[443] Δέδοικα δὲ μὴ δόξαιμι παντάπασιν ἐπαγωγὰ καὶ νεαρὰ τῷ (443a) λόγῳ
περαίνειν, ψαλτήρια διεξιὼν καὶ λύρας καὶ πηκτίδας καὶ αὐλοὺς καὶ ὅσα
μουσικῆς προσῳδὰ καὶ προσήγορα μηχανησαμένης ἀνθρωπίνοις πάθεσιν ἄψυχα
συνήδεται καὶ συνεπιθρηνεῖ καὶ συνᾴδει καὶ συνακολασταίνει, τὰς κρίσεις
ἀναφέροντα καὶ τὰ πάθη καὶ τὰ ἤθη τῶν χρωμένων. Καίτοι καὶ Ζήνωνά φασιν
εἰς θέατρον ἀνιόντα κιθαρῳδοῦντος Ἀμοιβέως πρὸς τοὺς μαθητάς
« Ἴωμεν » εἰπεῖν « ὅπως καταμάθωμεν οἵαν ἔντερα καὶ νεῦρα καὶ ξύλα καὶ
ὀστᾶ λόγου καὶ ῥυθμοῦ μετασχόντα καὶ τάξεως ἐμμέλειαν καὶ φωνὴν ἀφίησιν. »
Ἀλλὰ (443b) ταῦτ´ ἐάσας ἡδέως ἂν αὐτῶν πυθοίμην, εἰ κύνας καὶ ἵππους καὶ
ὄρνιθας οἰκουροὺς ὁρῶντες ἔθει καὶ τροφῇ καὶ διδασκαλίᾳ φωνάς τε συνετὰς
καὶ πρὸς λόγον ὑπηκόους κινήσεις καὶ σχέσεις ἀποδιδόντας καὶ πράξεις τὸ
μέτριον καὶ τὸ χρήσιμον ἡμῖν ἐχούσας Ὁμήρου τ´ ἀκούοντες τὸν Ἀχιλλέα λέγοντος
« Ὀτρύνειν ἵππους τε καὶ ἀνέρας »
ἐπὶ τὴν μάχην ἔτι θαυμάζουσι καὶ διαποροῦσιν εἰ τὸ θυμούμενον ἐν ἡμῖν καὶ
ἐπιθυμοῦν καὶ λυπούμενον καὶ ἡδόμενον ὑπακούειν τε τῷ φρονοῦντι καὶ
πάσχειν ὑπ´ αὐτοῦ καὶ συνδιατίθεσθαι πέφυκεν, οὐκ ἀποικοῦν οὐδ´ (443c)
ἀπεσχισμένον οὐδὲ πλασσόμενον ἔξωθεν οὐδὲ τυπούμενον ἀνάγκαις τισὶν ἢ
πληγαῖς, ἀλλὰ φύσει μὲν ἐξηρτημένον ἀεὶ δ´ ὁμιλοῦν καὶ συντρεφόμενον καὶ
ἀναπιμπλάμενον ὑπὸ συνηθείας.
Διὸ καὶ καλῶς ὠνόμασται τὸ ἦθος. Ἔστι μὲν γάρ, ὡς τύπῳ εἰπεῖν, ποιότης τοῦ
ἀλόγου τὸ ἦθος, ὠνόμασται δ´ ὅτι τὴν ποιότητα ταύτην καὶ τὴν διαφορὰν ἔθει
λαμβάνει τὸ ἄλογον ὑπὸ τοῦ λόγου πλαττόμενον, οὐ βουλομένου τὸ πάθος
ἐξαιρεῖν παντάπασιν (οὔτε γὰρ δυνατὸν οὔτ´ ἄμεινον), ἀλλ´ ὅρον τινὰ καὶ
τάξιν ἐπιτιθέντος αὐτῷ καὶ τὰς ἠθικὰς ἀρετάς, οὐκ ἀπαθείας οὔσας ἀλλὰ
συμμετρίας παθῶν καὶ μεσότητας, ἐμποιοῦντος· (443d) ἐμποιεῖ δὲ τῇ φρονήσει
τὴν τοῦ παθητικοῦ δύναμιν εἰς ἕξιν ἀστείαν καθιστάς.
Τρία γὰρ δὴ ταῦτά φασι περὶ τὴν ψυχὴν ὑπάρχειν, δύναμιν πάθος ἕξιν. Ἡ μὲν
οὖν δύναμις ἀρχὴ καὶ ὕλη τοῦ πάθους, οἷον ὀργιλότης αἰσχυντηλία
θαρραλεότης· τὸ δὲ πάθος κίνησίς τις ἤδη τῆς δυνάμεως, οἷον ὀργὴ θάρσος
αἰδώς (θράσος)· ἡ δ´ ἕξις ἰσχὺς καὶ κατασκευὴ τῆς περὶ τὸ ἄλογον δυνάμεως
ἐξ ἔθους ἐγγενομένη, κακία μέν, ἂν φαύλως, ἀρετὴ δ´, ἂν καλῶς ὑπὸ τοῦ
λόγου παιδαγωγηθῇ τὸ πάθος.
Ἐπεὶ δ´ οὐ πᾶσαν ἀρετὴν μεσότητα ποιοῦσιν οὐδ´ (443e) ἠθικὴν καλοῦσι,
λεκτέον ἂν εἴη περὶ τῆς διαφορᾶς ἀρξαμένοις ἄνωθεν. Ἔστι τοίνυν τῶν
πραγμάτων τὰ μὲν ἁπλῶς ἔχοντα τὰ δὲ πῶς ἔχοντα πρὸς ἡμᾶς· ἁπλῶς μὲν οὖν
ἔχοντα γῆ οὐρανὸς ἄστρα θάλασσα, πῶς δ´ ἔχοντα πρὸς ἡμᾶς ἀγαθὸν κακόν,
αἱρετὸν φευκτόν, ἡδὺ ἀλγεινόν. Ἀμφοῖν δὲ τοῦ λόγου θεωρητικοῦ ὄντος τὸ μὲν
περὶ τὰ ἁπλῶς ἔχοντα μόνον ἐπιστημονικὸν καὶ θεωρητικόν ἐστι, τὸ δ´ ἐν
τοῖς πῶς ἔχουσι πρὸς ἡμᾶς βουλευτικὸν καὶ πρακτικόν· ἀρετὴ δὲ τούτου μὲν ἡ
φρόνησις ἐκείνου δ´ ἡ σοφία. Διαφέρει δὲ σοφίας φρόνησις, ᾗ τοῦ θεωρητικοῦ
πρὸς τὸ (443f) πρακτικὸν καὶ παθητικὸν ἐπιστροφῆς καὶ σχέσεώς τινος
γενομένης ὑφίσταται κατὰ λόγον ἡ φρόνησις. Διὸ φρόνησις μὲν τύχης δεῖται
σοφία δ´ οὐ δεῖται πρὸς τὸ οἰκεῖον τέλος οὐδὲ βουλῆς· ἔστι γὰρ περὶ τὰ ἀεὶ
κατὰ ταὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἔχοντα.
| [443] Je craindrais qu'on ne m'accusât de vouloir (443a) séduire par des images
trop agréables, et faites pour plaire aux jeunes gens, si j'apportais en
preuve de cette opinion les harpes, les lyres, les flûtes et les autres
instruments que l'art a inventés pour rendre par les accords les
mouvements des passions humaines. Ces corps, quoique privés de sentiment,
partagent notre joie, notre tristesse, nos chants, nos plaisirs, et
expriment avec énergie les volontés, les affections et les mœurs de ceux
qui les touchent. Zénon mena, dit-on, un jour ses disciples au théâtre
pour y entendre le musicien Amébée. « Allons apprendre, leur
dit-il, de quelle harmonie sont capables les entrailles des animaux, les
nerfs, les os, et le bois même, lorsque l'art les dispose avec une juste
proportion. » Mais (443b) laissant à part ces exemples, je proposerai
celui des chevaux, des oiseaux et des chiens domestiques, que la
nourriture, l'instruction et l'habitude amènent enfin à prononcer des
paroles bien articulées, qui, au premier signe de leur maître, font des
mouvements et des tours, et servent à nos amusements et à nos besoins.
Après avoir lu dans Homère qu'Achille exhorte au combat les hommes et les
chevaux, faut-il être surpris que la partie de notre âme qui désire, qui
s'irrite, qui s'attriste et se réjouit, obéisse à la raison, en prenne les
affections et les sentiments ? Est-elle donc étrangère à la partie
supérieure de notre âme, séparée d'elle (443c) et jetée, pour ainsi dire,
dans un moule extérieur dont on la contraigne par violence de prendre la
forme ? Ne lui est-elle pas, au contraire, unie par la nature même d'une
manière si intime, qu'elle existe et vit avec elle, et par l'effet de
l'habitude se pénètre de sa substance ? C'est pour cela qu'on lui donne le
nom de mœurs.
Car les mœurs, pour en donner ici une idée, sont une qualité de la partie
irraisonnable ; et on les appelle ainsi, parce que cette qualité, imprimée
par la raison dans cette partie de l'âme, est une suite de l'habitude. La
raison ne veut pas détruire entièrement les passions, ce qui ne serait ni
possible ni utile, mais seulement les renfermer dans de justes bornes, et
par là produire les vertus morales qui n'opèrent pas l'anéantissement
total des passions, mais qui les règlent et les modèrent. (443d) Et ces
vertus sont le fruit de la prudence, qui ramène à une disposition sage et
honnête l'activité naturelle des passions.
On distingue trois choses dans l'âme : la puissance, la passion et
l'habitude. La puissance est le principe et comme la matière de la
passion, par exemple la pente à la colère, à la honte, à l'audace. La
passion est le mouvement actuel de cette puissance, comme la colère, la
honte et l'audace. L'habitude est la force du penchant qu'un exercice
fréquent donne à la puissance, et qui fait le vice ou la vertu, suivant
que la passion a été bien ou mal dirigée par la raison.
Mais comme toutes les vertus ne consistent pas dans ce juste milieu (443e)
qui constitue les vertus morales, il faut examiner en quoi les unes
diffèrent des autres, et pour cela, reprendre de plus haut. Il est des
choses qui subsistent simplement pour elles-mêmes ; d'autres ont avec nous
un rapport naturel. Du premier genre sont la terre, la mer, le ciel et les
astres; du second, tout ce qui est bon ou mauvais, utile ou nuisible,
agréable ou fâcheux. Les unes et les autres sont du ressort de la raison ;
mais les premières sont l'objet de la contemplation et de la science ; les
secondes, du conseil et de l'action. Celles-ci sont dirigées par la
prudence, celles-là par la sagesse. La prudence diffère de la sagesse, en
ce qu'elle consiste dans l'application de la faculté contemplative (443f)
à l'action, qui, sous l'autorité de la raison, dirige et gouverne les
passions. Aussi la prudence doit-elle être secondée par la fortune, au
lieu que la sagesse n'en a pas besoin pour parvenir à sa fin naturelle.
Elle n'a pas même à délibérer sur son objet, qui est toujours le même et
ne varie jamais.
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