| [6] Ἐπεὶ δὲ Μάριος μὲν ἐτελεύτησε καὶ Κίννας ἀνῃρέθη μικρὸν ὕστερον,
 ὁ δὲ νεανίας Μάριος ἄκοντος αὐτοῦ παρὰ τοὺς νόμους ὑπατείαν ἔλαβε,
 Κάρβωνες δὲ καὶ Νωρβανοὶ καὶ Σκιπίωνες ἐπιόντι Σύλλᾳ κακῶς ἐπολέμουν,
 καὶ τὰ μὲν ἀνανδρίᾳ καὶ μαλακίᾳ τῶν στρατηγῶν ἐφθείρετο, τὰ
 δ´ οἱ προδιδόντες ἀπώλλυσαν, ἔργον δ´ οὐδὲν ἦν αὐτοῦ παρόντος τοῖς πράγμασι
 μοχθηρῶς ὑποφερομένοις διὰ τὸ χεῖρον φρονεῖν τοὺς μᾶλλον δυναμένους,
 τέλος δὲ Σύλλας Σκιπίωνι παραστρατοπεδεύσας καὶ φιλοφρονούμενος,
 ὡς εἰρήνης ἐσομένης, διέφθειρε τὸ στράτευμα, καὶ ταῦτα προλέγων
 Σκιπίωνι καὶ διδάσκων Σερτώριος οὐκ ἔπεισε, παντάπασιν ἀπογνοὺς τὴν
 πόλιν ὥρμησεν εἰς Ἰβηρίαν, ὡς, εἰ φθάσει τὴν ἐκεῖ κρατυνάμενος ἀρχήν,
 καταφυγὴ τοῖς πταίουσιν ἐνταῦθα τῶν φίλων ἐσόμενος. χειμῶσι δὲ χαλεποῖς
 χρησάμενος ἐν χωρίοις ὀρεινοῖς, ὑπὸ βαρβάρων ἐπράττετο τέλη καὶ
 μισθοὺς τοῦ παρελθεῖν τὴν ὁδόν. ἀγανακτούντων δὲ τῶν σὺν αὐτῷ καὶ
 δεινολογουμένων, εἰ Ῥωμαίων ἀνθύπατος τέλη καταβαλεῖ βαρβάροις ὀλέθροις,
 μικρὰ φροντίσας τοῦ δοκοῦντος αἰσχροῦ καὶ καιρὸν ὠνεῖσθαι φήσας,
 οὗ σπανιώτερον οὐδὲν ἀνδρὶ μεγάλων ἐφιεμένῳ, τοὺς μὲν βαρβάρουσ ἐθεράπευσε
 χρήμασι, τὴν δ´ Ἰβηρίαν ἐπειχθεὶς κατέσχε. παραλαβὼν δ´ ἔθνη,
 πλήθεσι μὲν καὶ ἡλικίαις ἀκμάζοντα, πλεονεξίᾳ δὲ καὶ ὕβρει τῶν πεμπομένων
 ἑκάστοτε στρατηγῶν πρὸς ὅλην κακῶς διακείμενα τὴν ἡγεμονίαν,
 ἀνελάμβανεν ὁμιλίᾳ τε τοὺς δυνατοὺς καὶ φόρων ἀνέσει τοὺς πολλούς.
 μάλιστα δὲ τῶν ἐπισταθμιῶν ἀπαλλάξας ἠγαπήθη· τοὺς γὰρ στρατιώτας
 ἠνάγκαζεν ἐν τοῖς προαστίοις χειμάδια πήγνυσθαι, πρῶτος αὐτὸς οὕτω
 κατασκηνῶν. οὐ μὴν ἐπὶ τῇ τῶν βαρβάρων εὐνοίᾳ τὸ πᾶν ἐποιήσατο, Ῥωμαίων
 δὲ τῶν αὐτόθι μετοικούντων τοὺς ἐν ἡλικίᾳ καθοπλίσας, μηχανάς
 τε παντοδαπὰς καὶ ναυπηγίας τριήρων ὑποβαλόμενος, διὰ χειρὸς εἶχε τὰς
 πόλεις, ἥμερος μὲν ὢν ἐν ταῖς εἰρηνικαῖς χρείαις, φοβερὸς δὲ τῇ παρασκευῇ
 {κατὰ} τῶν πολεμικῶν φαινόμενος.
 | [6] Cependant Marius mourut; bientôt après, Cinna fut 
tué, et le jeune Marius emporta le consulat malgré Sertorius 
et contre les lois. Carbon, Norbanus et Scipion, ayant marché 
contre Sylla, qui revenait de Grèce, furent battus, autant par 
la mollesse et la lâcheté des chefs, que par la désertion des 
soldats. Sertorius sentit alors que sa présence ne pouvait remédier 
au désordre des affaires, qui croissait de jour en jour, 
parce que ceux qui avaient le plus de pouvoir étaient les
moins habiles; et lorsque enfin Sylla, étant venu camper auprès 
de Scipion, lui fit les plus grandes démonstrations d'amitié, 
en le flattant de l'espoir d'une paix prochaine, pendant 
qu'il lui débauchait son armée, Sertorius, qui en avait plusieurs 
fois inutilement averti Scipion, désespérant du salut 
de Rome, partit pour l'Espagne, afin d'y prévenir, s'il le 
pouvait, l'arrivée de ses ennemis, s'emparer de cette province 
et s'y établir si bien qu'il pût y assurer une retraite à
ceux de ses amis qui seraient forcés d'abandonner l'Italie.
Assailli par de violents orages dans les montagnes 
qu'il eut à traverser, il ne put obtenir le passage des gens du 
pays qu'en leur payant un salaire considérable. Ceux qui 
l'accompagnaient ayant paru indignés qu'un proconsul romain 
payât tribut à des barbares, Sertorius, moins affecté 
qu'eux de cette prétendue honte, leur dit qu'il achetait le 
temps, le bien le plus précieux pour celui qui aspire à de 
grandes choses; et, ayant gagné ces habitants à prix d'argent, 
il fit une si grande diligence qu'il se rendit maître de l'Espagne. 
Il trouva cette province peuplée d'une jeunesse florissante, 
mais que l'avarice et la violence des gouverneurs que 
Rome y envoyait tous les ans avaient prévenue contre toute 
espèce d'autorité. Il s'attacha d'abord à gagner les grands 
par la douceur et la multitude par la diminution des subsides; 
mais rien ne lui concilia davantage l'affection de ces 
peuples, que l'exemption des logements de gens de guerre. 
Il obligea ses soldats de passer l'hiver dans leurs tentes, hors 
des murailles des villes; et lui-même y fit tendre le premier 
son pavillon. Cependant, ne voulant pas mettre uniquement 
sa confiance dans les dispositions favorables des Espagnols, 
il incorpora dans ses troupes ceux des Romains établis en 
Espagne qui étaient en âge de porter les armes; il fit construire 
toutes sortes de machines de guerre et équiper un grand 
nombre de vaisseaux. Par là il tint les villes dans sa dépendance; 
et autant il paraissait doux et affable pendant la paix, 
dans les rapports ordinaires de la vie civile, autant il se montrait 
terrible dans tout ce qui regardait le service militaire.
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