[28] (1) Ταῦτ´ ἔστιν ἃ περὶ Εὐμενοῦς καὶ Σερτωρίου μνήμης ἄξια παρειλήφαμεν.
ἐν δὲ τῇ συγκρίσει κοινὸν μὲν ἀμφοτέροις ὑπάρχει τὸ ξένους καὶ
ἀλλοδαποὺς καὶ φυγάδας ὄντας ἐθνῶν τε παντοδαπῶν καὶ στρατευμάτων
μαχίμων τε καὶ μεγάλων δυνάμεων ἡγουμένους διατελεῖν· ἴδιον δὲ Σερτωρίῳ
μὲν τὸ παρὰ πάντων τῶν συμμάχων δεδομένην ἔχειν διὰ τὸ ἀξίωμα τὴν
ἀρχήν, Εὐμενεῖ δὲ τὸ πολλῶν διαφερομένων περὶ τῆς ἡγεμονίας πρὸς αὐτὸν
ἐκ τῶν πράξεων λαμβάνειν τὸ πρωτεῖον· τῷ μὲν γὰρ ἄρχεσθαι βουλόμενοι
δικαίως εἵποντο, τῷ δ´ ἄρχειν μὴ δυνάμενοι πρὸς τὸ συμφέρον ὑπήκουον.
καὶ γὰρ ὁ μὲν Ἰβήρων καὶ Λυσιτανῶν Ῥωμαῖος, ὁ δὲ Χερρονησίτης Μακεδόνων
ἦρχεν, ὧν οἱ μὲν ἔκπαλαι Ῥωμαίοις ἐδούλευον, οἱ δὲ τότε πάντας
ἀνθρώπους ἐδουλοῦντο. καὶ Σερτώριος μὲν ἀπὸ βουλῆς καὶ στρατηγίας
θαυμαζόμενος, Εὐμενὴς δὲ διὰ τὴν γραμματείαν καταφρονούμενος, ἐφ´
ἡγεμονίαν προῆλθεν. οὐ μόνον τοίνυν ἐλάττοσι πρὸς τὴν ἀρχὴν ἀφορμαῖς,
ἀλλὰ καὶ μείζοσι πρὸς τὴν αὔξησιν ἐχρήσατο κωλύμασιν Εὐμενής.
καὶ γὰρ ἄντικρυς τοὺς ἐνισταμένους καὶ κρύφα τοὺς ἐπιβουλεύοντας
εἶχε πολλούς, οὐχ ὥσπερ τῷ ἑτέρῳ φανερῶς μὲν οὐδείς, λάθρα δ´ ὕστερον
καὶ ὀλίγοι τῶν συμμάχων ἐπανέστησαν. διὸ τῷ μὲν ἦν πέρας τοῦ κινδυνεύειν
τὸ νικᾶν τοὺς πολεμίους, τῷ δ´ ἐκ τοῦ νικᾶν ὁ κίνδυνος ὑπὸ τῶν φθονούντων.
| [28] PARALLÈLE DE SERTORIUS ET D'EUMÈNE.
1. Voilà ce que nous avons recueilli de plus mémorable des
actions d'Eumène et de Sertorius. Leur parallèle nous offrira
ce trait de conformité entre eux : qu'étrangers l'un et l'autre,
bannis de leur patrie, et servant dans des pays éloignés, ils
ont, pendant toute leur vie, commandé à des nations diverses,
à des armées aussi nombreuses qu'aguerries ; mais Sertorius
a cela de particulier, que tous ses alliés lui cédèrent volontiers
un commandement dont ils le jugeaient le plus digne.
Eumène au contraire ne dut qu'à ses exploits la première
place qui lui était disputée par plusieurs rivaux; ainsi, l'un
se vit obéi par ceux qui le regardaient avec raison comme le
plus capable de commander; l'autre le fut par des hommes
qui, incapables eux-mêmes du commandement, ne lui obéissaient
que pour leur propre intérêt. Sertorius, citoyen de
Rome, eut sous ses ordres des armées d'Espagnols et de Lusitaniens :
Eumène, né dans la Chersonèse, fut chef de troupes
macédoniennes ; mais les premiers étaient depuis longtemps
sous la domination romaine, les autres avaient soumis
à leur empire toutes les nations. Lorsque Sertorius parvint
au commandement, il jouissait déjà d'une grande réputation,
qu'il devait à sa dignité de sénateur et à ses belles actions.
Eumène y arriva méprisé de tout le monde, à cause de sa
charge de secrétaire d'Alexandre; aussi eut-il pour commencer
sa fortune bien moins de moyens que Sertorius, et éprouva-t-il
beaucoup plus d'obstacles pour l'augmenter. Entre ses
rivaux, les uns s'y opposèrent ouvertement, les autres
tramèrent sourdement sa ruine. Sertorius ne vit personne se
déclarer publiquement son rival; ce ne fut qu'à la fin de sa
vie que quelques-uns de ses alliés conspirèrent sa perte : ainsi
Sertorius trouvait dans ses victoires la fin de ses périls; et
pour Eumène la victoire même était, par la malice de ses
envieux, la source de ses dangers.
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