[26] Ὁ δ´ οὖν Περπέννας πλείονας ἐνωμότους ἔχων πρὸς τὴν ἐπίθεσιν,
προσάγεται καὶ Μάλλιον, ἕνα τῶν ἐφ´ ἡγεμονίας. οὗτος ἐρῶν τινος τῶν
ἐν ὥρᾳ μειρακίου καὶ φιλοφρονούμενος πρὸς αὐτό, φράζει τὴν ἐπιβουλήν,
κελεύων ἀμελήσαντα τῶν ἄλλων ἐραστῶν αὐτῷ μόνῳ προσέχειν, ὡς ἐντὸς
ἡμερῶν ὀλίγων μεγάλῳ γενησομένῳ. τὸ δὲ μειράκιον ἑτέρῳ τινὶ τῶν ἐραστῶν
Αὐφιδίῳ μᾶλλον προσπεπονθὸς ἐκφέρει τὸν λόγον. ἀκούσας δ´ ὁ
Αὐφίδιος ἐξεπλάγη· καὶ γὰρ αὐτὸς μετεῖχε τῆς ἐπὶ Σερτώριον συνωμοσίας,
οὐ μέντοι τὸν Μάλλιον ἐγίνωσκε μετέχοντα. Περπένναν δὲ καὶ Γραικῖνον
καί τινας ἄλλους ὧν αὐτὸς ᾔδει συνωμοτῶν ὀνομάζοντος τοῦ μειρακίου,
διαταραχθεὶς πρὸς ἐκεῖνον μὲν ἐξεφλαύριζε τὸν λόγον καὶ παρεκάλει
τοῦ Μαλλίου καταφρονεῖν ὡς κενοῦ καὶ ἀλαζόνος, αὐτὸς δὲ πρὸς τὸν Περπένναν
πορευθεὶς καὶ φράσας τὴν ὀξύτητα τοῦ καιροῦ καὶ τὸν κίνδυνον, ἐκέλευσεν
ἐπιχειρεῖν. οἱ δ´ ἐπείθοντο, καὶ παρασκευάσαντες ἄνθρωπον γράμματα
κομίζοντα τῷ Σερτωρίῳ προσήγαγον· ἐδήλου δὲ τὰ γράμματα νίκην
τινὸς τῶν ὑπ´ αὐτῷ στρατηγῶν καὶ φόνον πολὺν τῶν πολεμίων. ἐφ´ οἷς
τοῦ Σερτωρίου περιχαροῦς ὄντος καὶ θύοντος εὐαγγέλια, Περπέννας ἑστίασιν
αὐτῷ καὶ τοῖς παροῦσι φίλοις (οὗτοι δ´ ἦσαν ἐκ τῆς συνωμοσίας) ἐπηγγέλλετο,
καὶ πολλὰ λιπαρήσας ἔπεισεν ἐλθεῖν. ἀεὶ μὲν οὖν τὰ μετὰ Σερτωρίου
δεῖπνα πολλὴν εἶχεν αἰδῶ καὶ κόσμον, οὔθ´ ὁρᾶν τι τῶν αἰσχρῶν
οὔτ´ ἀκούειν ὑπομένοντος, ἀλλὰ καὶ τοὺς συμπίνοντας εὐτάκτοις καὶ ἀνυβρίστοις
παιδιαῖς χρῆσθαι καὶ φιλοφροσύναις ἐθίζοντος· τότε δὲ τοῦ πότου
μεσοῦντος ἀρχὴν ἁψιμαχίας ζητοῦντες, ἀναφανδὸν ἀκολάστοις ἐχρῶντο
ῥήμασι, καὶ πολλὰ προσποιούμενοι μεθύειν ἠσέλγαινον ὡς παροξυνοῦντες
ἐκεῖνον. ὁ δ´ εἴτε δυσχεραίνων τὴν ἀκοσμίαν, εἴτε τὴν διάνοιαν αὐτῶν τῇ
θρασύτητι τῆς λαλιᾶς καὶ τῇ παρὰ τὸ εἰωθὸς ὀλιγωρίᾳ συμφρονήσας,
μετέβαλε τὸ σχῆμα τῆς κλίσεως, ὕπτιον ἀνεὶς ἑαυτὸν ὡς οὔτε προσέχων
οὔτε κατακούων. ἐπεὶ δ´ ὁ Περπέννας φιάλην τινὰ λαβὼν ἀκράτου καὶ
μεταξὺ πίνων ἀφῆκεν ἐκ τῶν χειρῶν καὶ ψόφον ἐποίησεν, ὅπερ ἦν αὐτοῖς
σύμβολον, Ἀντώνιος ὑπερκατακείμενος παίει τῷ ξίφει τὸν Σερτώριον. ἀναστρέψαντος
δὲ πρὸς τὴν πληγὴν ἐκείνου καὶ συνεξανισταμένου, περιπεσὼν
εἰς τὸ στῆθος κατέλαβε τὰς χεῖρας ἀμφοτέρας, ὥστε μηδ´ ἀμυνόμενον πολλῶν
παιόντων ἀποθανεῖν.
| [26] Perpenna, qui déjà s'était donné plusieurs complices
de la conjuration qu'il tramait, y fit entrer aussi Manlius, l'un
des principaux officiers de Sertorius. Ce Manlius aimait un
jeune garçon; et, pour lui montrer jusqu'où allait sa tendresse,
il lui fit part de la conspiration et lui conseilla de
laisser tous ses rivaux, pour ne s'attacher qu'à lui; qu'il le
verrait dans peu de jours élevé à une très grande puissance.
Ce jeune homme, qui avait plus d'inclination pour un certain
Aufidius, dont il était aussi fort aimé, lui découvrit le complot.
Aufidius en fut fort étonné, car il était lui-même de la
conjuration ; mais il ne savait pas que Manlius y fùt entré.
Bien plus troublé quand ce jeune homme lui nomma Perpenna,
Grécinus et quelques autres qu'il savait être au nombre
des conjurés, il traita devant ce jeune homme tous ces
propos de chimères, et lui dit de n'ajouter aucune foi à ce
que lui disait Manlius, qui n'était qu'un homme vain et léger.
Cependant il va trouver Perpenna, lui apprend le danger où
ils se trouvent, et lui conseille de hâter le moment de l'exécution.
Les autres conjurés ayant appuyé son avis, ils mènent
à Sertorius un homme qu'ils avaient suborné et qui lui
remit des lettres par lesquelles on apprenait qu'un de ses
lieutenants avait remporté une victoire importante et fait
un grand carnage des ennemis. Sertorius, ravi de joie, fit un
sacrifice pour remercier les dieux de cette heureuse nouvelle.
Perpenna saisit ce moment pour l'inviter à un festin
qu'il donnait à ses amis, qui tous étaient des complices de la
conjuration, et il lui fait de si vives instances, qu'il le détermine
à s'y rendre.
Sertorius faisait observer dans tous ses repas beaucoup
de modestie et de décence; il n'y souffrait ni action ni
discours déshonnêtes, et ne permettait à ses convives que
des amusements sages; la bonne chère n'y amenait jamais
aucune insolence. Ce jour-là, quand on fut au milieu du souper,
les conjurés, qui cherchaient à exciter une querelle, se
permirent hautement des paroles obscènes, et, feignant
d'être ivres, ils commirent les actions les plus indécentes, afin
d'irriter Sertorius. Ce général, soit qu'il ne pût supporter
une telle licence, soit que leur bégayement et leur conduite
offensante, à laquelle il n'était pas accoutumé, lui eussent
fait pénétrer leur dessein, changea de posture, et se renversa
sur son lit, afin de ne prendre aucune part à ce qui se passait
entre eux. Alors Perpenna prit une coupe pleine de vin,
et en buvant il la laissa tomber : au bruit de sa chute, signal
dont les conjurés étaient convenus, Antonius, qui était assis
au-dessus de Sertorius, lui donne un coup d'épée; Sertorius,
se sentant frapper, se retourne aussitôt et veut se lever; mais
Antonius se jette sur son corps et lui saisit les deux mains.
Sertorius, ne pouvant se défendre, expire percé de coups.
|