même, et renverse l'ordre de la nature qui veut que la raison, cette émanation de la divinité, commande à la partie animale, laquelle, tirant son origine des sens, et, pour ainsi dire, enfoncée dans le corps, participe à ses affections, et s'en pénètre entièrement. Et peut-on en douter, quand on fait attention à ces désirs qui suivent les progrès du corps, et sont plus ou moins violents, selon les divers changements qu'il éprouve? Les (450f) jeunes gens, par une suite de la chaleur et de l'abondance du sang, sont vifs, impétueux, ardents même, et souvent furieux dans leurs désirs. Au contraire, dans les vieillards, le principe de la cupidité, qui a son siége dans le foie, est affaibli et presque éteint ; mais la raison est dans sa force, parce que les passions se sont amorties avec le corps. Voilà sans doute ce qui forme les mœurs et le caractère des animaux.


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Dernière mise à jour : 17/07/2008