[447] (447a)
οὐ συνορῶντας ὅτι ταὐτόν ἐστι τῆς ψυχῆς ᾧ πέφυκεν ἐπιθυμεῖν καὶ μετανοεῖν,
ὀργίζεσθαι καὶ δεδιέναι, φέρεσθαι πρὸς τὸ αἰσχρὸν ὑφ´ ἡδονῆς καὶ φερομένης
πάλιν αὑτῆς ἐπιλαμβάνεσθαι· καὶ γὰρ ἐπιθυμίαν καὶ ὀργὴν καὶ φόβον καὶ τὰ
τοιαῦτα πάντα δόξας εἶναι καὶ κρίσεις πονηράς, οὐ περὶ ἕν τι γινομένας τῆς
ψυχῆς μέρος, ἀλλ´ ὅλου τοῦ ἡγεμονικοῦ ῥοπὰς καὶ εἴξεις καὶ συγκαταθέσεις
καὶ ὁρμὰς καὶ ὅλως ἐνεργείας τινὰς οὔσας ἐν ὀλίγῳ μεταπτωτάς, ὥσπερ αἱ τῶν
παίδων ἐπιδρομαὶ τὸ ῥαγδαῖον καὶ τὸ σφοδρὸν ἐπισφαλὲς ὑπ´ ἀσθενείας καὶ
ἀβέβαιον ἔχουσι.
Ταῦτα δὲ πρῶτον μὲν παρὰ τὴν ἐνάργειάν ἐστι καὶ τὴν (447b) αἴσθησιν.
Οὐδεὶς γὰρ ἐν ἑαυτῷ τοῦ ἐπιθυμοῦντος αἰσθάνεται μεταβολὴν εἰς τὸ κρῖνον
οὐδὲ τοῦ κρίνοντος αὖ πάλιν εἰς τὸ ἐπιθυμοῦν, οὐδὲ παύεται μὲν ἐρῶν, ὅτε
λογίζεται καθεκτέον εἶναι τὸν ἔρωτα καὶ διαμαχετέον πρὸς αὐτόν, ἐξίσταται
δὲ πάλιν τοῦ λογίζεσθαι καὶ κρίνειν, ὅταν ἐνδιδῷ μαλασσόμενος ὑπὸ τῆς
ἐπιθυμίας· ἀλλὰ καὶ τῷ λόγῳ πρὸς τὸ πάθος ἀντιβαίνων ἐν τῷ πάθει ἐστὶν ἔτι
καὶ πάλιν κρατούμενος ὑπὸ τοῦ πάθους διορᾷ τῷ λογισμῷ τὸ ἁμαρτανόμενον,
καὶ οὔτε τῷ πάθει τὸν λόγον ἀνῄρηκεν οὔτε τῷ λογίζεσθαι τοῦ πάθους
ἀπήλλακται, φερόμενος δ´ ἑκατέρωσε μέσος ἀμφοῖν καὶ κοινός ἐστιν. (447c)
Οἱ δὲ νῦν μὲν ἐπιθυμίαν γίνεσθαι τὸ ἡγεμονικὸν νῦν δὲ τὸν ἀντιταττόμενον
τῇ ἐπιθυμίᾳ λογισμὸν ὑπολαμβάνοντες οὐδὲν ἀπέχουσι τῶν μὴ δύο τὸν κυνηγὸν
εἶναι καὶ τὸ θηρίον ὑπολαμβανόντων, ἀλλὰ ταὐτὸ σῶμα χρώμενον μεταβολῇ νῦν
μὲν εἶναι θηρίον νῦν δὲ γίνεσθαι κυνηγόν· ἐκεῖνοί τε γὰρ ἐμφανές τι
παρορῶσιν οὗτοί τε πρὸς τὴν αἴσθησιν ἀντιμαρτυροῦσιν, οὐχ ἑνός τινος
μεταβολῆς ἀλλὰ δυεῖν ἅμα μάχης καὶ διαφορᾶς ἐν αὐτοῖς αἰσθανομένην.
« Τί οὖν; » φασίν, « οὐχὶ καὶ τὸ βουλευόμενον τοῦ ἀνθρώπου πολλάκις
διχοφορεῖ καὶ πρὸς ἐναντίας ἀνθέλκεται δόξας περὶ τοῦ συμφέροντος ἀλλ´ ἕν
ἐστι »;
(447d) « Πάνυ μὲν οὖν » φήσομεν, « ἀλλὰ τὸ συμβαῖνον οὐχ ὅμοιον. »
Οὐ γὰρ μάχεται πρὸς ἑαυτὸ τῆς ψυχῆς τὸ φρονοῦν, ἀλλὰ μιᾷ χρώμενον δυνάμει
διαφόρων ἐφάπτεται λογισμῶν· μᾶλλον δ´ εἷς λογισμὸς ἔστιν ἐν πράγμασι
γινόμενος ἑτέροις ὥσπερ ὕλαις διαφερούσαις. Ὅθεν οὔτε λύπη τοῖς ἄνευ
πάθους λογισμοῖς ἔνεστιν, οὔθ´ ὥσπερ ἐκβιαζόμενοι παρὰ γνώμην αἱροῦνται
θάτερον, ἂν μὴ νὴ Δία λανθάνῃ πάθος τι προσηρτημένον ὥσπερ ἐπὶ ζυγοῦ. Καὶ
γὰρ τοῦτο συμβαίνει πολλάκις, οὐ λογισμοῦ τινος πρὸς λογισμὸν ἀλλὰ
φιλοτιμίας ἢ φιλονεικίας ἢ χάριτος ἢ ζηλοτυπίας ἢ δέους (447e)
ἀντιβαίνοντος οἴεσθαι λόγων εἶναι δυεῖν διαφοράν· ὥσπερ ἐν τούτοις·
« Αἴδεσθεν μὲν ἀνήνασθαι, δεῖσαν δ´ ὑποδέχθαι· »
καί
« Τὸ μὲν σφαγῆναι δεινὸν εὔκλειαν δ´ ἔχει,
τὸ μὴ θανεῖν δὲ δειλὸν ἡδονὴ δ´ ἔνι »·
καὶ περὶ τὰς κρίσεις τῶν συμβολαίων ὑποτρέχοντα τὰ πάθη τὴν πλείστην
ἐμποιεῖ διατριβήν· καὶ περὶ τὰ συμβούλια τῶν βασιλέων οἱ πρὸς χάριν
λέγοντες οὐ δυεῖν κρίσεων τῇ ἑτέρᾳ συναγορεύουσιν, ἀλλὰ πάθει τινὶ
προστίθενται παρὰ τὸν τοῦ συμφέροντος λογισμόν. Διὸ τοὺς ῥήτορας ἐν ταῖς
ἀριστοκρατίαις οἱ ἄρχοντες οὐκ ἐῶσι (447f) παθαίνεσθαι· ῥέπει γὰρ εὐθεῖαν
ῥοπὴν ὁ ἀπαθὴς λογισμὸς ἐπὶ τὸ δίκαιον, ἂν δὲ πάθος ἐγγένηται, μάχην ποιεῖ
καὶ διαφορὰν τὸ ἡδόμενον καὶ τὸ ἀλγοῦν πρὸς τὸ κρῖνον καὶ τὸ βουλευόμενον.
Ἐπεὶ διὰ τί τοῖς ἐν φιλοσοφίᾳ σκέμμασιν οὐ πρόσεστι τὸ μετὰ λύπης ὑπὸ τῶν
ἑτέρων ἄγεσθαι καὶ μετατίθεσθαι πολλάκις,
| [447] (447a)
nous ne faisons pas attention que c'est dans l'âme une même faculté qui
désire et rétracte son désir, qui s'irrite et a peur, qui se laisse
entraîner au mal par l'attrait du plaisir, et ensuite réprime ce penchant.
Car la cupidité, la colère, la crainte et les autres passions semblables
sont des jugements faux, qui ne se forment pas dans telle ou telle partie
de notre âme, mais dans sa faculté principale. Ce sont des inclinations,
des consentements, des mouvements impétueux de la raison même, dont les
opérations changent avec la plus grande mobilité. Ainsi, des enfants vifs
et emportés dans leurs courses ne peuvent, par la faiblesse de leur âge,
les soutenir longtemps, et sont exposés à des chutes fréquentes.
Mais cette opinion est contraire à l'évidence et (447b) au sens intime. En
effet, qui jamais a senti en soi-même ce changement de la cupidité en
jugement, et du jugement en cupidité? Un homme cesse-t-il d'aimer, quand
sa raison lui dit qu'il doit combattre son amour et y renoncer? ou perd-il
le jugement, lorsque, amolli par la passion, il s'abandonne à la volupté ?
N'est-il pas esclave de la cupidité, lors même que sa raison la combat ?
Et quand il est vaincu par la cupidité, la raison ne lui fait-elle pas
sentir son égarement? Ainsi, ni la passion ne lui ôte le jugement, ni le
jugement ne le délivre de sa passion. Entraîné tour à tour vers l'un et
l'autre, il participe des deux. (447c) Ceux donc qui veulent que la partie
principale de l'âme soit tantôt la raison, et tantôt la cupidité, ne
ressemblent-ils pas à des gens qui diraient que le chasseur et la bête ne
sont pas deux individus différents, mais un seul, qui, par un changement
subit, devient successivement le chasseur et l'animal? Ces derniers
iraient contre l'évidence; les autres contredisent une vérité de
sentiment; car ils éprouvent en eux-mêmes, non le changement d'une même
faculté, mais le combat de deux facultés opposées.
Eh quoi ! nous objectent-ils, la faculté délibérante dans l'homme
n'est-elle pas souvent partagée entre des avis différents ? Cependant
c'est toujours la même faculté qui délibère. (447d) Cela est vrai, leur
répondrai-je. Mais la chose est bien différente. Ici la raison ne combat
pas contre elle-même : seulement, par la faculté qu'elle a de juger, elle
discute plusieurs raisonnements ; ou plutôt c'est un même raisonnement
appliqué à divers objets. Aussi quand la cupidité n'a point de part au
jugement, l'homme n'éprouve aucun remords, il n'est point entraîné malgré
lui à un parti qu'il condamne, à moins qu'il ne s'y mêle quelque passion
secrète qui rompe l'équilibre de la raison et fasse pencher la balance.
Car il n'arrive que trop souvent qu'une raison est contredite, non par une
raison contraire, mais par l'ambition, la cupidité, la partialité, la
jalousie (447e) ou la crainte ; et on croit que ce sont deux raisons
opposées qui se combattent. C'est ce qu'on voit dans les vers suivants :
"Honteux de refuser, ils craignent d'accepter.
La mort est un grand mal ; mais la gloire la suit.
Le timide l'évite; il est bien doux de vivre".
Ainsi, dans les tribunaux, les passions qui contrarient la justice rendent
les procès interminables ; et dans les conseils des rois, ceux qui veulent
gagner la faveur du prince, soutiennent moins un des avis qu'on discute
qu'ils ne suivent, contre l'intérêt public, une passion secrète. Aussi,
dans les gouvernements aristocratiques, les magistrats défendent-ils
(447f) aux orateurs d'exciter les passions. Quand la raison n'est pas
balancée par la cupidité elle va droit à la justice. La passion
vient-elle la traverser, à l'instant la guerre est déclarée entre la
raison, qui délibère, et la cupidité, qui veut la séduire. Pourquoi, dans
les disputes philosophiques, change-t-on volontiers de sentiment?
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