| [9] Ταρκύνιον δὲ τὴν ἐκ προδοσίας ἀπογνόντα τῆς
 ἀρχῆς ἀνάληψιν ἐδέξαντο Τυρρηνοὶ προθύμως, καὶ μεγάλῃ
 δυνάμει κατῆγον. ἀντεξῆγον δὲ τοὺς Ῥωμαίους οἱ
 ὕπατοι καὶ παρέταξαν ἐν χωρίοις ἱεροῖς, ὧν τὸ μὲν
 Ὁράτιον ἄλσος, τὸ δὲ Ναιούιον λειμῶνα προσαγορεύουσιν.
 ἀρχομένων δ´ αὐτῶν συνάγειν εἰς χεῖρας, Ἄρρων ὁ Ταρκυνίου
 παῖς καὶ Βροῦτος ὁ Ῥωμαίων ὕπατος, οὐ κατὰ
 τύχην ἀλλήλοις περιπεσόντες, ἀλλ´ ὑπ´ ἔχθους καὶ ὀργῆς,
 ὁ μὲν ὡς ἐπὶ τύραννον καὶ πολέμιον τῆς πατρίδος, ὁ δὲ
 τῆς φυγῆς ἀμυνόμενος, ὥρμησαν ὁμόσε τοῖς ἵπποις. θυμῷ
 δὲ μᾶλλον ἢ λογισμῷ προσμείξαντες, ἠφείδησαν αὑτῶν
 καὶ συναπέθανον ἀλλήλοις. οὕτω δὲ δεινοῦ γενομένου
 τοῦ προάγωνος, οὐκ ἔσχεν ὁ ἀγὼν τέλος ἐπιεικέστερον,
 ἀλλὰ καὶ δράσαντες ἴσα καὶ παθόντες οἱ στρατοὶ
 διεκρίθησαν ὑπὸ χειμῶνος. ἦν οὖν ἐν ἀπόροις ὁ Οὐαλέριος,
 οὐκ εἰδὼς τὸ τῆς μάχης πέρας, ἀλλὰ τοὺς στρατιώτας
 ὁρῶν τοῖς μὲν αὑτῶν νεκροῖς ἀθυμοῦντας, ἐπαιρομένους
 δὲ τοῖς τῶν πολεμίων· οὕτως ἄκριτος ἦν καὶ
 παράλληλος ὑπὸ πλήθους ὁ φόνος. οὐ μὴν ἀλλ´ ἑκατέροις
 ἐγγύθεν ὁρώμενα τὰ οἰκεῖα μᾶλλον ἐβεβαίου τὴν
 ἧτταν ἢ τὴν νίκην εἰκαζόμενα τὰ τῶν πολεμίων. ἐπελθούσης
 δὲ νυκτὸς οἵαν εἰκὸς οὕτω μεμαχημένοις, καὶ
 γενομένων ἐν ἡσυχίᾳ τῶν στρατοπέδων, λέγουσι σεισθῆναι
 τὸ ἄλσος, ἐκ δ´ αὐτοῦ φωνὴν ἐκπεσεῖν μεγάλην,
 φράζουσαν ὡς ἑνὶ πλείους ἐν τῇ μάχῃ τεθνήκασι Τυρρηνῶν
 ἢ Ῥωμαίων. ἦν δ´ ἄρα θεῖόν τι τὸ φθεγξάμενον
 εὐθὺς {τε} γὰρ ὑπ´ αὐτοῦ τοῖς μὲν ἀλαλάξαι παρέστη μέγα
 καὶ θαρσαλέον, οἱ δὲ Τυρρηνοὶ περίφοβοι γενόμενοι καὶ
 συνταραχθέντες ἐξέπεσον τοῦ στρατοπέδου, καὶ διεσπάρησαν
 οἱ πλεῖστοι. τοὺς δὲ καταλειφθέντας ὀλίγῳ πεντακισχιλίων
 ἐλάσσους ἐπελθόντες εἷλον οἱ Ῥωμαῖοι, καὶ
 τἆλλα διήρπασαν. οἱ δὲ νεκροὶ διαριθμηθέντες εὑρέθησαν
 τριακόσιοι μὲν ἐπὶ χιλίοις καὶ μυρίοις οἱ τῶν πολεμίων,
 οἱ δὲ Ῥωμαίων παρ´ ἕνα τοσοῦτοι. ταύτην τὴν
 μάχην λέγουσι γενέσθαι πρὸ μιᾶς καλανδῶν Μαρτίων.
 ἐθριάμβευσε δ´ ἀπ´ αὐτῆς Οὐαλέριος, εἰσελάσας τεθρίππῳ
 πρῶτος ὑπάτων, καὶ τὸ πρᾶγμα σεμνὴν καὶ μεγαλοπρεπῆ
 παρέσχεν ὄψιν, οὐκ ἐπίφθονον οὐδ´ ἀνιάσασαν.
 ὡς ἔνιοι λέγουσι, τοὺς ὁρῶντας· οὐ γὰρ ἂν ἔσχε ζῆλον
 τοσοῦτον οὐδὲ φιλοτιμίαν εἰς ἔτη πάμπολλα διαμένουσαν.
 ἀπεδέξαντο δὲ τοῦ Οὐαλερίου καὶ τὰς εἰς τὸν συνάρχοντα
 τιμάς, αἷς ἐκκομιζόμενον καὶ θαπτόμενον ἐκόσμησε,
 καὶ λόγον ἐπ´ αὐτῷ διεξῆλθεν ἐπιτάφιον, ὃς
 οὕτως ὑπὸ Ῥωμαίων ἠγαπήθη καὶ τοσαύτην ἔσχε χάριν,
 ὥστε πᾶσι τοῖς ἀγαθοῖς καὶ μεγάλοις ὑπάρχειν ἐξ ἐκείνου
 τελευτήσασιν ὑπὸ τῶν ἀρίστων ἐγκωμιάζεσθαι. λέγεται
 δὲ καὶ τῶν Ἑλληνικῶν ἐπιταφίων ἐκεῖνος γενέσθαι
 πρεσβύτερος, εἴγε μὴ καὶ τοῦτο Σόλωνός ἐστιν, ὡς Ἀναξιμένης
 ὁ ῥήτωρ  ἱστόρηκεν.
 | [9] IX. Tarquin, désespérant de reprendre le pouvoir 
au moyen de la trahison, fut accueilli par les Etrusques 
avec enthousiasme, et ils le ramenèrent devant Rome 
avec une armée nombreuse. Les consuls conduisirent 
contre eux les Romains, qu'ils rangèrent en bataille 
dans des lieux consacrés, le bois Arsius et le pré Ansuvius. 
Dès le début de la mêlée, Aruns, le fils de Tarquin, 
et Brutus, consul de Rome, se trouvèrent face à 
face. Ce n'était point le fait du hasard, mais de la haine 
et du ressentiment; l'un s'attaquait à un tyran et à un 
ennemi de la patrie; l'autre avait son exil à venger; 
ils lancèrent donc leurs chevaux l'un contre l'autre. Ils 
luttèrent avec plus de passion que de réflexion; et, 
comme aucun d'eux ne se ménageait, ils moururent 
ensemble. Après un prélude si terrible, le combat n'eut 
pas une fin plus calme; les deux armées se firent autant
de mal qu'elles en subirent et furent séparées par un 
orage. Valérius était dans l'anxiété. Ne connaissant 
pas l'issue de la lutte, il voyait ses soldats tour à tour 
découragés par le chiffre de leurs morts, et exaltés par 
celui des morts de l'ennemi : tant le carnage, en raison 
de son étendue, paraissait égal des deux côtés! Cependant 
chaque parti, voyant ses pertes de près, se confirmait 
plutôt dans l'idée d'une défaite que d'une victoire, car 
il ne pouvait faire que des conjectures sur les pertes de 
l'adversaire. La nuit survint, telle qu'elle devait être 
pour des hommes ainsi disposés, et les armées prirent 
du repos. Alors, dit-on, le bois sacré s'ébranla, et il en 
sortit une voix formidable. Elle indiquait que les 
Etrusques avaient un mort de plus que les Romains; 
et c'était, à coup sûr, un message divin. Aussitôt, à la 
suite de ce phénomène, les Romains poussèrent de grands 
cris d'enthousiasme et de joie; mais les Etrusques, 
épouvantés et bouleversés, s'enfuirent de leur camp et 
se dispersèrent pour la plupart; ceux qui restaient, 
un peu moins de cinq mille, furent pris par les Romains, 
qui pillèrent aussi le camp. En comptant les morts, 
on trouva qu'il y en avait onze mille trois cents du côté 
des ennemis, et un de moins chez les Romains. Le 
combat eut lieu, dit-on, la veille des calendes de mars. 
Valérius, à la suite de son succès, obtint le triomphe, et 
fut le premier des consuls à faire son entrée sur un char 
à quatre chevaux. C'était un spectacle majestueux et 
magnifique; il n'excita pas l'envie, comme quelques 
historiens le prétendent, ni le mécontentement, car 
Valérius, dans ce cas, n'aurait pas eu tant de popularité, 
ni soulevé un enthousiasme qui devait persister bien des 
années. Les Romains accueillirent aussi favorablement 
les honneurs rendus par Valérius à son collègue lors du 
convoi funèbre et de la sépulture de celui-ci. L'oraison 
funèbre qu'il lui consacra eut tant de succès et leur plut 
tellement que la coutume s'établit de faire prononcer 
l'éloge des hommes vertueux et grands après leur mort 
par les meilleurs citoyens. On dit même que, dans ce
genre de l'oraison funèbre, Valérius a devancé les Grecs; 
mais peut-être l'invention en remonte-t-elle, comme 
d'autres, à Solon;  du moins Anaximène le rhéteur 
l'affirme.
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