| [5] Μαρίου δὲ καταπλεύσαντος ἐκ Λιβύης καὶ τῷ Κίννᾳ προστιθέντος
 ἑαυτὸν ὡς ἰδιώτην ὑπάτῳ, τοῖς μὲν ἄλλοις ἐδόκει δέχεσθαι, Σερτώριος
 δ´ ἀπηγόρευεν, εἴτε τὸν Κίνναν ἧττον οἰόμενος ἑαυτῷ προσέξειν ἀνδρὸς
 ἡγεμονικωτέρου παρόντος, εἴτε τὴν βαρύτητα τοῦ Μαρίου δεδοικώς, μὴ
 πάντα τὰ πράγματα συγχέῃ, θυμῷ μέτρον οὐκ ἔχοντι πέρα δίκης ἐν τῷ
 κρατεῖν προερχόμενος. ἔλεγεν οὖν μικρὸν εἶναι τὸ ὑπολειπόμενον ἔργον
 αὐτοῖς ἤδη κρατοῦσι, δεξαμένων δὲ τὸν Μάριον, τὸ σύμπαν οἴσεσθαι τῆς
 δόξης ἐκεῖνον καὶ τῆς δυνάμεως, χαλεπὸν ὄντα πρὸς κοινωνίαν ἀρχῆς καὶ
 ἄπιστον. εἰπόντος δὲ τοῦ Κίννα, ταῦτα μὲν ὀρθῶς ὑπολογίζεσθαι τὸν
 Σερτώριον, αἰδεῖσθαι δὲ καὶ διαπορεῖν ὅπως ἀπώσεται τὸν Μάριον, αὐτὸς
 ἐπὶ κοινωνίᾳ πραγμάτων κεκληκώς, ὑπολαβὼν ὁ Σερτώριος εἶπεν· „ἀλλ´
 ἐγὼ μὲν αὐτὸν ἀφ´ ἑαυτοῦ Μάριον ἥκειν νομίζων εἰς Ἰταλίαν τὸ συμφέρον
 ἐσκόπουν, σοὶ δὲ τὴν ἀρχὴν οὐδὲ βουλεύεσθαι καλῶς εἶχεν ἥκοντος
 ὃν αὐτὸς ἐλθεῖν ἠξίωσας, ἀλλὰ χρῆσθαι καὶ δέχεσθαι, τῆς πίστεως
 μηδενὶ λογισμῷ χώραν διδούσης.“ οὕτως μεταπέμπεται τὸν Μάριον
 Κίννας, καὶ τριχῇ τῆς δυνάμεως διανεμηθείσης, ἦρχον οἱ τρεῖς. διαπολεμηθέντος
 δὲ τοῦ πολέμου, καὶ τῶν περὶ τὸν Κίνναν καὶ Μάριον
 ἐμφορουμένων ὕβρεώς τε καὶ πικρίας ἁπάσης, ὥστε χρυσὸν ἀποδεῖξαι
 Ῥωμαίοις τὰ τοῦ πολέμου κακά, Σερτώριος λέγεται μόνος οὔτ´ ἀποκτεῖναί
 τινα πρὸς ὀργὴν οὔτ´ ἐνυβρίσαι κρατῶν, ἀλλὰ καὶ τῷ Μαρίῳ δυσχεραίνειν,
 καὶ τὸν Κίνναν ἐντυγχάνων ἰδίᾳ καὶ δεόμενος μετριώτερον ποιεῖν. τέλος δὲ
 τῶν δούλων, οὓς Μάριος συμμάχους μὲν ἐν τῷ πολέμῳ, δορυφόρους δὲ τῆς
 τυραννίδος ἔχων ἰσχυροὺς καὶ πλουσίους ἐποίησε, τὰ μὲν ἐκείνου διδόντος
 καὶ κελεύοντος, τὰ δὲ καὶ ἰδίᾳ παρανομούντων εἰς τοὺς δεσπότας, σφαττόντων
 μὲν αὐτούς, ταῖς δὲ δεσποίναις πλησιαζόντων, καὶ βιαζομένων τοὺς
 παῖδας, οὐκ ἀνασχετὰ ποιούμενος ὁ Σερτώριος ἅπαντας ἐν ταὐτῷ στρατοπεδεύοντας
 κατηκόντισεν, οὐκ ἐλάττους τετρακισχιλίων ὄντας.
 | [5] Marius ayant fait voile d'Afrique en Italie pour venir se 
joindre à Cinna, comme un simple particulier à son consul, 
tous les autres officiers furent d'avis de le recevoir; Sertorius 
seul s'y opposa, soit qu'il pensât que Cinna n'aurait plus pour 
lui la même considération quand il aurait auprès de sa personne 
un aussi grand capitaine que Marius, soit qu'il craignît 
que Marius, qui dans la victoire n'était pas maître de sa 
colère et passait toujours les bornes de la justice, ne causât 
par ses cruautés la ruine entière de leur parti. Il leur représentait 
qu'avec la supériorité qu'ils venaient d'acquérir, il 
leur restait peu de choses à faire; que si Marius était reçu 
dans leur armée, il aurait seul l'honneur du succès, et attirerait 
à lui tout le pouvoir: « Vous savez, ajouta-t-il, qu'il ne 
souffre pas aisément le partage et qu'il ne se pique pas de 
fidélité. » Cinna convint de la justesse de ses raisons; mais 
il lui avoua qu'après avoir lui-même appelé Marius pour venir 
partager la conduite de cette guerre, il avait honte de le
rejeter, et n'en voyait même pas le moyen. « Je croyais, reprit 
Sertorius, que Marius était venu de lui-même en Italie;
et dans cette idée je vous donnais le conseil qui me paraissait 
le plus utile. Mais puisqu'il n'est venu que sur votre 
invitation, vous n'avez pas dû même en délibérer. Il ne 
vous reste plus d'autre parti que de le recevoir et de tirer
de lui tout le secours que vous pourrez. La bonne foi ne 
permet plus aucun raisonnement. »
Cinna fit donc venir Marius, et toutes les troupes furent 
divisées en trois corps, qui eurent chacun son chef séparé. 
La victoire leur étant restée, Cinna et Marius se portèrent à 
de tels excès d'insolence et de cruauté, que les maux de la 
guerre parurent aux Romains une véritable félicité, au prix 
de tant d'horreurs. Sertorius fut le seul qui, ne sacrifiant 
personne à son propre ressentiment, n'abusa pas de la victoire 
pour faire outrage à un seul citoyen. Au contraire, 
rempli d'indignation contre Marius, il prit en particulier 
Cinna, et par ses prières et ses remontrances il parvint à lui 
inspirer des sentiments plus modérés. Voyant enfin que les 
esclaves que Marius avait pris pour ses alliés dans cette 
guerre et dont il faisait les satellites de sa tyrannie, rendus 
plus insolents par la force qu'ils tiraient de leur grand nombre, 
commettaient les plus grands forfaits, soit par la permission 
et par les ordres même de Marius, soit par la férocité de 
leur caractère; qu'ils égorgeaient leurs maîtres, déshonoraient 
leurs maîtresses et leurs enfants, il ne put supporter 
une telle licence, et les fit tous tuer à coups de flèches, dans 
leur camp même, quoiqu'ils ne fussent pas moins de quatre mille. 
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