HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Sertorius

Chapitre 10

  Chapitre 10

[10] Ἐντεῦθεν ὅποι χρὴ τραπέσθαι βουλευόμενον ἐκάλουν Λυσιτανοὶ πρέσβεις πέμψαντες ἐφ´ ἡγεμονίᾳ, πάντως μὲν ἄρχοντος ἀξίωμα μέγα καὶ ἐμπειρίαν ἔχοντος δεόμενοι πρὸς τὸν ἀπὸ Ῥωμαίων φόβον, ἐκείνῳ δὲ πιστεύοντες αὑτοὺς μόνῳ, καὶ πυνθανόμενοι παρὰ τῶν συγγεγονότων τὸ ἦθος αὐτοῦ. λέγεται γὰρ Σερτώριος οὔθ´ ὑφ´ ἡδονῆς οὔθ´ ὑπὸ δέους εὐάλωτος γενέσθαι, φύσει τ´ ἀνέκπληκτος {ὢν} παρὰ τὰ δεινά, καὶ μέτριος εὐτυχίαν ἐνεγκεῖν, καὶ πρὸς μὲν εὐθυμαχίαν οὐδενὸς ἀτολμότερος τῶν καθ´ ἑαυτὸν ἡγεμόνων, ὅσα δὲ κλωπείας ἐν πολέμοις ἔργα καὶ πλεονεξίας περὶ τόπους ἐχυροὺς καὶ διαβάσεις τάχους δεομένας ἀπάτης τε καὶ ψευδῶν ἐν δέοντι, σοφιστὴς δεινότατος. ἐν δὲ ταῖς τιμαῖς τῶν ἀνδραγαθημάτων δαψιλὴς φαινόμενος, περὶ τὰς τιμωρίας ἐμετρίαζε τῶν ἁμαρτημάτων. καίτοι δοκεῖ περὶ τὸν ἔσχατον αὐτοῦ βίον ὠμότητος καὶ βαρυθυμίας τὸ περὶ τοὺς ὁμήρους πραχθὲν ἔργον ἐπιδεῖξαι τὴν φύσιν οὐκ οὖσαν ἥμερον, ἀλλ´ ἐπαμπεχομένην λογισμῷ διὰ τὴν ἀνάγκην. ἐμοὶ δ´ ἀρετὴν μὲν εἰλικρινῆ καὶ κατὰ λόγον συνεστῶσαν οὐκ ἄν ποτε δοκεῖ τύχη τις ἐκστῆσαι πρὸς τοὐναντίον· ἄλλως δὲ προαιρέσεις καὶ φύσεις χρηστὰς ὑπὸ συμφορῶν μεγάλων παρ´ ἀξίαν κακωθείσας οὐκ ἀδύνατον τῷ δαίμονι συμμεταβαλεῖν τὸ ἦθος. καὶ Σερτώριον οἶμαι παθεῖν, ἤδη τῆς τύχης αὐτὸν ἐπιλειπούσης ἐκτραχυνόμενον ὑπὸ τῶν πραγμάτων γινομένων πονηρῶν πρὸς τοὺς ἀδικοῦντας. [10] Comme il délibérait de quel côté il tournerait ses pas, il vint des ambassadeurs des Lusitaniens qui l'invitaient à prendre le commandement de leurs troupes. Ils avaient besoin, contre les armes des Romains dont ils étaient menacés, d'un général qui joignit à une grande réputation beaucoup d'expérience; et, d'après ce qu'ils avaient entendu dire du caractère de Sertorius par ceux qui avaient vécu avec lui, il était le seul en qui ils eussent confiance. Sertorius n'était accessible ni à la volupté ni à la crainte; intrépide dans les dangers, modéré dans la bonne fortune, il ne le cédait à aucun capitaine de son temps en audace à charger brusquement l'ennemi et à lui livrer bataille. S'agissait-il de dérober un dessein aux ennemis, de prévenir leurs projets, de s'emparer d'un poste avantageux, d'employer à propos la ruse et l'adresse, personne n'y était plus habile que lui. Magnifique jusqu'à la prodigalité dans la récompense des belles actions, il était modéré dans la punition des fautes ; à la vérité, la manière dont, sur la fin de sa vie, il traita les otages qu'il avait entre les mains, et qui porte un caractère de violence et de cruauté, prouverait que la douceur ne lui était pas naturelle, et qu'il en prenait les dehors par intérêt, suivant le besoin des circonstances. Pour moi, je pense qu'une vertu réelle, bien affermie par la raison, ne peut jamais être renversée par les plus grands revers de fortune ; mais je ne crois pas impossible non plus que les meilleurs naturels, les âmes les plus fermes, quand elles sont accablées par de grands malheurs qu'elles n'ont pas mérités, changent de moeurs en changeant de fortune. Et c'est, je crois, ce qu'éprouva Sertorius quand la fortune l'eut abandonné : aigri par ses revers, il fut cruel envers les traîtres.


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Dernière mise à jour : 15/09/2006