[444] Καὶ καθάπερ ὁ γεωμέτρης οὐ βουλεύεται περὶ τοῦ τριγώνου,
(444a) εἰ δυεῖν ὀρθαῖς ἴσας ἔχει τὰς ἐντὸς γωνίας ἀλλ´
οἶδεν (αἱ γὰρ βουλαὶ περὶ τῶν ἄλλοτ´ ἄλλως ἐχόντων, οὐ περὶ τῶν βεβαίων
καὶ ἀμεταπτώτων), οὕτως ὁ θεωρητικὸς νοῦς περὶ τὰ πρῶτα καὶ μόνιμα καὶ
μίαν ἀεὶ φύσιν ἔχοντα μὴ δεχομένην μεταβολὰς ἐνεργῶν ἀπήλλακται τοῦ
βουλεύεσθαι· τὴν δὲ φρόνησιν εἰς πράγματα πλάνης μεστὰ καὶ ταραχῆς
καθιεῖσαν ἐπιμίγνυσθαι τοῖς τυχηροῖς πολλάκις ἀναγκαῖόν ἐστι καὶ τῷ
βουλευτικῷ χρῆσθαι περὶ τῶν ἀδηλοτέρων, τῷ δὲ πρακτικῷ τὸ βουλευτικὸν
ἐκδεχομένην ἐνεργεῖν ἤδη καὶ τοῦ ἀλόγου συμπαρόντος καὶ συνεφελκομένου
ταῖς κρίσεσιν. (444b) Ὁρμῆς γὰρ δέονται· τὴν δ´ ὁρμὴν τῷ πάθει ποιεῖ τὸ
ἦθος, λόγου δεομένην ὁρίζοντος, ὅπως μετρία παρῇ καὶ μήθ´ ὑπερβάλλῃ μήτ´
ἐγκαταλείπῃ τὸν καιρόν. Τὸ γὰρ δὴ παθητικὸν καὶ ἄλογον κινήσεσι χρῆται
ταῖς μὲν ἄγαν σφοδραῖς καὶ ὀξείαις ταῖς δὲ μαλακωτέραις ἢ προσήκει καὶ
ἀργοτέραις. Ὅθεν ἕκαστον ὧν πράττομεν ἀεὶ μοναχῶς μὲν κατορθοῦται
πλεοναχῶς δ´ ἁμαρτάνεται· τὸ γὰρ βαλεῖν τὸν σκοπὸν ἕν ἐστι καὶ ἁπλοῦν,
ἀστοχοῦσι δ´ ἄλλοτ´ ἄλλως, ὑπερβάλλοντες τὸ μέτριον ἢ προαπολείποντες.
Τοῦτ´ οὖν τοῦ πρακτικοῦ λόγου κατὰ (444c) φύσιν ἔργον ἐστί, τὸ ἐξαιρεῖν
τὰς ἀμετρίας τῶν παθῶν καὶ πλημμελείας. Ὅπου μὲν γὰρ ὑπ´ ἀρρωστίας καὶ
μαλακίας ἢ δέους καὶ ὄκνου προενδίδωσιν ἡ ὁρμὴ καὶ προαπολείπει τὸ καλόν,
ἐνταῦθα πάρεστιν ἐξεγείρων καὶ ἀναρριπίζων, ὅπου δὲ πάλιν ἐκφέρεται ῥυεῖσα
πολλὴ καὶ ἄτακτος, ἐκεῖ τὸ σφοδρὸν ἀφαιρεῖ καὶ ἵστησιν. Οὕτως δ´ ὁρίζων
τὴν παθητικὴν κίνησιν ἐμποιεῖ τὰς ἠθικὰς ἀρετὰς περὶ τὸ ἄλογον, ἐλλείψεως
καὶ ὑπερβολῆς μεσότητας οὔσας. Οὐ γὰρ ἅπασαν ἀρετὴν μεσότητι γίνεσθαι
ῥητέον· ἀλλ´ ἡ μὲν ἀπροσδεὴς τοῦ ἀλόγου καὶ περὶ τὸν εἰλικρινῆ (444d) καὶ
ἀπαθῆ νοῦν συνισταμένη σοφία καὶ φρόνησις αὐτοτελής τίς ἐστιν ἀκρότης τοῦ
λόγου καὶ δύναμις, ᾗ τὸ θειότατον ἐγγίνεται τῆς ἐπιστήμης καὶ
μακαριώτατον, ἡ δ´ ἀναγκαία διὰ τὸ σῶμα καὶ δεομένη τῆς παθητικῆς ὥσπερ
ὀργανικῆς ὑπηρεσίας ἐπὶ τὸ πρακτικόν, οὐκ οὖσα φθορὰ τοῦ ἀλόγου τῆς ψυχῆς
οὐδ´ ἀναίρεσις ἀλλὰ τάξις καὶ διακόσμησις, ἀκρότης μέν ἐστι τῇ δυνάμει καὶ
τῇ ποιότητι, τῷ ποσῷ δὲ μεσότης γίνεται τὸ ὑπερβάλλον ἐξαιροῦσα καὶ τὸ
ἐλλεῖπον.
Ἐπεὶ δὲ πολλαχῶς τὸ μέσον (καὶ γὰρ τὸ κεκραμένον τῶν ἀκράτων μέσον, ὡς
λευκοῦ καὶ μέλανος τὸ φαιόν· (444e) καὶ τὸ περιέχον καὶ περιεχόμενον τοῦ
περιεχομένου καὶ περιέχοντος, ὡς τῶν δώδεκα καὶ τεττάρων τὰ ὀκτώ· καὶ τὸ
μηδετέρου τῶν ἄκρων μετέχον, ὡς ἀγαθοῦ καὶ κακοῦ τὸ ἀδιάφορον), τούτων μὲν
οὐδενὶ τῶν τρόπων ἡ ἀρετὴ προσρητέα μεσότης. Οὔτε γὰρ μῖγμα τῶν κακιῶν
ἐστιν, οὔτ´ ἐμπεριέχουσα τοὔλαττον ἐμπεριέχεται τῷ πλεονάζοντι τοῦ
προσήκοντος, οὔτ´ ἀπήλλακται παντάπασι τῶν παθητικῶν ὁρμῶν, ἐν αἷς τὸ
μᾶλλον καὶ τὸ ἧττόν ἐστι. Γίνεται δὲ μεσότης καὶ λέγεται μάλιστα τῇ περὶ
φθόγγους καὶ ἁρμονίας ὁμοίως· ἐκείνη τε γὰρ ἐμμελὴς οὖσα φωνὴ καθάπερ ἡ
νήτη καὶ ὑπάτη τῆς (444f) μὲν τὴν ὀξύτητα τῆς δὲ τὴν βαρύτητα τὴν ἄγαν
διαπέφευγεν· αὕτη τε κίνησις οὖσα καὶ δύναμις περὶ τὸ ἄλογον, τὰς ἐκλύσεις
καὶ τὰς ἐπιτάσεις καὶ ὅλως τὸ μᾶλλον καὶ τὸ ἧττον ἐξαιρεῖ τῆς ὁρμῆς,
| [444] Un géomètre ne met pas en question si les trois angles
d'un triangle (444a) valent deux angles droits : c'est pour lui une vérité
démontrée. On ne soumet à l'examen que les opinions incertaines, et non
les vérités constantes et invariables. De même la partie contemplative de
l'âme, qui a pour objet ces premiers principes, ces vérités fondamentales
dont la nature est immuable, ne connaît pas la délibération. Au contraire,
la prudence, qui s'applique à des actions sujettes à l'incertitude et à
l'erreur, a nécessairement dans son ressort des choses variables et
obscures qui exigent qu'elle consulte. Après la délibération, elle
agit, secondée de la partie irraisonnable, qu'elle entraîne dans sa
décision ; (444b) car ces facultés n'agissent que par des attraits qui les
déterminent, et ces attraits que l'habitude produit dans nos affections,
ont besoin d'être gouvernés par la raison, qui les retient dans un juste
milieu. Cette partie irraisonnable, qui est le siége des passions, éprouve
des mouvements quelquefois trop ardents et trop impétueux, quelquefois
trop lâches et trop faibles. Ainsi chacune de nos actions ne peut être
bonne que par un seul endroit, et vicieuse par plusieurs. Il n'est qu'une
manière de frapper le but ; il en est plusieurs de le manquer.
C'est donc à la raison active (444c) qu'il appartient de contenir les
passions dans de justes bornes. Quand la langueur, la lâcheté, la crainte
ou la paresse ralentissent l'attrait qui nous portait au bien, et sont sur
le point de nous le faire abandonner, la raison le ranime aussitôt, et le
rappelle à son devoir. Au contraire, cet attrait est-il trop désordonné,
se laisse-t-il emporter sans mesure, la raison modère sa violence, le fait
rentrer dans l'ordre, et par les bornes qu'elle prescrit aux passions,
produit dans la partie irraisonnable les vertus morales, également
éloignées du défaut et de l'excès. Toutes les vertus, je le répète, ne
consistent pas dans un juste milieu. La sagesse, qui, indépendante de la
partie irraisonnable, (444d) réside dans cette faculté pure de notre âme
inaccessible aux passions, est une propriété supérieure de la raison qui
trouve sa perfection en elle-même. C'est elle qui nous donne la science,
cette qualité divine si essentielle à notre bonheur. Mais la vertu morale
qui dépend nécessairement de nos sens, qui, pour agir, a besoin du
ministère des passions, ne détruit pas la partie irraisonnable, mais elle
la soumet et la modère. Ainsi considérée dans sa qualité, elle est aussi
une propriété supérieure, une perfection de la raison ; mais, par
rapport à sa quantité, elle n'est qu'un juste milieu également éloigné des
deux excès.
Mais ce milieu peut être conçu de plusieurs manières. Par exemple, une
couleur composée tient le milieu entre deux couleurs simples, comme le
gris entre le blanc et le noir. (444e) Un nombre est moyen entre deux
autres, s'il contient l'un, et qu'il soit contenu dans l'autre : tel est
huit entre quatre et douze. Enfin une qualité est un milieu entre deux
extrêmes, quand elle ne participe ni de l'un ni de l'autre, comme
l'indifférent entre le bien et le mal. De ces trois manières, aucune ne
convient à la vertu. Elle n'est pas un composé de deux vices ; elle ne
contient pas ce qui est en deçà du devoir, et n'est pas contenue dans ce
qui est au delà. Elle n'est pas totalement exempte du trouble des
passions, dans lesquelles se trouvent les deux extrêmes, le défaut et
l'excès. Ce milieu donc qui constitue la vertu morale, est semblable à
celui de l'harmonie dans les sons. Un ton bien harmonieux est celui qu'on
appelle mèse, qui tient le milieu entre la nète et l'hypate, (444f)
et s'éloigne également des deux extrêmes. De même la vertu morale est une
puissance, un mouvement de la partie irraisonnable de l'âme, qui bannit de
nos désirs les deux excès, le relâchement et la roideur,
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