| [22] Ἐδήλωσε δὲ καὶ Μέτελλος ἐκπεπληγμένος τὸν ἄνδρα καὶ μέγαν
 ἡγούμενος· ἐπεκήρυξε γάρ, εἴ τις αὐτὸν ἀνέλοι Ῥωμαῖος, ἑκατὸν ἀργυρίου
 τάλαντα δώσειν καὶ πλέθρα δισμύρια γῆς, εἰ δὲ φυγάς, κάθοδον εἰς Ῥώμην,
 ὡς ἀπογνώσει φανερᾶς ἀμύνης ὠνούμενος τὸν ἄνδρα διὰ προδοσίας.
 ἔτι δὲ νικήσας ποτὲ μάχῃ τὸν Σερτώριον οὕτως ἐπήρθη καὶ τὴν εὐτυχίαν
 ἠγάπησεν, ὥστ´ αὐτοκράτωρ ἀναγορευθῆναι, θυσίαις δ´ αὐτὸν αἱ πόλεις
 ἐπιφοιτῶντα καὶ βωμοῖς ἐδέχοντο. λέγεται δὲ καὶ στεφάνων ἀναδέσεις
 προσίεσθαι καὶ δείπνων σοβαρωτέρων ὑποδοχάς, ἐν οἷς ἐσθῆτα θριαμβικὴν
 ἔχων ἔπινε, καὶ Νῖκαι πεποιημέναι δι´ ὀργάνων ἐπιδρόμων χρύσεα τρόπαια
 καὶ στεφάνους διαφέρουσαι κατήγοντο, καὶ χοροὶ παίδων καὶ γυναικῶν
 ἐπινικίους ὕμνους ᾖδον εἰς αὐτόν. ἐφ´ οἷς εἰκότως ἦν καταγέλαστος, εἰ
 δραπέτην Σύλλα καὶ λείψανον τῆς Κάρβωνος φυγῆς ἀποκαλῶν τὸν Σερτώριον,
 οὕτω κεχαύνωται καὶ περιχαρὴς γέγονεν ὑποχωρήσαντος αὐτοῦ περιγενόμενος.
 Μεγαλοφροσύνης δὲ τοῦ Σερτωρίου πρῶτον μὲν τὸ τοὺς φεύγοντας ἀπὸ
 Ῥώμης βουλευτὰς καὶ παρ´ αὐτῷ διατρίβοντας σύγκλητον ἀναγορεῦσαι,
 ταμίας τε καὶ στρατηγοὺς ἐξ ἐκείνων ἀποδεικνύναι, καὶ πάντα τοῖς πατρίοις
 νόμοις τὰ τοιαῦτα κοσμεῖν· ἔπειτα τὸ χρώμενον ὅπλοις καὶ χρήμασι
 καὶ πόλεσι ταῖς Ἰβήρων μηδ´ ἄχρι λόγου τῆς ἄκρας ἐξουσίας ὑφίεσθαι
 πρὸς αὐτούς, Ῥωμαίους δὲ καθιστάναι στρατηγοὺς καὶ ἄρχοντας αὐτῶν,
 ὡς Ῥωμαίοις ἀνακτώμενον τὴν ἐλευθερίαν, οὐκ ἐκείνους αὔξοντα κατὰ
 Ῥωμαίων. καὶ γὰρ ἦν ἀνὴρ φιλόπατρις καὶ πολὺν ἔχων ἵμερον τοῦ κατελθεῖν·
 ἀλλὰ δυσπραγῶν μὲν ἠνδραγάθει, καὶ ταπεινὸν μὲν οὐδὲν ἔπραττε
 πρὸς τοὺς πολεμίους, ἐν δὲ ταῖς νίκαις διεπέμπετο πρὸς Μέτελλον καὶ πρὸς
 Πομπήϊον, ἕτοιμος ὢν τὰ ὅπλα καταθέσθαι καὶ βιοῦν ἰδιώτης καθόδου
 τυχών· μᾶλλον γὰρ ἐθέλειν ἀσημότατος ἐν Ῥώμῃ πολίτης ἢ φεύγων τὴν
 ἑαυτοῦ πάντων ὁμοῦ τῶν ἄλλων αὐτοκράτωρ ἀναγορεύεσθαι. λέγεται δ´
 οὐχ ἥκιστα τῆς πατρίδος ἐπιθυμεῖν διὰ τὴν μητέρα, τραφεὶς ὀρφανὸς ὑπ´
 αὐτῇ καὶ τὸ σύμπαν ἀνακείμενος ἐκείνῃ. καλούντων δὲ τῶν περὶ τὴν Ἰβηρίαν
 φίλων αὐτὸν ἐφ´ ἡγεμονίᾳ, πυθόμενος τὴν τελευτὴν τῆς μητρὸς ὀλίγον
 ἐδέησεν ὑπὸ λύπης προέσθαι τὸν βίον. ἑπτὰ γὰρ ἡμέρας οὔτε σύνθημα
 δοὺς οὔτ´ ὀφθείς τινι τῶν φίλων ἔκειτο, καὶ μόλις οἱ συστράτηγοι καὶ ἰσότιμοι
 τὴν σκηνὴν περιστάντες ἠνάγκασαν αὐτὸν προελθόντα τοῖς στρατιώταις
 ἐντυχεῖν καὶ τῶν πραγμάτων εὖ φερομένων ἀντιλαμβάνεσθαι. διὸ καὶ
 πολλοῖς ἔδοξεν ἥμερος ἀνὴρ φύσει γεγονὼς καὶ πρὸς ἡσυχίαν ἔχων ἐπιεικῶς,
 δι´ αἰτίας παρὰ γνώμην ταῖς στρατηγικαῖς ἀρχαῖς χρῆσθαι, καὶ μὴ
 τυγχάνων ἀδείας, ἀλλὰ συνελαυνόμενος ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν εἰς τὰ ὅπλα,
 φρουρὰν ἀναγκαίαν τοῦ σώματος περιβάλλεσθαι τὸν πόλεμον.
 | [22] Metellus lui-même montra son extrême crainte et la 
haute opinion qu'il avait de Sertorius; il fit publier à son de 
trompe qu'il donnerait cent talents d'argent et deux mille 
plèthres de terre au premier Romain qui le tuerait; et, si c'était 
un banni, il y ajoutait la promesse de son rappel. Acheter 
sa mort par une trahison, c'était déclarer qu'il n'espérait rien 
de la force : enfin, étant venu à bout de le vaincre dans un 
combat, il fut si enflé, si ravi de ce succès, qu'il prit le titre 
d'imperator, et que les villes par où il passait lui dressèrent 
des autels et lui offrirent des sacrifices. Il souffrit même, dit-on, 
qu'on lui mit des couronnes sur la tète, qu'on lui donnât 
des festins somptueux, où, pendant qu'il était à table, vêtu 
d'une robe triomphale, on faisait descendre du plancher, par 
le moyen de machines, des figures de la Victoire, qui portaient 
dans leurs mains des trophées d'or et des couronnes, 
où enfin des choeurs de jeunes garçons et de jeunes filles 
chantaient à sa louange des hymnes de triomphe : vanité 
ridicule, d'être ainsi enflé d'orgueil et ivre de joie pour avoir 
battu dans une retraite celui qu'il appelait le fugitif de Sylla, 
le reste de la défaite de Carbon. Quelle différence de cette 
conduite avec la magnanimité de Sertorius ! Il avait donné le 
nom de sénat aux sénateurs qui s'étaient réfugiés de Rome 
dans son camp ; il prenait parmi eux ses questeurs et ses lieutenants, 
et se conformait en tout aux lois et aux coutumes 
des Romains. Quoiqu'il fit la guerre avec les troupes et l'argent 
des villes d'Espagne, il ne céda jamais aux Espagnols, 
même de paroles, aucune part à l'autorité souveraine, et leur 
donna toujours des Romains pour gouverneurs et pour capitaines; 
il ne s'était proposé que de rendre la liberté aux Romains, 
et non d'accroître, au préjudice des Romains, la puissance des Espagnols.
Car il aimait tendrement sa patrie, et désirait vivement 
d'y retourner; mais ce désir ne l'empêchait pas de montrer 
dans ses malheurs le plus grand courage : jamais il ne 
fit la moindre bassesse auprès de ses ennemis : au contraire, 
dans ses victoires, il envoyait dire à Métellus et à Pompée 
qu'il était prêt à poser les armes pour aller vivre à Rome en 
simple particulier, si on lui permettait d'y retourner; qu'il 
préférait la vie la plus obscure dans sa patrie à l'empire du 
monde entier, qu'il faudrait acheter par l'exil. Ce grand 
amour de la patrie venait surtout, à ce qu'on assure, de sa 
tendresse extrême pour sa mère, qui l'avait élevé avec soin 
depuis qu'il était resté orphelin en bas âge, et à laquelle il 
était uniquement attaché. Appelé par les amis qu'il avait en 
Espagne pour en prendre le commandement, il y apprit la 
mort de sa mère, et il fut accablé d'une douleur si vive, qu'il 
voulut renoncer à la vie; il resta sept jours entiers couché à 
terre, sans donner le mot aux troupes, et sans voir ses amis. 
Ses officiers et ceux qui partageaient avec lui le commandement, 
ayant environné sa tente, ne purent le déterminer 
qu'avec peine à se montrer aux soldats, à leur parler, à se 
mettre à la tête des affaires, qui étaient dans le meilleur état : 
aussi le regardait-on assez généralement comme un esprit 
doux, ami du repos, que des motifs puissants avaient, contre 
son inclination, porté au commandement des armées, qui, ne 
pouvant vivre en sûreté dans son pays et poussé par ses ennemis 
à prendre les armes, n'avait cherché en faisant la guerre 
que sa sûreté personnelle.
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