[21] Ἐν δὲ τοῖς τῶν Σεγουντίνων πεδίοις εἰς τὰς ἐσχάτας ἀπορίας κατακεκλεικὼς
τοὺς πολεμίους, ἠναγκάσθη συμβαλεῖν αὐτοῖς καταβαίνουσιν
ἐφ´ ἁρπαγὴν καὶ σιτολογίαν. ἠγωνίσθη δὲ λαμπρῶς παρ´ ἀμφοτέρων, καὶ
Μέμμιος μὲν ὁ τῶν ὑπὸ Πομπηΐῳ στρατηγῶν ἡγεμονικώτατος ἐν τῷ
καρτερωτάτῳ τῆς μάχης ἔπεσεν, ἐκράτει δὲ Σερτώριος καὶ φόνῳ πολλῷ
τῶν ἔτι συνεστώτων ἐωθεῖτο πρὸς αὐτὸν τὸν Μέτελλον. ὁ δὲ παρ´ ἡλικίαν
ὑποστὰς καὶ περιφανῶς ἀγωνιζόμενος, παίεται δόρατι. τοῦτο τοὺς
μὲν ἰδόντας τῶν Ῥωμαίων, τοὺς δ´ ἀκούσαντας, αἰδὼς ἔσχεν ἐγκαταλιπεῖν
τὸν ἡγεμόνα, καὶ θυμὸς ἅμα πρὸς τοὺς πολεμίους παρέστη. προθέμενοι
δὲ τοὺς θυρεοὺς καὶ συνεξενεγκόντες εὐρώστως, ἐξωθοῦσι τοὺς Ἴβηρας·
καὶ γενομένης οὕτω παλιντρόπου τῆς νίκης, ὁ Σερτώριος ἐκείνοις τε φυγὰς
ἀδεεῖς μηχανώμενος, καὶ τεχνάζων ἑτέραν αὐτῷ δύναμιν συνελθεῖν ἐφ´
ἡσυχίας, εἰς πόλιν ὀρεινὴν καὶ καρτερὰν ἀναφυγὼν ἐφράγνυτο τὰ τείχη καὶ
τὰς πύλας ὠχυροῦτο, πάντα μᾶλλον ἢ πολιορκίαν ὑπομένειν διανοούμενος,
ἀλλ´ ἐξηπάτα τοὺς πολεμίους. ἐκείνῳ γὰρ προσκαθεζόμενοι καὶ τὸ χωρίον
οὐ χαλεπῶς λήψεσθαι προσδοκῶντες, τούς τε φεύγοντας τῶν βαρβάρων
προΐεντο, καὶ τῆς ἀθροιζομένης αὖθις τῷ Σερτωρίῳ δυνάμεως ἠμέλησαν.
ἠθροίζετο δὲ πέμψαντος ἡγεμόνας ἐπὶ τὰς πόλεις αὐτοῦ καὶ κελεύοντος,
ὅταν ἤδη πολλοὺς ἔχωσιν, ἄγγελον ἀποστεῖλαι πρὸς αὐτόν. ἐπεὶ δ´ ἀπέστειλαν,
σὺν οὐδενὶ πόνῳ διεκπαισάμενος τοὺς πολεμίους, συνέμειξε τοῖς ἑαυτοῦ,
καὶ πάλιν ἐπῄει πολὺς γεγονώς, καὶ περιέκοπτεν αὐτῶν τὴν μὲν ἀπὸ
τῆς γῆς εὐπορίαν ἐνέδραις καὶ κυκλώσεσι καὶ τῷ πανταχόσε φοιτᾶν ὀξὺς
ἐπιών, τὴν δ´ ἐκ θαλάττης λῃστρικοῖς σκάφεσι κατέχων τὴν παραλίαν,
ὥστ´ ἠναγκάσθησαν οἱ στρατηγοὶ διαλυθέντες, ὁ μὲν εἰς Γαλατίαν ἀπελθεῖν,
Πομπήϊος δὲ περὶ Βακκαίους διαχειμάσαι μοχθηρῶς ὑπ´ ἀχρηματίας,
γράφων πρὸς τὴν σύγκλητον ὡς ἀπάξοι τὸν στρατόν, εἰ μὴ πέμποιεν ἀργύριον
αὐτῷ· καταναλωκέναι γὰρ ἤδη τὰ αὑτοῦ, προπολεμῶν τῆς Ἰταλίας.
καὶ πολὺς ἦν {οὗτος} ἐν Ῥώμῃ λόγος, ὡς Πομπηΐου πρότερος εἰς Ἰταλίαν
ἀφίξοιτο Σερτώριος· εἰς τοσοῦτον τοὺς πρώτους καὶ δυνατωτάτους τῶν
τότε στρατηγῶν ἡ Σερτωρίου δεινότης κατέστησεν.
| [21] Pendant qu'il était sur les terres des Saguntins, il
fut forcé d'en venir aux mains avec les ennemis, qui, réduits
à la plus extrême disette, étaient sortis de leur camp pour
fourrager et ramasser des vivres. Les deux armées donnèrent
des preuves de la plus grande valeur; Memmius, le plus habile
des lieutenants de Pompée, fut tué au fort du combat.
Sertorius, pour qui la victoire paraissait déclarée, fit main
basse sur tous ceux qui lui résistaient encore, et poussa jusqu'à
Métellus, qui, en tenant ferme et combattant avec une
force au-dessus de son âge, fut blessé d'un coup de lance : les
Romains, qui furent témoins de sa blessure, et ceux qui l'apprirent,
honteux d'abandonner leur général, et enflammés
de colère, reviennent contre l'ennemi, couvrent Métellus de
leurs boucliers, l'arrachent de force aux Espagnols et les
obligent de reculer. Sertorius, qui voit la victoire lui échapper,
voulant assurer du moins la retraite des siens et se donner
le temps d'avoir de nouveaux renforts, se retire dans une
ville de la montagne très forte d'assiette, dont il fait aussitôt
réparer les murailles et fortifier les postes. Il ne pensait à
rien moins qu'à soutenir un siège; il ne voulait que tromper
les ennemis, qui, dans l'espoir de prendre facilement la
ville, vinrent en effet l'assiéger, et, laissant échapper les barbares,
ne songèrent pas à empêcher les renforts que Sertorius
faisait rassembler : il avait envoyé des officiers dans les villes
de son obéissance, avec ordre de le faire avertir dès qu'ils
auraient réuni un assez grand nombre de troupes. Lorsqu'il
en reçut l'avis, il passa sans peine au travers des ennemis, et
alla joindre ses nouvelles levées. Se voyant alors en force, il
revint sur ses pas, coupa les vivres aux ennemis du côté de
la terre, en leur dressant des embûches, en les enveloppant
et se portant lui-même partout avec une incroyable rapidité;
il arrêtait aussi leurs convois par mer, en croisant sur les
côtes avec quelques vaisseaux de pirates. Les généraux ennemis
furent donc obligés de se séparer; Métellus se retira dans
les Gaules, et Pompée prit ses quartiers d'hiver dans les pays
des Naccéens. Le défaut d'argent les lui rendait difficiles, et
il écrivit au sénat que, s'il n'en recevait bientôt, il serait
obligé de ramener son armée à Rome, le sacrifice qu'il avait
fait de sa fortune à la défense de l'Italie ne lui permettant
pas d'en faire de nouveaux. Déjà même le bruit courait dans
Rome que Sertorius serait en Italie avant Pompée; tant par son
habileté il avait mis dans le dernier embarras les premiers et
les plus puissants des généraux que les Romains eussent alors!
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