| [11] Οὐ μὴν ἀλλὰ τότε γε τῶν Λυσιτανῶν καλούντων, ἀπῆρεν ἐκ Λιβύης.
 καὶ τούτους τε συνέταττεν εὐθὺς αὐτοκράτωρ στρατηγὸς ἀποδειχθείς,
 καὶ τὴν ἐγγὺς Ἰβηρίαν ὑπήκοον ἐποιεῖτο, τῶν πλείστων ἑκουσίως προστιθεμένων,
 μάλιστα μὲν διὰ τὸ πρᾷον αὐτοῦ καὶ δραστήριον· ἔστι δ´ ἃ
 καὶ σοφιστικῶς αὐτὸς εἰς ἀπάτην καὶ κήλησιν ἐμηχανᾶτο. καὶ πρῶτόν
 γε πάντων τὸ περὶ τὴν ἔλαφον. ἦν δὲ τοιόνδε· Λυσιτανὸς ἀνὴρ δημότης
 τῶν ἐπὶ χώρας βιούντων ἐλάφῳ νεοτόκῳ φευγούσῃ κυνηγέτας ἐπιτυχών,
 αὐτῆς μὲν ἀπελείφθη, τὴν δὲ νεβρὸν ἐκπλαγεὶς τῇ καινότητι τῆς χρόας,
 λευκὴ γὰρ ἦν πᾶσα, λαμβάνει διώξας. κατὰ τύχην δὲ Σερτωρίου τοῖς τόποις
 ἐναυλισαμένου, καὶ πᾶν ὅ τις ἐξ ἄγρας ἢ γεωργίας ἥκοι κομίζων
 δῶρον ἀσμένως δεχομένου, καὶ φιλοφρόνως ἀμειβομένου τοὺς θεραπεύοντας,
 ἐγχειρίζει φέρων αὐτῷ τὴν νεβρόν. ὁ δὲ δεξάμενος, αὐτίκα μὲν ἥσθη
 μετρίως, χρόνῳ δὲ ποιησάμενος τιθασὸν οὕτω καὶ φιλάνθρωπον, ὥστε
 καὶ καλοῦντος ἀκούειν καὶ βαδίζοντί ποι παρακολουθεῖν, ὄχλου τε καὶ
 θορύβου παντὸς ἀνέχεσθαι στρατιωτικοῦ, κατὰ μικρὸν ἐξεθείαζε φάσκων
 Ἀρτέμιδος δῶρον τὴν ἔλαφον εἶναι, καὶ πολλὰ τῶν ἀδήλων ἐπεφήμιζεν
 αὐτῷ δηλοῦν, γινώσκων εὐάλωτον εἰς δεισιδαιμονίαν εἶναι φύσει τὸ
 βαρβαρικόν. ὁ δὲ καὶ προσετεχνᾶτο τοιάδε· γνοὺς γὰρ ἂν κρύφα τοὺς
 πολεμίους ἐμβεβληκότας ποι τῆς ὑπ´ αὐτὸν χώρας ἢ πόλιν ἀφιστάντας,
 προσεποιεῖτο τὴν ἔλαφον αὐτῷ κατὰ τοὺς ὕπνους διειλέχθαι, κελεύουσαν
 ἐν ἑτοίμῳ τὰς δυνάμεις ἔχειν. αὖθις δὲ νίκην τινὰ τῶν ἑαυτοῦ στρατηγῶν
 ἀκούσας, τὸν μὲν ἄγγελον ἔκρυπτε, τὴν δ´ ἔλαφον ἐστεφανωμένην ἐπ´
 εὐαγγελίοις προῆγεν, εὐθυμεῖσθαι παρακαλῶν καὶ τοῖς θεοῖς θύειν, ὡς
 ἀγαθόν τι πευσομένους.
 | [11] Appelé alors par les Lusitaniens, il partit d'Afrique; 
investi, à son arrivée, de toute l'autorité de général, il mit 
une armée sur pied et eut bientôt soumis la partie de l'Espagne 
la plus voisine de la Lusitanie. Ces peuples, charmés 
surtout de sa douceur et de son activité, se rendaient à lui
volontairement; il est vrai aussi qu'il mit en usage l'artifice 
et la ruse pour les tromper et les attirer dans son parti. Une 
biche fut le principal ressort qu'il fit jouer pour cela. Un 
homme du pays, nommé Spanus, qui vivait à la campagne, 
rencontra un jour une biche qui venait de mettre bas et qui 
était poursuivie par des chasseurs. Il la laissa fuir en liberté; 
mais, frappé de la couleur extraordinaire du faon, dont la 
robe était toute blanche, il se mit à le poursuivre et le saisit. 
Sertorius était, par hasard, campé dans les environs. Comme 
on lui voyait recevoir avec plaisir tous les présents de gibier 
ou de fruit qu'on lui présentait, et récompenser généreusement 
ceux qui lui faisaient ainsi leur cour, cet homme lui 
apporta sa petite biche, que Sertorius reçut sans montrer 
beaucoup de satisfaction de ce présent; mais, l'ayant ensuite 
tellement apprivoisée qu'elle venait à sa voix, et le suivait 
partout sans être jamais effarouchée du tumulte du camp ni 
du bruit des soldats, il en vint peu à peu à la diviniser, pour 
ainsi dire; il débita que cette biche était un présent de 
Diane; et connaissant l'empire de la superstition sur les 
barbares, il leur fit accroire que cet animal lui découvrait 
bien des choses cachées. Il employait l'artifice pour accréditer 
ces bruits. Était-il informé, par quelque avis secret, 
que les ennemis avaient fait une incursion sur les terres de 
sa province, ou qu'ils avaient sollicité une ville à la défection, 
il feignait d'en avoir été averti par la biche pendant son sommeil, 
et d'avoir reçu d'elle l'ordre de tenir ses troupes prêtes 
à combattre. Apprenait-il qu'un de ses lieutenants avait eu 
quelque avantage, il défendait au courrier de se montrer, 
faisait paraître en public sa biche couronnée de fleurs, pour 
marquer qu'il avait reçu une heureuse nouvelle; et, pour 
animer le courage de ses soldats, il les exhortait à faire des
sacrifices aux dieux, en leur promettant qu'ils apprendraient 
bientôt quelque heureux succès.
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