HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - De la vertu morale

Page 445

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[445] (445a) εἰς τὸ μέτριον καὶ ἀναμάρτητον καθιστᾶσα τῶν παθῶν ἕκαστον. Αὐτίκα τὴν μὲν ἀνδρείαν μεσότητά φασιν εἶναι δειλίας καὶ θρασύτητος, ὧν μὲν ἔλλειψις δ´ ὑπερβολὴ τοῦ θυμοειδοῦς ἐστι· τὴν δ´ ἐλευθεριότητα μικρολογίας καὶ ἀσωτίας, πραότητα δ´ ἀναλγησίας καὶ ὠμότητος· αὐτήν τε σωφροσύνην καὶ δικαιοσύνην, τὴν μὲν περὶ τὰ συμβόλαια μήτε πλέον νέμουσαν αὑτῇ τοῦ προσήκοντος μήτ´ ἔλαττον, τὴν δ´ εἰς τὸ μέσον (ἀπαθείας) ἀναισθησίας καὶ ἀκολασίας ἀεὶ τὰς ἐπιθυμίας καθιστᾶσαν. Ἐν δὴ καὶ μάλιστα δοκεῖ τὸ ἄλογον τῆς πρὸς τὸ (445b) λογικὸν διαφορᾶς αὐτοῦ παρέχειν κατανόησιν, καὶ δεικνύειν τὸ πάθος ὡς ἕτερόν τι κομιδῇ τοῦ λόγου ἐστίν. Οὐ γὰρ ἂν διέφερε σωφροσύνης ἐγκράτεια, καὶ ἀκολασίας ἀκρασία περὶ τὰς ἡδονὰς καὶ τὰς ἐπιθυμίας, εἰ ταὐτὸν ἦν τῆς ψυχῆς ἐπιθυμεῖν τε κρίνειν πέφυκε. Νῦν δὲ σωφροσύνη μέν ἐστιν, οὗ τὸ παθητικὸν ὥσπερ εὐήνιον θρέμμα καὶ πρᾶον λογισμὸς ἡνιοχεῖ καὶ μεταχειρίζεται, περὶ τὰς ἐπιθυμίας χρώμενος ὑπείκοντι καὶ δεχομένῳ τὸ μέτριον καὶ τὸ εὔσχημον ἑκουσίως, δ´ ἐγκρατὴς ἄγει μὲν ἐρρωμένῳ τῷ λογισμῷ καὶ κρατοῦντι τὴν ἐπιθυμίαν, ἄγει δ´ οὐκ ἀλύπως οὐδὲ πειθομένην ἀλλὰ (445c) πλαγίαν καὶ ἀντιτείνουσαν, οἷον ὑπὸ πληγῆς καὶ χαλινοῦ καταβιαζόμενος καὶ ἀνακρούων, ἀγῶνος ὢν ἐν ἑαυτῷ καὶ θορύβου μεστός· οἷον Πλάτων ἐξεικονίζει περὶ τὰ τῆς ψυχῆς ὑποζύγια, τοῦ χείρονος πρὸς τὸ βέλτιον ζυγομαχοῦντος ἅμα καὶ τὸν ἡνίοχον διαταράττοντος ἀντέχειν ὀπίσω καὶ κατατείνειν ὑπὸ σπουδῆς ἀναγκαζόμενον ἀεί, « Μὴ βάλῃ φοίνικας ἐκ χειρῶν ἱμάντας » κατὰ Σιμωνίδην. Ὅθεν οὐδ´ ἀρετὴν ἀξιοῦσιν αὐτοτελῆ τὴν ἐγκράτειαν ἀλλ´ ἔλαττον ἀρετῆς εἶναι· μεσότης γὰρ οὐ γέγονεν ἐκ συμφωνίας τοῦ χείρονος πρὸς τὸ βέλτιον οὐδ´ ἀνῄρηται τοῦ πάθους τὸ ὑπερβάλλον, (445d) οὐδὲ πειθόμενον οὐδ´ ὁμολογοῦν τῷ φρονοῦντι τῆς ψυχῆς τὸ ἐπιθυμοῦν ἀλλὰ λυποῦν καὶ λυπούμενον καὶ καθειργόμενον ὑπ´ ἀνάγκης ὥσπερ ἐν στάσει δυσμενὲς καὶ πολέμιον συνοικεῖ· « Πόλις δ´ ὁμοῦ μὲν θυμιαμάτων γέμει ὁμοῦ δὲ παιάνων τε καὶ στεναγμάτων », τοῦ ἐγκρατοῦς ψυχὴ διὰ τὴν ἀνωμαλίαν καὶ τὴν διαφοράν. Κατὰ ταὐτὰ δ´ οἴονται καὶ τὴν ἀκρασίαν ἔλαττόν τι κακίας εἶναι παντελῆ δὲ κακίαν τὴν ἀκολασίαν. Αὕτη μὲν γὰρ ἔχουσα καὶ πάθος φαῦλον καὶ λόγον ὑφ´ οὗ μὲν ἐξάγεται τῷ ἐπιθυμεῖν πρὸς τὸ αἰσχρόν, ὑφ´ οὗ δὲ τῷ κακῶς κρίνειν προστιθεμένου ταῖς ἐπιθυμίαις καὶ τὴν αἴσθησιν ἀποβάλλει τῶν ἁμαρτανομένων· (445e) δ´ ἀκρασία τῷ μὲν λόγῳ σῴζει τὴν κρίσιν ὀρθὴν οὖσαν, τῷ δὲ πάθει φέρεται παρὰ τὴν κρίσιν ἰσχύοντι τοῦ λόγου μᾶλλον. Ὅθεν διαφέρει τῆς ἀκολασίας· ὅπου μὲν γὰρ ἡττᾶται τοῦ πάθους λογισμὸς ὅπου δ´ οὐδὲ μάχεται, καὶ ὅπου μὲν ἀντιλέγων ἕπεται ταῖς ἐπιθυμίαις ὅπου δ´ ὑφηγεῖται συναγορεύων, καὶ ὅπου μὲν ἡδομένῳ κοινωνεῖν ὑπάρχει τῶν ἁμαρτανομένων ὅπου δ´ ἀχθομένῳ, καὶ ὅπου μὲν ἑκὼν φέρεται πρὸς τὸ αἰσχρὸν ὅπου δὲ προδίδωσιν ἄκων τὸ καλόν· ὡς τοῖς πραττομένοις ὑπ´ αὐτῶν οὐχ ἧττον δὲ καὶ τοῖς λεγομένοις ἔνεστιν διαφορὰ κατάδηλος. Ἀκολάστων (445f) μὲν γὰρ αἵδε φωναί· « Τίς δὲ χάρις, τί δὲ τερπνὸν ἄνευ χρυσῆς Ἀφροδίτης; Τεθναίην, ὅτε μοι μηκέτι ταῦτα μέλοι »· καὶ ἕτερος « Τὸ πιεῖν τὸ φαγεῖν τὸ τῆς Ἀφροδίτης τυγχάνειν, τὰ δ´ ἄλλα προσθήκας ἅπαντ´ ἐγὼ καλῶ » φησίν, [445] (445a) et les réduit à la plus exacte modération. Ainsi, le courage est une vertu moyenne entre l'audace et la lâcheté, les deux extrêmes de la partie irascible ; la libéralité, entre la prodigalité et l'avarice ; la douceur, entre la faiblesse et la cruauté. La justice, dans les contrats civils, ne s'attribue ni plus ni moins qu'il ne lui est dû. La tempérance, aussi éloignée d'une stupide insensibilité, que d'une ardeur effrénée pour les voluptés, contient les désirs dans des bornes légitimes. C'est là surtout ce qui rend sensible la différence qu'il y a entre (445b) la partie raisonnable et la concupiscible, entre la passion et la raison. En effet, en quoi différeront d'une part la tempérance et la continence, et de l'autre l'intempérance et l'incontinence dans les plaisirs, si c'est la même faculté de l'âme qui juge et qui désire ? Elles différent cependant. La tempérance consiste en ce que la passion, telle qu'un animal docile et bien dressé, marche sans résistance sous le joug de la raison, se laisse conduire à son gré, et lui soumet tous ses désirs. (445c) Par la continence, la raison, à la vérité, maîtrise la passion, mais cette soumission n'est pas volontaire; la passion résiste, et ne suit qu'à regret. Il faut que la raison la presse, la gourmande ; et ces combats remplissent l'âme de trouble et d'agitation. Platon compare ces deux facultés à deux animaux attelés à un même char, dont le plus mauvais lutte contre le meilleur, et trouble le conducteur lui-même, qui est obligé de veiller sans cesse sur lui, et de le retenir avec force, de peur que, selon l'expression de Simonide, les rênes ne lui échappent des mains. Aussi certains philosophes veulent-ils que la continence ne soit qu'une vertu imparfaite et, pour ainsi dire, subalterne, parce qu'elle n'est pas ce juste milieu qui résulte de l'accord de la partie inférieure de l'âme avec la partie supérieure, et qu'elle ne retranche pas l'excès de la passion. (445d) La cupidité n'est pas alors volontairement soumise à la raison. Elles se tiennent réciproquement dans une contrainte pénible, et sont comme deux factions ennemies dans une ville travaillée de séditions. "Des cris plaintifs et des chants d'allégresse Remplissent à la fois l'enceinte de nos murs". Telle est l'âme de l'homme continent, par l'opposition des mouvements qui l'agitent. Ces mêmes philosophes prétendent que l'intempérance est un vice complet, et l'incontinence quelque chose de moins. L'intempérant est, selon eux, également corrompu dans ses affections et dans ses jugements; les unes le portent à des désirs honteux, les autres lui font approuver ces désirs, et lui ôtent par là le sentiment de ses fautes. (445e) L'incontinent conserve du moins la droiture du jugement ; c'est la passion, qui, contre ses propres lumières, force la raison au silence, et l'entraîne dans le vice. Dans l'un, la raison est vaincue par la cupidité; dans l'autre, elle ne fait pas même de résistance. L'un suit de mauvais desirs qu'il condamne; l'autre marche à leur tête, et se rend leur apologiste. L'un devient à regret le complice de la passion, l'autre s'applaudit d'en partager les écarts. Le premier trahit involontairement le devoir qu'il connaît ; le second se livre avec joie à toute la honte du vice. Enfin, les discours de l'un et de l'autre n'en font pas moins que leurs actions sentir la différence. Voici, par exemple, (445f) le langage des intempérants : "Sans Vénus, sans l'amour est-il de vrais plaisirs? Puissé-je, en les perdant, voir terminer ma vie" ! Et encore : "Les faveurs de Bacchus, et celles de Cypris, A tous les autres biens donnent seules du prix".


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Dernière mise à jour : 17/07/2008