[17] Οὐδενὸς δ´ ἧττον αὐτοῦ τῶν πολεμικῶν ἔργων ἐθαυμάσθη τὸ περὶ
τοὺς λεγομένους Χαρακιτανούς. εἰσὶ δὲ δῆμος ὑπὲρ τὸν Ταγώνιον ποταμόν,
οὐκ ἄστεσιν οὐδὲ κώμαις ἐνοικοῦντες, ἀλλὰ λόφος ἐστὶν εὐμεγέθης
καὶ ὑψηλός, ἄντρα καὶ κοιλώματα πετρῶν βλέποντα πρὸς βορέαν περιέχων.
ἡ δ´ ὑποκειμένη πᾶσα χώρα πηλὸν ἀργιλώδη καὶ γῆν ὑπὸ χαυνότητος
εὔθρυπτον ἀναδίδωσιν, οὔτε τοὺς ἐπιβαίνοντας ἀνέχεσθαι καρτεράν, καὶ
μικρὸν ἁψαμένων ὥσπερ ἄσβεστον ἢ τέφραν ἐπὶ πολὺ διαχεομένην. τῶν
οὖν βαρβάρων, ὁσάκις φόβῳ πολέμου καταδύντες εἰς τὰ σπήλαια καὶ τὴν
λείαν εἴσω συναγαγόντες ἀτρεμοῖεν, ὄντων ἀλήπτων ὑπὸ βίας, τὸν δὲ
Σερτώριον τότε διακεκριμένον ἀπὸ τοῦ Μετέλλου καὶ καταστρατοπεδεύσαντα
παρὰ τὸν λόφον ὑπερφρονούντων ὡς κεκρατημένον, εἴθ´ ὑπ´
ὀργῆς ἐκεῖνος, εἴτε {τὸ} μὴ δοκεῖν φεύγειν βουλόμενος, ἅμ´ ἡμέρᾳ
προσελάσας κατεσκέπτετο τὸν τόπον. οὐδαμόθεν δὲ προσβολὴν ἔχοντος,
ἄλλως {δ´} ἀλύων καὶ κεναῖς χρώμενος ἀπειλαῖς, ὁρᾷ τῆς γῆς ἐκείνης
κονιορτὸν ἄνω πολὺν ὑπὸ πνεύματος ἐπ´ αὐτοὺς φερόμενον. τέτραπται
μὲν γὰρ ὡς ἔφην τὰ σπήλαια πρὸς βορέαν, ὁ δ´ ἀπὸ τῆς ἄρκτου ῥέων
ἄνεμος, ὃν Καικίαν ἔνιοι καλοῦσιν, ἐπέχει μάλιστα καὶ πλεῖστός ἐστι
τῶν ἐκεῖ πνευμάτων, ἐξ ὑγρῶν πεδίων καὶ νιφοβόλων συμφυσώμενος
ὀρῶν· τότε δὲ καὶ θέρους ἀκμάζοντος ἰσχύων καὶ τρεφόμενος τῇ τῶν
ὑπαρκτίων ἀνέσει πάγων, ἥδιστος ἐπέπνει καὶ κατεῖχεν αὐτούς τε καὶ
βοτὰ δι´ ἡμέρας ἀναψύχων. ταῦτα δὴ συλλογιζόμενος ὁ Σερτώριος καὶ
παρὰ τῶν ἐγχωρίων ἀκούων, ἐκέλευσε τοὺς στρατιώτας τῆς ἀραιᾶς καὶ
τεφρώδους γῆς ἐκείνης ἀποσπῶντας καὶ παραφέροντας καταντικρὺ τοῦ
λόφου θῖνα ποιεῖν, ἣν οἱ βάρβαροι χώματος ἐπ´ αὐτοὺς εἶναι κατασκευὴν
ὑπονοοῦντες ἐχλεύαζον. τότε μὲν οὖν ἐργασαμένους τοὺς στρατιώτας ἄχρι
νυκτὸς ἀπήγαγεν· ἅμα δ´ ἡμέρᾳ πρῶτον μὲν αὔρα μαλακὴ προαπέπνει,
διακινοῦσα τῆς συμπεφορημένης γῆς τὸ λειότατον, ὥσπερ ἄχνην σκιδνάμενον·
ἔπειτα σοβαροῦ τοῦ Καικίου πρὸς τὸν ἥλιον ἐκχεομένου καὶ τῶν
λόφων κονιωμένων, ἐπιστάντες οἱ στρατιῶται τόν τε χοῦν ἀνέτρεπον διὰ
βάθους καὶ τὸν πηλὸν ἔκοπτον, ἔνιοι δὲ καὶ τοὺς ἵππους ἄνω καὶ κάτω διεξήλασαν,
ἀνιστάντες τὸ χαύνωμα καὶ τῇ πνοῇ μετέωρον παραδιδόντες.
ἡ δ´ ὑπολαμβάνουσα πᾶν τὸ θρυπτόμενον καὶ κινούμενον ἄνω προσέβαλλε
τοῖς οἰκήμασι τῶν βαρβάρων, κατὰ θύρας δεχομένοις τὸν Καικίαν. οἱ δ´,
ἅτε δὴ τῶν σπηλαίων μίαν ἐκείνην ἀναπνοὴν ἐχόντων, ᾗ τὸ πνεῦμα προσέπιπτε,
ταχὺ μὲν ἀπεσκοτοῦντο τὰς ὄψεις, ταχὺ δ´ ἀνεπίμπλαντο πνιγώδους
ἄσθματος, τραχὺν ἀέρα καὶ πολλῇ κόνει συμπεφυρμένον ἕλκοντες. ὅθεν
ἡμέρας δύο μόλις ἀνασχόμενοι, τῇ τρίτῃ παρέδωκαν ἑαυτούς, οὐ τοσοῦτον
Σερτωρίῳ δυνάμεως ὅσον δόξης προσθέντες, ὡς τὰ δι´ ὅπλων ἀνάλωτα
σοφίᾳ κατεργασαμένῳ.
| [17] Mais aucun de ses exploits ne fut plus admiré que le
stratagème dont il usa contre les Characitaniens ; ce peuple,
qui habite au delà du Tage, ne demeure ni dans des villes ni
dans des bourgs; il fait son séjour sur un très grand coteau
fort élevé, rempli de cavernes et d'antres profonds, dont les
ouvertures sont tournées vers le nord. Toute la campagne que
ce coteau domine ne produit qu'une boue argileuse, qu'une
terre si légère et si friable, qu'on peut à peine s'y soutenir, et
que, pour peu qu'on y touche, elle se réduit en une poussière
très fine comme ferait la chaux ou la cendre. Quand la
crainte de quelque ennemi les oblige de se renfermer dans ces
cavernes avec le butin qu'ils ont fait, ils s'y tiennent tranquilles,
comme dans une retraite où ils ne craignent pas d'être
forcés. Sertorius, qui s'était éloigné de Metellus, campait au
pied de ce coteau; les barbares, s'imaginant qu'il avait été
battu, lui témoignèrent beaucoup de mépris : Sertorius, soit
par colère, soit pour montrer qu'il ne fuyait pas, monte le
lendemain à cheval dès le point du jour, et va reconnaître le
coteau; il n'y voit aucun accès, et va inutilement de côté et
d'autre, en faisant à ces barbares de vaines menaces. Tout à
coup il s'aperçoit que le vent fait élever de cette terre une
grande quantité de poussière, et la porte vers l'entrée du coteau,
qui, comme je l'ai déjà dit, est tournée du côté du
nord. Le vent qui souffle du pôle arctique, et qu'on nomme
Cécias, est celui qui règne le plus souvent dans ce pays; il
s'élève naturellement de ces plaines humides et des montagnes
voisines toujours couvertes de neige. On était alors en
plein été ; et ce vent, entretenu par la fonte des glaces du
nord, soufflant avec plus de force, procurait pendant le jour
une fraîcheur agréable, utile à ces barbares et à leurs troupeaux.
Sertorius, ayant réfléchi sur cette circonstance locale,
instruit d'ailleurs par les naturels du pays, ordonne à ses soldats
d'apporter de cette terre fine et cendreuse, et de la
mettre en monceaux devant l'entrée de ces cavernes. Les barbares,
qui crurent que c'était une levée qu'il faisait pour les
attaquer, s'en moquèrent. Sertorius, après que ses soldats
eurent ainsi travaillé jusqu'à la nuit, les fit rentrer dans le
camp. Au point du jour il souffla d'abord un vent doux, qui
commença par enlever les parties les plus fines de la terre
qu'ils avaient entassée et à la répandre dans l'air comme cette
paille légère qui s'élève d'une aire. Bientôt, le vent devenant
plus fort à mesure que le soleil montait, et le coteau étant
déjà couvert de poussière, les soldats de Sertorius se mirent
à remuer jusqu'au fond les tas qu'ils avaient faits, et à briser
les mottes de cette terre argileuse. Il y en eut même qui,
faisant passer et repasser leurs chevaux sur ces monceaux
de poussière, en élevaient une plus grande quantité, et la livraient
au vent, qui en portait les parties les plus déliées dans
les cavernes des barbares, ouvertes de ce côté; comme elles
n'avaient pas d'autres ouvertures que celles qui donnaient entrée
au vent, elles furent bientôt remplies de cette vapeur
étouffante qui s'y portait continuellement et qui les empêchait
de voir et de respirer. Ils eurent bien de la peine à supporter
ce tourment pendant deux jours; le troisième, ils se rendirent
à Sertorius, dont ils augmentèrent moins les forces que la réputation,
pour avoir fait par adresse ce que les armes n'auraient pu faire.
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