[13] Ἔτι δ´ αὐτὸς μὲν ἤδη πρεσβύτερος ἦν, καί τι καὶ πρὸς ἀνειμένην
ἤδη καὶ τρυφερὰν δίαιταν ἐκ πολλῶν ἀγώνων καὶ μεγάλων ἐνδεδωκώς,
τῷ δὲ Σερτωρίῳ συνειστήκει πνεύματος ἀκμαίου γέμοντι καὶ κατεσκευασμένον
ἔχοντι θαυμασίως τὸ σῶμα ῥώμῃ καὶ τάχει καὶ λιτότητι. μέθης
μὲν γὰρ οὐδὲ ῥᾳθυμῶν ἥπτετο, πόνους δὲ μεγάλους καὶ μακρὰς ὁδοιπορίας
καὶ συνεχεῖς ἀγρυπνίας ὀλίγοις εἴθιστο καὶ φαύλοις ἀρκούμενος σιτίοις
διαφέρειν· πλάνοις δὲ χρώμενος ἀεὶ καὶ κυνηγεσίοις ὁπότε σχολάζοι,
πάσης διεκδύσεως φεύγοντι καὶ διώκοντι κυκλώσεως ἀβάτων τε καὶ
βασίμων τόπων ἐμπειρίαν προσειλήφει. διὸ τῷ μὲν εἰργομένῳ μάχης ὅσα
νικώμενοι πάσχουσιν ἄνθρωποι βλάπτεσθαι συνέβαινεν, ὁ δὲ τῷ φεύγειν
εἶχε τὰ τῶν διωκόντων. καὶ γὰρ ὑδρείας ἀπέκοπτε, καὶ σιτολογίας εἶργε,
καὶ προϊόντι μὲν ἐκποδὼν ἦν, ἐκίνει δ´ ἱδρυνθέντα, πολιορκοῦντι δ´ ἄλλους
ἐπιφαινόμενος ἀντεπολιόρκει ταῖς τῶν ἀναγκαίων ἀπορίαις, ὥστε τοὺς
στρατιώτας ἀπαγορεύειν, καὶ τοῦ Σερτωρίου μονομαχῆσαι προκαλουμένου
τὸν Μέτελλον, βοᾶν καὶ κελεύειν μάχεσθαι στρατηγὸν στρατηγῷ καὶ
Ῥωμαίῳ Ῥωμαῖον, ἀναδυόμενον δὲ χλευάζειν. ὁ δὲ τούτων μὲν εὖ ποιῶν
κατεγέλα· στρατηγοῦ γὰρ ὡς ἔφη Θεόφραστος δεῖ θάνατον
ἀποθνῄσκειν τὸν στρατηγόν, οὐ πελταστοῦ τοῦ τυχόντος. ὁρῶν δὲ τοὺς
Λαγγοβρίγας οὐ μικρὰ τῷ Σερτωρίῳ συλλαμβανομένους, δίψῃ δ´ ὄντας
εὐαλώτους (ἓν γὰρ ἦν αὐτοῖς φρέαρ ἐν τῇ πόλει, τῶν δ´ ἐν τοῖς προαστίοις
καὶ παρὰ τὰ τείχη ναμάτων ὁ πολιορκῶν ἐπικρατεῖν ἔμελλεν), ἧκεν ἐπὶ τὴν
πόλιν ὡς ἡμέραις δυσὶ συναιρήσων τὴν πολιορκίαν ὕδατος οὐκ ὄντος· διὸ
καὶ πένθ´ ἡμερῶν ἐπιφέρεσθαι σιτία μόνον προείρητο τοῖς στρατιώταις.
ὁ Σερτώριος δ´ ὀξέως βοηθήσας, ἐκέλευσε δισχιλίους ἀσκοὺς ὕδατος ἐμπλῆσαι,
καθ´ ἕκαστον ἀσκὸν ἀργύριον συχνὸν τάξας, καὶ πολλῶν μὲν Ἰβήρων,
πολλῶν δὲ Μαυρουσίων ὑφισταμένων τὸ ἔργον, ἐπιλεξάμενος ἄνδρας
εὐρώστους ἅμα καὶ ποδώκεις ἔπεμψε διὰ τῆς ὀρεινῆς, κελεύσας, ὅταν
παραδῶσι τοὺς ἀσκοὺς τοῖς ἐν τῇ πόλει, τὸν ἄχρηστον ὑπεξαγαγεῖν
ὄχλον, ὅπως ἐξαρκῇ τοῖς ἀμυνομένοις τὸ ποτόν. ἐκπύστου δὲ τούτου γενομένου
πρὸς τὸν Μέτελλον, ἤχθετο μὲν ἤδη τὰ ἐπιτήδεια τῶν στρατιωτῶν
ὑπαναλωκότων, ἐξέπεμψε δ´ ἐπὶ σιτολογίαν Ἀκυῗνον ἑξακισχιλίων
ἡγούμενον. αἰσθόμενος δ´ ὁ Σερτώριος καὶ προλοχίσας τὴν ὁδόν, ἐπανερχομένῳ
τῷ Ἀκυΐνῳ τρισχιλίους ἄνδρας ἔκ τινος συσκίου χαράδρας
ἐπανίστησιν, αὐτὸς δὲ κατὰ στόμα προσβαλὼν τρέπεται, καὶ τοὺς μὲν
διαφθείρει, τοὺς δὲ λαμβάνει ζῶντας. Ἀκυῗνον δὲ μετὰ τῶν ὅπλων καὶ
τὸν ἵππον ἀποβεβληκότα δεξάμενος Μέτελλος αἰσχρῶς ἀπῄει, πολλὰ
χλευαζόμενος ὑπὸ τῶν Ἰβήρων.
| [13] D'ailleurs, Métellus était déjà vieux; et, fatigué de tous
les combats qu'il avait livrés, il s'était laissé aller à une vie
plus douce et plus molle; Sertorius au contraire, dans toute
la force et le feu de la jeunesse, avait le corps singulièrement
robuste, fait à l'agilité comme à la tempérance. Il ne s'était
jamais permis, même dans les temps de loisir, un usage immodéré
de vin, et avait pris de bonne heure l'habitude de
supporter les plus durs travaux, de faire de longues marches,
de passer plusieurs nuits sans dormir, de manger peu et de
se contenter de la nourriture la plus commune. Il employait
les jours de repos à la chasse, ou à des courses continuelles
dans la campagne ; et par là il avait acquis une telle connaissance
des lieux accessibles ou impraticables, que dans ses
fuites il se tirait toujours des plus mauvais pas, et qu'en
poursuivant l'ennemi il l'enfermait dans des endroits difficiles,
d'où il lui était impossible de sortir. Aussi Métellus,
réduit à l'impossibilité de combattre, souffrait-il tous les
inconvénients des vaincus, tandis que Sertorius, même en
fuyant, avait tous les avantages d'un vainqueur qui poursuit
des fuyards; il coupait l'eau à son ennemi, et l'empêchait de
faire des fourrages. Métellus se mettait-il en marche, Sertorius
l'arrêtait; était-il campé, il le harcelait tant, qu'il le forçait
de déloger. Avait-il mis le siège devant une ville, il y
arrivait aussitôt, et, en le tenant lui-même assiégé, il le réduisait
à la plus extrême disette. Enfin, les soldats romains, désespérés,
voulurent obliger Métellus d'accepter le défi d'un
combat singulier que lui avait fait Sertorius; ils disaient qu'il
devait combattre général contre général, Romain contre Romain.
Et comme Métellus s'y refusa, ils se permirent sur son
compte beaucoup de plaisanteries. Mais il s'en moqua, et il
eut raison; car un général, dit Théophraste, doit mourir en
capitaine, et non pas en soldat.
Métellus, voyant que les Langobrites, qui rendaient de
grands services à Sertorius, pouvaient être facilement pris
par la soif, parce qu'ils n'avaient qu'un puits dans la ville, et
que celui qui l'assiégerait serait maître des sources que les
habitants avaient dans les faubourgs et au pied des murailles,
résolut d'en faire le siége, persuadé que la disette d'eau la
lui livrerait en deux jours; il ne fit donc prendre à ses soldats
des vivres que pour cinq jours. Sertorius, se hâtant de les
secourir, fait remplir d'eau deux mille outres et promet pour
chaque outre une somme d'argent. Plusieurs de ses soldats,
tant Espagnols que Maurusiens, s'étant offerts pour
cette commission, il choisit les plus vigoureux et les plus
agiles, les envoie par la montagne, avec ordre, après avoir
livré les outres aux habitants, de faire sortir les bouches inutiles,
afin que l'eau pût suffire à ceux qui la défendaient. Métellus,
dont les soldats avaient déjà consommé leurs provisions,
fut vivement affecté du succès de ce stratagème, et
envoya un de ses officiers, nommé Aquinus, avec six mille
hommes, pour lui amener des vivres. Sertorius, en étant informé,
dresse une embuscade sur le chemin par où cet officier
devait passer; il cache dans un ravin profond et couvert
de bois trois mille hommes qui à son retour le chargent en
queue, tandis que Sertorius lui-même l'attaque de front, le
met en fuite, lui tue une grande partie de son détachement
et fait prisonniers la plupart des autres. Aquinus, après avoir
perdu ses armes et son cheval, se sauva dans le camp de
Métellus, qui, obligé de lever honteusement le siége, fut encore
bafoué par les Espagnols.
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