| [7] Ὡς δ´ οὖν ἀπῆλθεν ἐξ ἀγορᾶς τότε, πολὺν μὲν χρόνον
 ἔκπληξις εἶχε καὶ φρίκη καὶ σιωπὴ πάντας ἐπὶ τοῖς
 διαπεπραγμένοις· πρὸς δὲ τὴν τοῦ Κολλατίνου μαλακίαν
 καὶ μέλλησιν ἀνεθάρρησαν οἱ Ἀκυίλλιοι, καὶ χρόνον
 ἠξίουν λαβόντες ἀπολογήσασθαι, καὶ τὸν Οὐινδίκιον αὐτοῖς
 ἀποδοθῆναι δοῦλον ὄντα, καὶ μὴ παρὰ τοῖς κατηγόροις
 εἶναι. βουλομένου δὲ ταῦτα συγχωρεῖν καὶ διαλύοντος
 ἐπὶ τούτοις τὴν ἐκκλησίαν, ὁ Οὐαλέριος οὔτε τὸν
 ἄνθρωπον οἷός τ´ ἦν ἀφεῖναι τῷ περὶ αὐτὸν ὄχλῳ καταμεμειγμένον,
 οὔτε τὸν δῆμον εἴα προέμενον τοὺς προδότας
 ἀπελθεῖν. τέλος δὲ τοῖς σώμασιν ἐπιβαλὼν τὰς χεῖρας,
 ἐπεκαλεῖτο τὸν Βροῦτον, καὶ τὸν Κολλατῖνον ἐβόα
 δεινὰ ποιεῖν, εἰ τῷ συνάρχοντι παιδοφονίας ἀνάγκην
 προστριψάμενος, αὐτὸς οἴεται δεῖν καταχαρίζεσθαι ταῖς
 γυναιξὶ τοὺς προδότας καὶ πολεμίους τῆς πατρίδος. ἀγανακτοῦντος
 δὲ τοῦ ὑπάτου καὶ κελεύοντος ἀπάγεσθαι
 τὸν Οὐινδίκιον, οἱ μὲν ὑπηρέται διωσάμενοι τὸν ὄχλον
 ἥπτοντο τοῦ ἀνθρώπου καὶ τοὺς ἀφαιρουμένους ἔτυπτον,
 οἱ δὲ φίλοι τοῦ Οὐαλερίου προέστησαν ἀμυνόμενοι, καὶ
 ὁ δῆμος ἐβόα κελεύων παρεῖναι τὸν Βροῦτον. ἧκεν οὖν
 αὖθις ὑποστρέψας, καὶ γενομένης αὐτῷ σιωπῆς, εἶπεν
 ὅτι τοῖς μὲν υἱοῖς αὐτὸς ἀποχρῶν ἦν δικαστής, περὶ δὲ
 τῶν ἄλλων τοῖς πολίταις ἐλευθέροις οὖσι ψῆφον δίδωσι·
 λεγέτω δ´ ὁ βουλόμενος καὶ πειθέτω τὸν δῆμον. οὐκέτι
 μέντοι λόγων ἐδέησεν, ἀλλὰ τῆς ψήφου δοθείσης, πάσαις
 ἁλόντες ἐπελεκίσθησαν. ὁ δὲ Κολλατῖνος ἦν μὲν ὡς ἔοικεν
 ἐν ὑποψίᾳ τινὶ καὶ διὰ συγγένειαν τῶν βασιλέων,
 ἤχθοντο δ´ αὐτοῦ καὶ τῷ δευτέρῳ τῶν ὀνομάτων, ἀφοσιούμενοι
 τὸν Ταρκύνιον. ὡς δὲ καὶ ταῦτα συνέβη, παντάπασι
 προσκρούσας ἀφῆκε τὴν ἀρχὴν ἑκὼν καὶ τῆς πόλεως
 ὑπεξῆλθεν. οὕτω δὴ πάλιν ἀρχαιρεσιῶν γενομένων,
 ὕπατος ἀπεδείχθη λαμπρῶς ὁ Οὐαλέριος, ἀξίαν ἀπολαβὼν
 τῆς προθυμίας χάριν· ἧς οἰόμενός τι δεῖν ἀπολαῦσαι
 τὸν Οὐινδίκιον, ἐψηφίσατο πρῶτον ἀπελεύθερον ἐκεῖνον
 ἐν τῇ Ῥώμῃ γενέσθαι πολίτην καὶ φέρειν ψῆφον, ᾗ βούλοιτο
 φρατρίᾳ προσνεμηθέντα. τοῖς δ´ ἄλλοις ἀπελευθέροις
 ὀψὲ καὶ μετὰ πολὺν χρόνον ἐξουσίαν ψήφου δημαγωγῶν
 ἔδωκεν Ἄππιος. ἡ δὲ παντελὴς ἀπελευθέρωσις ἄχρι
 νῦν οὐινδίκτα λέγεται δι´ ἐκεῖνον ὥς φασι τὸν Οὐινδίκιον.
 | [7] VII. Donc, après son départ du Forum, un abattement 
universel régna d'abord et se prolongea quelque peu; 
on frissonnait et on se taisait. Mais, devant la faiblesse 
et les temporisations de Collatin, les Aquilins reprirent 
courage. Ils demandèrent du temps pour préparer leur 
défense, et la restitution de Vindicius, qui était leur 
esclave; ils exigeaient aussi qu'il ne figurât point parmi 
leurs accusateurs. Collatin était décidé à leur faire ces 
concessions, et, dans ce dessein, il allait lever la séance. 
Valérius, de son côté, ne pouvait faire échapper Vindicius, 
perdu dans la foule qui l'entourait, mais ne consentait 
pas à laisser le peuple partir en renonçant à punir 
les traîtres. A la fin, mettant la main sur l'épaule des 
Aquilius, il appelait Brutus en criant que la conduite de 
Collatin était révoltante; car ce personnage, après avoir 
mis un collègue dans la nécessité de tuer ses enfants, se 
croyait obligé lui-même d'accorder aux femmes la grâce 
des traîtres et des ennemis de la patrie. Comme Collatin 
furieux donnait l'ordre d'arrêter Vindicius, les licteurs, 
écartant la foule, tâchaient de saisir l'esclave et frappaient
ses défenseurs; mais Valérius et ses amis lui firent un 
rempart de leurs corps; et le peuple réclamait à grand 
cris la présence de Brutus. Il revint donc, et, ayant fait 
faire silence, il dit que, dans le cas de ses fils, lui-même 
était un juge assez qualifié, mais que, pour les autres 
coupables, il s'en rapportait au vote des citoyens libres : 
« Ainsi, conclut-il, celui qui le voudra peut parler et 
chercher à convaincre le peuple. » Il ne fut cependant 
pas besoin de discours; la question mise aux voix, les 
conspirateurs furent condamnés à l'unanimité et frappés 
de la hache. Quant à Collatin, il était déjà, semble-t-il, 
quelque peu suspect, à cause de sa parenté avec les Rois, 
et on lui en voulait de s'appeler Tarquin, bien qu'on effaçât 
ce nom sous le second {Collatin}. Mais, après ces événements, 
où il avait heurté tout à fait l'opinion, il abdiqua, 
de lui-même, sa magistrature, et quitta la ville. Il y 
eut donc de nouvelles élections; et Valérius remporta un 
éclatant succès, juste récompense de son zèle. Elu consul, 
il crut devoir faire profiter Vindicius de son élévation. Il 
fit donc décréter, faveur sans précédent, que cet affranchi 
serait citoyen romain et pourrait voter après s'être 
inscrit dans la curie qu'il voudrait. Les autres affranchis 
eurent le droit de suffrage bien tard, Appius le leur ayant 
accordé longtemps après, par démagogie. 
L'affranchissement complet s'appelle encore de nos jours 
"vindicta", à cause, dit-on, de ce Vindicius.
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