[24] Ταῦτ´ ἀπαγγελθέντα Μιθριδάτης διὰ θάμβους ἐποιεῖτο, καὶ λέγεται
μὲν εἰπεῖν πρὸς τοὺς φίλους· „τί δῆτα προστάξει Σερτώριος ἐν Παλατίῳ
καθεζόμενος, εἰ νῦν εἰς τὴν Ἀτλαντικὴν ἐξεωσμένος θάλασσαν ὅρους
ἡμῶν τῇ βασιλείᾳ τίθησι καὶ πειρωμένοις Ἀσίας ἀπειλεῖ πόλεμον;“ οὐ
μὴν ἀλλὰ γίνονταί γε συνθῆκαι καὶ ὅρκοι, Καππαδοκίαν καὶ Βιθυνίαν
ἔχειν Μιθριδάτην, Σερτωρίου στρατηγὸν αὐτῷ καὶ στρατιώτας πέμποντος,
Σερτώριον δὲ παρὰ Μιθριδάτου λαβεῖν τρισχίλια τάλαντα καὶ τεσσαράκοντα
ναῦς. πέμπεται δὲ καὶ στρατηγὸς εἰς Ἀσίαν ὑπὸ Σερτωρίου τῶν
ἀπὸ βουλῆς πεφευγότων πρὸς αὐτὸν Μᾶρκος Μάριος, ᾧ συνεξελών τινας
πόλεις τῶν Ἀσιάδων ὁ Μιθριδάτης εἰσελαύνοντι μετὰ ῥάβδων καὶ
πελέκεων αὐτὸς εἵπετο, δευτέραν τάξιν καὶ σχῆμα θεραπεύοντος ἑκουσίως
ἀνειληφώς. ὁ δὲ τὰς μὲν ἠλευθέρου, ταῖς δ´ ἀτέλειαν γράφων χάριτι Σερτωρίου
κατήγγελλεν, ὥστε τὴν Ἀσίαν αὖθις ἐνοχλουμένην μὲν ὑπὸ τῶν
τελωνῶν, βαρυνομένην δὲ ταῖς πλεονεξίαις καὶ ὑπερηφανίαις τῶν ἐπισκήνων,
ἀναπτερωθῆναι πρὸς τὴν ἐλπίδα καὶ ποθεῖν τὴν προσδοκωμένην
μεταβολὴν τῆς ἡγεμονίας.
| [24] Cette réponse, rapportée à Mithridate, le frappa d'étonnement :
« Quels ordres nous donnera donc Sertorius, dit-il
à ses amis, lorsqu'il sera dans Rome, assis au milieu du
sénat, si maintenant, relégué sur les côtes de l'océan Atlantique,
il fixe les bornes de mon royaume et me menace de
la guerre, à la première entreprise que je ferai sur l'Asie! »
C'est pourtant sur ce pied que le traité fut conclu et juré.
Mithridate conservait la Bithynie et la Cappadoce, et Sertorius
s'obligeait de lui envoyer un général et des troupes; de son
côté, Mithridate s'engageait à lui fournir quarante vaisseaux
et trois mille talents. Sertorius lui envoya pour général, en
Asie, Marcus Marius, l'un des sénateurs romains qui s'étaient
réfugiés auprès de lui, avec lequel Mithridate prit quelques
villes d'Asie; et, lorsque Marius, précédé de ses faisceaux de
verges et de ses haches, entrait dans une ville, Mithridate le
suivait, prenant de lui-même le second rang et faisant auprés
de-Marius le rôle de courtisan. Le général romain donnait
la liberté à quelques-unes de ces villes, en affranchissait
d'autres de tout impôt, en leur déclarant que c'était à Sertorius
qu'elles devaient ce bienfait. Ainsi, l'Asie, foulée par
les fermiers de la république, opprimée par l'avarice et
l'insolence des troupes qu'on y avait mises en garnison, se
sentit relever de nouveau sur les ailes de l'espérance, et désira
vivement le nouveau gouvernement dont on lui offrait la
perspective consolante.
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