[9] Ταῦθ´ ὁ Σερτώριος ἀκούσας ἔρωτα θαυμαστὸν ἔσχεν οἰκῆσαι τὰς
νήσους καὶ ζῆν ἐν ἡσυχίᾳ, τυραννίδος ἀπαλλαγεὶς καὶ πολέμων ἀπαύστων.
αἰσθόμενοι δ´ οἱ Κίλικες, οὐθὲν εἰρήνης δεόμενοι καὶ σχολῆς, ἀλλὰ πλούτου
καὶ λαφύρων, εἰς Λιβύην ἀπέπλευσαν, Ἄσκαλιν τὸν Ἴφθα κατάξοντες
ἐπὶ τὴν Μαυρουσίων βασιλείαν. οὐ μὴν ἀπέκαμεν ὁ Σερτώριος, ἀλλὰ τοῖς
πρὸς τὸν Ἄσκαλιν διαπολεμοῦσιν ἔγνω βοηθεῖν, ὡς οἱ σὺν αὐτῷ καινήν τινα
λαβόντες ἐλπίδων ἀρχὴν καὶ πράξεων ἑτέρων ὑπόθεσιν, μὴ διαλυθεῖεν
ὑπὸ τῆς ἀπορίας. ἀσμένοις δὲ τοῖς Μαυρουσίοις ἀφικόμενος, εἴχετο τοῦ
ἔργου, καὶ καταμαχεσάμενος τὸν Ἄσκαλιν ἐπολιόρκει. Σύλλα δὲ Πακκιανὸν
ἐκπέμψαντος βοηθῆσαι τοῖς περὶ τὸν Ἄσκαλιν μετὰ δυνάμεως, συμβαλὼν
ὁ Σερτώριος τὸν μὲν Πακκιανὸν ἀπέκτεινε, τὴν δὲ στρατιὰν κρατήσας
προσηγάγετο, καὶ τὴν Τίγγιν, εἰς ἣν ὁ Ἄσκαλις συνέφυγε μετὰ τῶν ἀδελφῶν,
ἐξεπολιόρκησεν. ἐνταῦθα τὸν Ἀνταῖον οἱ Λίβυες ἱστοροῦσι κεῖσθαι,
καὶ τὸν τάφον αὐτοῦ Σερτώριος διέσκαψε, τοῖς βαρβάροις ἀπιστῶν διὰ
μέγεθος. ἐντυχὼν δὲ τῷ σώματι, πηχῶν ἑξήκοντα μῆκος ὥς φασι, κατεπλάγη,
καὶ σφάγιον ἐντεμὼν συνέχωσε τὸ μνῆμα καὶ τὴν περὶ αὐτοῦ τιμήν
τε καὶ φήμην συνηύξησε. Τιγγῖται δὲ μυθολογοῦσιν Ἀνταίου τελευτήσαντος
τὴν γυναῖκα Τίγγην Ἡρακλεῖ συνελθεῖν, Σόφακα δ´ ἐξ αὐτῶν γενόμενον
βασιλεῦσαι τῆς χώρας καὶ πόλιν ἐπώνυμον τῆς μητρὸς ἀποδεῖξαι·
Σόφακος δὲ παῖδα γενέσθαι Διόδωρον, ᾧ πολλὰ τῶν Λιβυκῶν ἐθνῶν ὑπήκουσεν,
Ἑλληνικὸν ἔχοντι στράτευμα τῶν αὐτόθι κατῳκισμένων ὑφ´
Ἡρακλέους Ὀλβιανῶν καὶ Μυκηναίων. ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἀνακείσθω τῇ
Ἰόβα χάριτι, τοῦ πάντων ἱστορικωτάτου βασιλέων·
ἐκείνου γὰρ ἱστοροῦσι τοὺς προγόνους Διοδώρου καὶ Σόφακος ἀπογόνους
εἶναι. Σερτώριος δὲ πάντων ἐγκρατὴς γενόμενος, τοὺς δεηθέντας αὐτοῦ
καὶ πιστεύσαντας οὐκ ἠδίκησεν, ἀλλὰ καὶ χρήματα καὶ πόλεις καὶ τὴν
ἀρχὴν ἀπέδωκεν αὐτοῖς, ὅσα καλῶς εἶχε δεξάμενος διδόντων.
| [9] Sertorius, à qui l'on raconta ces merveilles, conçut le
plus ardent désir d'aller habiter ces îles et d'y vivre en repos,
affranchi de la tyrannie et délivré de toutes les guerres.
Mais les corsaires, qui pénétrèrent son dessein, et qui loin
de désirer la paix et le repos, voulaient du butin et des richesses,
firent voile vers l'Afrique, pour aller rétablir Ascalis,
fils d'Iphtha, sur le trône des Maurusiens. Sertorius,
sans se décourager de leur désertion, prit sur-le-champ le
parti d'aller au secours des ennemis d'Ascalis, afin que ses
soldats, trouvant dans cette guerre un nouveau germe d'espérance
et une occasion d'exercer leur courage, ne fussent
pas contraints, par la nécessité où ils seraient réduits,
d'abandonner ses drapeaux. Reçu avec plaisir par les Maurusiens,
il ne perdit pas un instant pour agir : après avoir
vaincu Ascalis, il l'assiégea dans la ville où il s'était retiré.
Sylla n'en fut pas plutôt informé, qu'il fit partir Paccianus
avec des troupes pour secourir Ascalis. Sertorius défit Paccianus,
le tua, et, ayant forcé son armée de se joindre à la
sienne, il prit d'assaut la ville de Tingis, où Ascalis s'était
réfugié avec ses frères. C'est là, disent les Africains, qu'Antée
est enterré. Sertorius, qui n'ajoutait pas foi à ce que les
barbares disaient de la grandeur énorme de ce géant, fit ouvrir
son tombeau, où il trouva, dit-on, un corps de soixante
coudées. Étonné d'une taille si monstrueuse, il immola des
victimes, fit recouvrir avec soin le tombeau, augmenta ainsi
le respect qu'on portait à ce géant, et accrédita les bruits
qui couraient sur son compte. Les habitants de Tingis
prétendent qu'après la mort d'Antée, sa femme Tingès ayant eu
commerce avec Hercule, en eut un fils, nommé Sophax, qui
régna dans le pays et bâtit une ville qu'il appela Tingis, du
nom de sa mère. Sophax fut père de Diodore, qui, s'étant
mis à la tète d'une armée d'Olbiens et de Mycéniens qu'Hercule
avait établis dans cette contrée, dompta plusieurs nations d'Afrique.
J'ai rapporté ces particularités par honneur pour le roi Juba,
le plus grand historien qu'il y ait eu parmi les rois,
et qu'on assure avoir eu pour ancêtres Diodore et Sophax.
Sertorius, devenu maître de tout le pays, traita avec
douceur ceux qui, recourant à lui avec confiance, se remirent
à sa discrétion; content de recevoir ce qu'ils lui offrirent
d'eux-mêmes, il leur rendit leurs villes et leurs biens, et les
laissa se gouverner par leurs propres lois.
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